La région, avec trois autres, a investi auprès d'Alstom et de la SNCF pour la conversion de rames à moteur thermique en rames hybrides. Plus écologiques, ces TER rénovés pourraient rouler entre Bourges et Montluçon dès 2024.
C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, et dans les vieux trains que la SNCF expérimente l'avenir. La société ferroviaire a présenté ce mercredi 16 février, en conférence de presse, les résultats de son expérimentation d'un train hybride, une première en France.
Ou une quasi première, car des trains dits "bimodes" existent déjà depuis un certain nombre d'années, permettant de switcher entre traction électrique et traction diesel en fonction de la présence d'un caténaire au-dessus des voies. Cette fois-ci, la différence réside dans la batterie lithium-ion, utilisée notamment pour récupérer l'énergie de freinage du train. Résultat : "la consommation de carburant baisse de 20%" en moyenne, affirme Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs.
Alternative à l'électrification
Pour créer une rame expérimentale, soumise à de nombreux examens depuis 8 mois, Alstom a réutilisé une rame TER modèle Régiolis. Le constructeur a retiré plusieurs éléments du moteur, dont des réservoirs diesel, pour y glisser la batterie et le nouveau système. Conséquence de ce lifting : pas de baisse de performance, ni de capacité en voyageurs, pour une consommation moindre, soutient la SNCF.
Le but de la compagnie ferroviaire est ici de réduire les émissions de gaz à effet de serre de son matériel roulant, tout en maintenant une desserte sur toutes les lignes ouvertes. "Aucune région, aucune instance n'a la capacité financière de se lancer dans l'électrification de l'ensemble de ses lignes", assène Christophe Fanichet. Car dresser des caténaires sur un kilomètre revient, en moyenne, à un million d'euros selon la SNCF. La facture peut alors vite devenir salée pour une collectivité cherchant à électrifier ses petites lignes.
Bientôt dans votre gare
Ainsi, environ un quart du parc ferroviaire de la société fonctionne encore au diesel, sur des lignes sans caténaires. En Centre-Val de Loire, des TER diesel circulent sur les six lignes du partenariat État-région : Dourdan-Tours, Chartres-Courtalain, Tours-Loches, la ligne du Blanc-Argent, Tours-Chinon, ainsi que sur l'axe Bourges-Montluçon. C'est sur cette dernière que roulent les trois seuls Régiolis à moteur thermique de la région. Ces trois rames pourraient, dès 2024, devenir hybrides, explique auprès de France 3 le vice-président de la région chargé des Transports, Philippe Fournié.
Car le Centre-Val de Loire et trois autres régions -Nouvelle Aquitaine, Grand Est, Occitanie- ont investi aux côté de la SNCF et d'Alstom pour le développement de cette technologie. 16,8 millions d'euros en tout, avant la commande publique qui devrait arriver prochainement. Philippe Fournié espère que les rames arriveront sur Bourges-Montluçon "de façon concomitante à la régénération de la ligne", soit en 2024 et 2025.
En attendant l'hydrogène
Pour les autres lignes, le vice-président de la région augure que les rames "seront soit à l'hydrogène, soit à batterie, soit à bio carburants". Avec pour ambition que "dès 2030, il n'y ait plus de trains thermiques en région Centre-Val de Loire". La SNCF elle-même envisage la fin des trains thermiques en 2035, et promet d'atteindre un niveau de zéro émission de gaz à effet de serre en 2050. En attendant le développement de l'hydrogène notamment, les trains hybrides apparaissent comme une solution pour réduire un petit peu, à défaut de supprimer, les rejets de CO2 du ferroviaire.
Le tout en "verdissant" des rames déjà en circulation un peu partout en France, et donc en limitant les coûts et temps de production. En tout, 230 rames Régiolis de partout en France sont compatibles avec ce lifting à la sauce hybride, réalisée dans les ateliers d'Alstom à Reichshoffen en Alsace. La SNCF espère pouvoir obtenir la certification commerciale de ce nouveau modèle en 2022, pour entamer son exploitation sur les lignes en 2023.