Aucun médecin titulaire ni intérimaire sénior n'a pu assurer la garde entre minuit et 8 heures du matin, dans la nuit du 7 au 8 octobre. Les urgences de l'hôpital de Bourges ne sont restées ouvertes que pour la "bobologie".
Dans la nuit du 7 au 8 octobre, pas de médecin sénior pour assurer la garde dans les couloirs des urgences de l'hôpital Jacques Coeur de Bourges. Faute de personnel, le service a cessé de fonctionner entre minuit et 8 heures du matin. Il n'a toutefois pas complètement fermé : deux internes étaient présents sur place pour accueillir les cas sans gravité.
Sur la plateforme de régulation commune du SAMU et des pompiers, les patients graves ont en revanche été redirigés : quatre personnes ont été transférées vers l'hôpital de Vierzon et trois autres vers celui de Saint-Amand-Montrond.
Pas de médecin sous la main
"C'est une situation un peu inédite pour nous", déplore Florent Verstavel, directeur adjoint du centre hospitalier de Bourges.Pour autant, elle ne lui paraît guère surprenante.
Désoeuvrée, la direction de l'hôpital a contacté l'Agence Régionale de Santé, qui a elle-même sollicité son réseau. Sans succès. L'hôpital Jacques Coeur s'est donc organisé avec les hôpitaux voisins, SOS Médecins et la médecine de ville pour limiter la casse.Nous l'avions anticipée. Dans nos plannings, nous savions que nous manquions de médecins séniors. Comme d'habitude, nous avons fait appel à de l'intérim médicale, à de la réserve sanitaire, à des médecins militaires, qui viennent aussi parfois nous aider. (...) Mais malgré les efforts déployés pour avoir deux praticiens, nous n'avons, pour la première fois, pas réussi à recruter.
L'hôpital de Bourges manque de bras
À Bourges, il existe aujourd'hui 25 postes d'urgentistes : or, deux tiers d'entre eux sont vacants, soit 17. "Sur la région Centre-Val-de-Loire, c'est 150 postes vacants", souligne le directeur adjoint de l'hôpital.Pour lui, une raison pourrait en partie expliquer ce problème de recrutement.Florent Verstavel a également conscience de la "démographie médicale défavorable" de Bourges et attend désormais une réaction rapide des autorités pour pallier le manque de moyens humains.Il y a deux ans, les pouvoirs publics ont souhaité plafonner la rémunération des médecins intérimaires, et notamment des urgentistes. Ce plafonnement fait que nous avons désormais plus de difficultés à recruter. Certains de ces médecins expriment d'ailleurs leur mécontentement par rapport à cette limitation, qui ne leur convient pas nécessairement. Désormais, ils réfléchissent à deux fois avant de se rendre dans un établissement qui respecte cette réglementation.
En 2018 déjà, le centre hospitalier de Bourges s'était trouvé en grande difficulté : face au manque de personnel et de lits disponibles, il avait été suggéré aux patients de ne se rendre aux urgences "qu'en cas d'absolue nécessité".