La sécheresse de 2019 a particulièrement affecté les agriculteurs en Centre-Val de Loire, qui doivent percevoir en avance une partie des aides de la PAC, à partir de ce mercredi 16 et jeudi 17 octobre. Une bonne nouvelle après un été cauchemardesque mais qui ne résout pas une crise plus profonde.
La sécheresse de cet été a laissé des traces. Des records de chaleur, des sols incultivables, des nappes phréatiques au plus bas, des manques de fourrage... Les trois mois estivaux ont été particulièrement difficiles pour les agriculteurs. Si bien que le gouvernement a décidé de verser un peu plus et un peu plus tôt les aides de la PAC (Politique Agricole Commune européenne, ndlr).
A partir de ce mercredi 16 octobre, 70 % des aides doivent être versées, au lieu des 50 % prévus. "Ce sont des avances qui nous permettent d'être un peu moins dans le rouge à la sortie de l'été", accorde Florent Leprêtre, président du syndicat agricole FNSEA Centre-Val de Loire, avant de nuancer : "Mais cela ne veut pas dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, la crise que traverse les agriculteurs est encore bien présente."
Au plus fort de l'été, les six départements de la région étaient en situation de "crise". Les niveaux de pluviométrie étaient au plus bas et connaissaient un niveau de déficit de 30 à 40 % par rapport à la normale... Une situation qui semble se répéter d'une année à l'autre, selon Florent Leprêtre :
Les cultures de printemps sont désastreuses. Depuis 2016, le manque de rentabilité se fait ressentir. On manque de marge de manœuvre. Les cultures d'hiver sont assez bonnes en volume. Mais elles ne parviennent pas à sauver les meubles à cause d'une mauvaise conjoncture des prix.
Les agriculteurs, premières victimes
Depuis hier et jusqu'à la fin décembre, les 17 000 exploitations de la région Centre-Val de Loire devraient percevoir près de 340 millions d'euros des aides de la PAC.La sécheresse de cet été a entraîné de nombreux surcoûts : "Les aides de la PAC aideront à payer les factures mais ce ne sera pas suffisant", indique le président de la FNSEA dans la région. Mais plus que cela : elle a également déréglé les cultures. Les cycles culturaux des fruits, des légumes et de la vigne ont été perturbés, ce qui affecte les rendements. Du côté des élevages, le cours du porc est au plus haut depuis trois ans.
Le Loir-et-Cher à la rescousse de ses agriculteurs
"Il y a du désespoir au sein de nos adhérents. Et les problèmes liés à la sécheresse viennent s'ajouter à un contexte difficile. On n'arrive plus à leur redonner des perspectives", s'attriste Florent Leprêtre. Même son de cloche pour le président du conseil départemental du Loir-et-Cher, Nicolas Perruchot : "Certaines exploitations sur notre territoire sont dans un état très grave."
Face à cette situation, le département du Loir-et-Cher a voté en faveur de la création d'un "fonds d'urgence sécheresse extraordinaire". L'enveloppe : 500 000 euros d'aides sociales à répartir en priorité aux exploitations dans un état critique : "Sur le département, 50 exploitations sont au bord de la crise. Mais près de 190 autres pourraient également prétendre à ces aides", informe Nicolas Perruchot. 2 370 exploitations subsistaient en Loir-et-Cher à la fin 2018. Elles ont baissé de 25 % en à peine une décennie.
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— Loir-et-Cher (@Departement41) 15 octobre 2019