Véritable icône pop, les maisons finlandaises Futuro sont très prisées des collectionneurs. Il n'en existe qu'une centaine dans le monde. Un collectionneur de Juranville a eu la chance d'en acquérir deux venues de Taïwan. Il vient de les réceptionner après un long périple.
Un ovni se pose dans le hangar de Julien Recours, collectionneur d'objets futuristes. Sa dernière trouvaille, deux maisons Futuro, des maisons mobiles inventées par l'architecte finlandais Matti Suuronen à la fin des années 60.
Une esthétique à la Star Trek et une architecture futuriste, c'est ce qui fait la particularité de ces micro-maisons (ou tiny houses) nordiques. Couleur jaune pop, design kitsch façon conquête de l'espace et matériaux à base de plastique de polyester et de fibre de verre, tous les ingrédients sont réunis pour que ces maisons Futuro s'inscrivent pleinement dans la culture de leur époque.
Une "maison-objet" bien identifiée
"Ce qui est passionnant dans ce mouvement architectural c'est l'utopie", se réjouit le collectionneur. "Une période de tous les possibles où les architectes ont eu carte blanche pour créer des habitants nomades, modulaires, plugables entre eux avec une liberté d'expression infinie au niveau des formes et des couleurs".
Des "maisons-objets" ou, comme aime à le dire Julien Recours, des sculptures habitables à mi-chemin entre l'art, le design et l'architecture. Les maisons taïwanaises acquises en avril dernier par Julien Recours ont été fabriquées dans les années 80.
"Il ne fallait pas se planter"
Faire venir ces deux maisons Futuro dans le Loiret fut une aventure en soi. Mesurant chacune trois mères de haut et huit mètres de diamètre, ces maisons à l'abandon dans un village de Taïwan ont dû être démontée pièce par pièce avant d'être chargée dans un conteneur sur mesure puis dans un cargo jusqu'en France.
"Il ne fallait pas se planter sur la logistique, le nombre de conteneurs nécessaires, etc." Chaque pièce a donc été mesurée puis modulée pour des calculs les plus précis possible. Un travail de longue haleine entamé en 2016. Mais ce convoi exceptionnel à failli ne jamais arriver en France.
Les maisons Futuro ont failli manquer de peu de finir au fond de l’océan lors du passage d’une tempête en juillet. Elles sont finalement arrivées intactes à la mi-août.
"Ça aurait dû prendre 57 jours, ça a finalement pris plus de trois mois", se souvien Julien Recours. "Dans la tempête, le bateau avait perdu 44 conteneurs en mer et 30 avaient été endommagés. Je ne savais pas si les miens en faisaient partie."
Quand j'ai su vendredi 16 août dernier que les conteneurs allaient bien, j'en ai eu des larmes de soulagement !
Julien Recours, collectionneur
Le Graal du collectionneur
Après des années d'attente, elles prennent enfin place dans les hangars de Julien aux côtés de ses autres modules futuristes. Car Julien Recours n'en est pas à son coup d'essai. Parmi les pièces maîtresses de sa collection, la bulle six coques de Jean-Benjamin Maneval.
"Quand on a une icône comme celle-là, il nous manque forcément une Futuro de Matti Suuronen", s'émerveille Julien devant sa dernière pépite, encore en kit, posée sur le sol de son hangar. S'il n'est pas sûr de l'authenticité des deux maisons acquises, notamment en raison de leur date de fabrication, l'important n'est pas là pour ce passionné.
C'est le Graal d'un chineur d'architecture comme moi. C'est tellement rare ! Après ça je ne sais pas ce que je vais pouvoir trouver, j'ai touché au but !
Julien Recours, collectionneur
Un rêve quasi inaccessible, tant les prix de ces maisons s'envolent. "Elles sont introuvables à des prix corrects, à des distances correctes, à des moyens de logistiques raisonnables… Il a fallu être déraisonnable pour obtenir ce genre de pièces", confie Julien Recours qui parle tant de sacrifices financiers que personnels.
Une fois remontée et nettoyée, l’une des structures sera exposée au mois d’octobre à Blois pour les Rendez-vous de l'Histoire puis aux côtés des autres œuvres d'art dans les hangars de Julien Recours, tandis que l'autre sera restaurée avant d'être revendue.
Article écrit avec Justine Le Pourhiet.