Pour mieux vivre de leur métier, vendre à des prix rémunérateurs et trouver une meilleure reconnaissance de leur travail, des agriculteurs sont également devenus producteurs et ont ouvert des magasins ou des points de vente avec une recette simple : du champ à l’assiette.
Circuit court, traçabilité des produits, absence d’intermédiaires : pour les agriculteurs-producteurs, ce tryptique gagnant est un véritable sésame. L’aventure commence en 2018. 22 agriculteurs se regroupent et ouvrent un magasin de 400 mètres carrés dénommé "Le pré des fermes", à Fussy dans le Cher. On y trouve de la viande de bœuf, de porc, de poulet, d’agneau ou de veau mais aussi des pommes de terre, des noix et du fromage de chèvres. Parmi ces producteurs, les sœurs Gorin, Aurore et Delphine. Elles sont éleveuses, naisseuses, engraisseuses et transformatrices. Leur métier a évolué et elles ont su saisir le bon virage.
Les producteurs font leur livraison à tour de rôle et servent également les clients. C’est l’occasion de les sensibiliser à leur métier et de garder une proximité avec ceux-ci. Le succès est au rendez-vous comme le confie Aurore Gorin : "la crise sanitaire a changé la donne. On s'inscrit à une plate-forme en ligne appelée Locavor avec des points de livraison à Salvi, à Vierzon et à Saint-Florent-sur-Cher. Nous réalisons environ 450 paniers sur les trois points de vente. Et la charge de travail est importante. On était 5 jours par semaine au magasin au lieu d’un jour précédemment. C’est vrai, nous avons tous des journées à rallonge, des journées élastiques. Mais c’est aussi le prix à payer. De 7h du matin à 20h au magasin sans compter la vie de famille et l’exploitation." Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est sportif de concilier le travail d’agriculteur et celui de producteur. C’est chronophage.
Le "boom" des points de vente agriculteurs-producteurs
Covid ou pas covid, il faut bien se nourrir. Les points de vente des agriculteurs-producteurs ont connu durant le confinement un véritable engouement. "Notre chiffre du magasin a augmenté de 48%. C’était inattendu. C’était un truc de malade", enchaîne Aurore Gorin. "Moi, je suis hyper contente que les gens soient venus vers nous. Au final, c’est super bien. On a gagné une nouvelle clientèle. Elle est venue et elle est restée. C’est positif. On a fait des paniers. On a livré à l’autre bout de Bourges. On a apporté un service à la population. Désormais, ce sont les clients qui viennent vers nous. Ils viennent une fois par semaine et font de gros paniers. Un panier, c’est 48 euros. Notre clientèle s’est également beaucoup rajeunie.. "
La sortie de crise, tout le monde y pense. Va-t-on retrouver la vie d’avant ? Une question insondable. "J’espère que la sortie de crise c’est pour très bientôt. A Vierzon, au Centre de vaccination, ils ont des doses. Peu importe le vaccin, j’irais me faire vacciner. On avait un copain de 40 ans qui est décédé. Plus vite tout le monde sera vacciné et plus vite nous nous en sortirons….J’ai 47 ans. Je ne suis pas dans la catégorie des jeunes et pas dans celle des vieux. Si le fait d’être vacciné évite la forme grave de la maladie, il faut y passer. C’est une nécessité."
Aurore et Delphine Gorin, sont des battantes. Elles avaient 24 ans lorsqu'elles ont dû remplacer au pied levé leur père, éleveur de charolaises à Orçay dans le Loir-et-Cher. Les sœurs Gorin ont mangé de la vache enragée pour s’imposer dans un monde d’hommes, machiste qui regarde avec condescendance, ces deux novices. 20 ans après, elle ont gagné la reconnaissance et le respect de leurs pairs.