La Fédération CGT des services publics a déposé un préavis de grève allant du 1er au 30 avril dans les services publics. Le syndicat proteste contre des "mesures antisociales" prises dans le cadre de la loi d'urgence sanitaire. Explications des élus CGT services publics du Centre-Val-de-Loire.
" Il ne s'agit pas d'un préavis de grève au sens habituel. On ne va pas bloquer les services publics. On veut lancer une alerte et marquer les esprits. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités en protégeant les agents territoriaux, mais aussi l'ensemble des salariés."
Philippe Declerck est en charge de la coordination départementale des servies publics territoriaux à la CGT Territoriaux du Loir-et-Cher. "C'est un préavis de grève, donc les parties ont 5 jours pour négocier."
La principale préoccupation des élus de la Fédération CGT services publics est la protection des agents.
François Leray, élu CGT services publics en Indre-et-Loire, est très clair. "Il n'est plus question que les agents teritoriaux travaillent sans protection. Beaucoup n'ont ni masque, ni gants ni même de gel hydroalcoolique".
La plupart des représentants CGT services publics ont appris, en même temps que nous, l'existence de ce préavis de grève.
La Fédération CGT services publics est la fédération des agents territoriaux, mais aussi des assistantes maternelles et des pompes-funèbres
Sapeur-pompiers, éboueurs dits "ripeurs", fonctionnaires territoriaux, employés de l'eau, agents des transports publics, assistantes maternelles, employés des pompes-funèbres... Ce sont toutes ces professions qui sont concernées par le préavis de grève, déposé par la Fédération CGT des services publics, du 1er au 30 avril.
Des abus constatés dans les petites collectivités
Yann Bouguennec est le référent régional CGT Services publics. Il travaille à Orléans Métropole.
"Jusque-là, dès qu'un agent nous signalait une difficulté, on écrivait au maire en lui disant que s'il ne répondait pas, on en référerait au Préfet. Toutes les situations ont été réglées ainsi. "
A Orléans métropole, les agents sont plutôt bien protégés. Enfin, maintenant. "Jusqu'à lundi, les ripeurs (éboueurs) n'avaient toujours pas de masques de protection. C'est réglé. Mais c'était inadmissible".
C'est surtout dans les petites collectivités que Yann Bouguennec constate beaucoup d'abus. " Il y a beaucoup de communes qui profitent de la situation pour donner à des agents, des tâches qui ne relèvent pas de leur profession. Nous avons vu des ATSEM se voir demander de repeindre les murs d'une classe par exemple, faute d'enfants à garder. Un autre ATSEM a dû nettoyer la classe d'une enseignante qui présentait les symptômes du Covid-19".
La CGT services publics dénonce des "mesures antisociales" prises dans le cadre de la loi d'urgence sanitaire
Autre préoccupation de la Fédération CGT sevices publics : les ordonnances prévues par la loi d'urgence sanitaire. "Les cinq premières ordonnances courent jusqu'au 31 decembre 2020, alors que ce sont des assouplissements du code du travail qui ne devraient s'appliquer que le temps de la crise sanitaire. Il va falloir que ce gouvernement clarifie les choses. ", nous explique Philippe Declerck. "Le travail de nuit, les dimanches, les 60 heures hebdomadaires... le droit du travail connait un recul important, et ce préavis de grève est aussi là pour dire à tous les salariés d'être vigilants."
"J'ai peur qu'on soit mal compris et pourtant c'est pour protéger les agents et les salariés que ce préavis de grève est déposé. Pas pour bloquer tous les services,"conclut Yann Bouguennec de la CGT Services publics du Loiret.
La CGT craint que l'assouplissement du code du travail continue après la crise sanitaire
" Cette loi prévoit, entre autre, la création d’un état d’urgence sanitaire jusqu'au 31 décembre 2020, et des modifications du code du travail et du code de la sécurité sociale, renvoyées à des ordonnances," explique la CGT sur son site internet.
Et de poursuivre :
"Ainsi, le gouvernement a mis en place un certains nombre de mesures qui viennent casser les règles du droit du travail qui étaient déjà bien fragilisées :
- la durée quotidienne maximale de travail est portée à 12 heures, au lieu de 10 heures actuellement ; celle du travail de nuit à 12 heures, au lieu de 8 heures ;
- il décide de réduire le temps de repos entre 2 journées de travail à 9 heures, contre 11 heures minimum aujourd'hui ;
- il fixe la durée maximale de travail hebdomadaire à 60 heures, contre 48 heures jusqu'ici, et augmente également les durées de travail hebdomadaire dans le secteur agricole, ainsi que le travail de nuit ;
- il instaure l’extension du travail le dimanche, et prévoit la possibilité d’user de ces régressions jusqu'à décembre 2020."