Lundi 13 avril, Emmanuel Macron a annoncé l'interdiction des festivals à minima jusqu'à la mi-juillet. Cette décision sanitaire plonge les organisateurs de festivals de la région dans une situation économique complexe.
Printemps de Bourges, Avoine zone groove, Festival des Casseroles, American Tours, Terres du Son... Nombreux sont les festivals musicaux de la région qui vont devoir annuler leur édition 2020, suite aux annonces faites par Emmanuel Macron, lundi 13 avril.Une chose est certaine, pas de festivals avant la mi-juillet, au moins. Bien qu'elle ait été prévisible, la nouvelle est difficile à encaisser pour les organisateurs. Certains ont penché pour l'annulation ou le report de leur manifestation, alors les producteurs d'événements prévus pour la deuxième quinzaine de juillet et le mois d'août restent à ce jour dans l'incertitude.
Situation casse-tête
Depuis le début du confinement, les organisateurs des premiers festivals musicaux de l'été ne savaient plus sur quel pied danser. Devaient-ils annuler leur événement, tenter de trouver une date ultérieure, ou essayer de le maintenir malgré la crise sanitaire actuelle ?
Le problème était d'autant plus difficile à résoudre qu'en l'absence de prise de position du gouvernement, le milieu de la culture était dans le flou, en ce qui concerne le cadre législatif autour de l'organisation des événements des mois à venir.
Depuis le début du confinement, Christian Marteau, programmateur du Festival des Casseroles de Saint-Jean-de-Braye, s'interrogeait sur la possibilité de reporter son événement annuel. Après l'intervention d'Emmanuel Macron, il a décidé d'opter pour l'annulation de son édition : "nous avons tenté de trouver une date de report, mais les lieux mis à disposition par la mairie n'étaient pas disponibles avant 2021. Maintenant que l'annonce a été faite, nous sommes dans l'obligation d'annuler complètement cette édition."
Une décision douloureuse pour les bénévoles qui travaillent toute l'année sur l'organisation de ce festival musical, mais qui évite à Christian Marteau et son équipe de devoir monter le festival en vitesse après la levée du confinement, avec le risque de maintenir un événement déserté par un public effrayé par les rassemblements.
Annulation de 44ème édition du Printemps de Bourges Crédit Mutuel - informations remboursements ⤵️ pic.twitter.com/OSXtiVzEDW
— Le Printemps de Bourges Crédit Mutuel (@PrintempsDB) April 9, 2020
Une décision finalement prise pour un bon nombre de festivals musicaux de la région, mais qui reste difficile à accepter pour beaucoup d'organisateurs comme Marina Lagelle, directrice de la communication de Tours Evénements, qui travaillait depuis des mois sur l'American Tours Festival :
"On a essayé de croire à cet événement jusqu’au bout. C’est une déception immense pour tous les corps de métiers qui ont travaillé sur l’organisation de l’American Tours Festival."
Gouffre financier
La déception suite à ces annulations est immense, et le coût financier aussi. Les sociétés organisatrices vont déjà devoir rembourser toutes les entrées achetées par les festivaliers pour cette saison. Certains événements, comme le Printemps de Bourges, ont déjà informé les clients de la marche à suivre.
D'autres proposeront au public présent chaque année de réutiliser les billets de l'édition annulée la saison prochaine pour limiter le nombre de remboursements en 2020.
Les prestataires, saisonniers et intermittents prévus sur les événements devront, eux aussi, être indémnisés. Alors que les festivals prévus par d'importantes sociétés pourront même rembourser leurs exposants comme c'est le cas de l'American Tours Festival, d'autres organisateurs, plus confidentiels, peinent à trouver une solution pour rémunérer les missions annulées.
En plus de ses bénévoles, Christian Marteau, organisateur du Festival des Casseroles, avait prévu d'engager trois intermittents pour la durée de son festival. Il cherche désormais une solution auprès des organisations publiques pour honorer son engagement. Les interventions de ces intermittents ne faisaient pas l'objet de contrats écrits, mais plutôt d'engagements verbaux.
"Si Pôle Emploi ne peut pas les prendre en charge, nous les paierons quand même. Ces intervenants sont des amis, des partenaires depuis des années, nous ne les laisseront pas tomber."
Une trésorerie d'autant plus compliquée à gérer cette année que, comme de nombreux petits événements régionaux, le Festival des Casseroles ne permet pas toujours de faire du bénéfice. Impossible donc, de se reporter sur les comptes de l'année précédente pour remplir le trou dans la caisse causé par l'annulation et pour financer l'édition prochaine.
De son côté, la Région Centre-Val de Loire a déjà annoncé procéder au cas par cas pour aider les organisateurs à se remettre de l'annulation de leur festival, et a appelé l'Etat à se prononcer sur le sort des intermittents des spectacles concernés. Quoi qu'il en soit, les subventions régionales seront maintenues pour les sociétés souhaitant reporter leur événement.
Enfin fixés
Seule bonne nouvelle pour les organisateurs : dans l'obligation d'annuler, ils n'auront pas à payer pour les spectacles qui devaient avoir lieu.Beaucoup de producteurs d'événements étaient dans l'attente d'une annonce gouvernementale pour débloquer la situation. "Il fallait que nous attendions une interdiction officielle pour pouvoir annuler nos festivals. Ce cadre légal était nécessaire pour éviter de mettre la clé sous la porte", explique Christian Marteau.
Grâce à l'annonce du gouvernement, l'annulation des festivals est devenue une véritable obligation, et non plus un choix de la part des organisateurs, ce qui les obligeait jusqu'ici à rémunérer tous les artistes retenus. Une "clause de force majeure" qui permet aux associations et sociétés organisatrices de limiter la casse au niveau financier.
Une maigre consolation pour les équipes des festivals musicaux de la région, qui se consolent toutes en planchant, dès à présent, sur l'édition 2021.