Autisme et accessibilité : pourquoi Nadia Essayan est allée plus loin que "l'heure silencieuse" dans les grands magasins

Ce qui devait être une simple loi à article unique est devenu une vaste concertation pour mettre en place tout un dispositif pour faciliter la vie des personnes autistes ou atteintes de troubles neurodéveloppement. Aux commandes de cet ambitieux projet, la députée du Cher, Nadia Essayan.

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Elle n'est pas de ces élu.e.s qui tempêtent et intiment, et c'est peut-être ce qui a fait recette. En 2019, la députée MoDem du Cher Nadia Essayan dépose une proposition de loi à article unique, qui propose la création d'une "heure silencieuse" dans les grands magasins. "Les personnes qui souffrent de troubles autistiques ressentent la lumière et le son de façon plus intense que nous et cela peut causer une véritable souffrance et du coup, un empêchement à aller dans ces lieux" expliquait alors l'élue.

Un an plus tard, l'Assemblée Nationale a finalement adopté à l'unanimité le principe d'une vaste concertation de 18 mois incluant le gouvernement, les parlementaires, les associations dédiées au handicap, et les acteurs de la grande distribution. Le processus devrait aboutir à un ensemble de mesures allant dans le même sens que cette heure silencieuse, toujours inscrite à l'agenda.

Des solutions qui vont "profiter à tous"

En travaillant sur son projet d'origine, Nadia Essayan réalise qu'il ne règle qu'une infime partie des problèmes que toute une partie de la population rencontre à l'heure de faire ses courses. "Par exemple, les personnes qui ont des TSA (Troubles du Spectre de l'Autisme) n'ont pas l'accès prioritaire en caisse, de même pour les parkings. J'ai aussi rencontré la demande de handiroom, des locaux pour la toilette adaptés."

Et l'élu élargit au fur et à mesure son champ d'action. "Pour ceux qui sont malvoyants, ou qui ne savent pas lire, on peut penser à dessiner les produits, plutôt que de toujours passer par l'écrit. Les personnes qui ont des troubles du neurodéveloppement peuvent être complètement désorientées quand les rayons changent de place, et bien sûr on n'a pas de plan où se repérer. Ça vaut également pour les personnes âgées, d'ailleurs."

Jusqu'à aboutir, sur conseil de la ministre Sophie Cluzel, à cette démarche globale sur l'inclusivité. "On va chercher des solutions concrètes, pas forcément onéreuses et qui vont, finalement, profiter à toutes et tous."

"Je suis dans une volonté de dialogue, je ne prends personne de haut"

Pour asseoir à la table les acteurs de la grande distribution, considérés comme un puissant groupe d'influence, Nadia Essayan les a associés au processus le plus tôt possible. Elle les a ainsi rencontrés avant le passage en commission, et avant le passage à l'Assemblée Nationale.

"Je n'avais pas l'adhésion de tous, au début. Certains estimaient que ce n'était pas nécessaire de passer par la loi, qu'on pouvait diffuser des bonnes pratiques. Mais en réalité, un magasin pouvait être en train d'expérimenter l'heure silencieuse et un autre non, alors qu'ils étaient dans la même ville" relève la députée. Ce que j'ai entendu, c'est qu'il est nécessaire de reconnaître leurs efforts. Et en même temps, ils sont d'accord pour dire que certaines choses manquent."

La reconnaissance des troubles du neurodéveloppement en est à ses débuts. "Ce n'est pas dans la loi handicap de 2005, ce n'est pas dans les agenda d'accessibilité. Il y a des choses à améliorer et ils sont d'accord pour entrer dans cette concertation"

La personnalité et les méthodes de Nadia Essayan ont d'ailleurs été un argument de poids. "Ils sont d'accord aussi parce qu'ils ont travaillé avec moi pendant assez longtemps pour se rendre compte que je suis dans une volonté de dialogue, je ne prends personne de haut et j'essaie d'embarquer tout le monde. Ils l'ont souligné devant les ministères, que c'est une manière de travailler qui leur a plu" se réjouit la députée du Cher, désormais à la tête de cet ambitieux projet.

"Je suis très confiante, je pense que c'est un travail positif et en profondeur, mené avec tous les acteurs et de façon concrète. Au terme de ces 18 mois, j'espère un calendrier de réalisation inscrit dans la loi. Maintenant, je vais pouvoir me concentrer davantage sur le travail avec les associations."

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