En septembre 2021, une nouvelle formation va ouvrir au CFA de Bourges : un CAP Métiers du football. À l'origine du projet, le Bourges foot 18 qui s'occupera de la partie sportive. Mais l'idée est avant tout, par le biais du football, de motiver à obtenir un diplôme et continuer les études.
"Parfois, je parle avec des joueurs qui ont une trentaine d’années, je me rends compte qu’ils n’ont aucun diplôme et n’ont jamais rien fait d’autre de leur vie", s’attriste le co-président du Bourges Foot 18 (Nationale 2), Cheikh Sylla. C’est en faisant ce constat qu’il a eu l’idée de lancer, en partenariat avec le Centre de Formation d’Apprentis (CFA) de Bourges, une première formation sur les métiers du football en CAP. Inédit dans la région Centre-Val de Loire, le cursus fera sa première rentrée en septembre avec, tout au long de l’année : six heures de cours par semaine, quatre heures de football et le reste du temps en entreprise.
"Il y a d'autres métiers que joueurs professionnel dans le football"
Si le recrutement débute après la classe de troisième, il concerne également les adultes jusqu’à l’âge de 30 ans. "La formation est ouverte aux filles, c’est très important de le dire", insiste Cheikh Sylla. Seul un niveau suffisant de connaissance du football est requis, car la formation est validée par la Fédération Française de Football et des tests seront réalisés en fin de cursus au Centre national du football de Clairefontaine. Mais l’essentiel est ailleurs. "Ce que nous voulons avant tout, c’est de motiver à obtenir un diplôme grâce au football", précise le co-président du club de Bourges.
Au contact des jeunes via le football, Cheikh Sylla observe que c’est entre 14 et 18 ans que beaucoup lâchent le système scolaire et la perspective de faire des études. "Nous voulons justement leur dire qu’il ne faut pas tout miser sur leur rêve de devenir footballeur professionnel, des Kylian Mbappé, il n’y en n’a pas tous les jours", continue-t-il. Au CFA de Bourges, Hermann Cazenave va dans le même sens : "Le but est justement de montrer que, même dans le monde du football, il y a d’autres métiers qui sont peut-être plus réalisables et peuvent assurer un avenir."
Un projet social
Cet avenir, les jeunes rêvant de fouler les plus grandes pelouses du monde oublient parfois de le construire. C’est aussi pour cela que le Bourges Foot 18 s’investit dans l’accompagnement de ses jeunes, sur et en dehors des terrains. Une aide aux devoirs est par exemple mise en place au long de l’année scolaire par le club. "Nous sommes implantés dans les quartiers prioritaires et nous sommes une association qui reçoit de l’aide publique de l’État, rappelle Cheikh Sylla. Nous nous devons aussi de jouer ce rôle social grâce au volet sportif."
Préparer l’avenir dans cette dimension sociale, c’est aussi ce qui a séduit le CFA de Bourges mais également la ville. Son maire, Yann Galut, a donné son soutien au projet et promet "d’accueillir au sein de la collectivité des apprentis de la formation". Le réseau d’entreprises partenaires du Bourges Foot 18, jouera également son rôle.
Car les apprentis de la formation n’iront pas uniquement dans des entreprises liées au football, comme le précise Cheikh Sylla. Leurs cours permettront aux apprentis d’acquérir des compétences en comptabilité, administration et en commerce. De telles sortes à pouvoir, par la suite, poursuivre vers un Bac Pro commerce et vente, puis un BTS, etc. "On part du CAP, mais d’ici quelques années, nous espérons que cela mènera à la création d’un Bac Professionnel, d’un BTS et même d’une licence dans ce domaine", ambitionne le maire de Bourges, Yann Galut qui voit par le sport et la culture, une manière de rendre Bourges attractive. À l’avenir, Cheikh Sylla souhaite également ouvrir la formation aux autres sports et ne pas se cantonner uniquement au football.
Déjà de nombreuses demandes pour intégrer le CAP
En attendant, la formation devrait ouvrir en septembre, en restant focalisée sur le football. Preuve que le besoin était réel : depuis quelques jours, et l’annonce de la création du CAP Métiers du football, le CFA de Bourges comme le Bourges foot 18 sont abondés d’appels pour obtenir des renseignements sur la formation et ses critères de sélection. "C’est une fierté de recevoir des appels de parents pour nous féliciter de l’initiative", se réjouit Cheikh Sylla.
Une problématique s’ouvre cependant car la formation ne dispose - pour le moment - que de 12 places. Porté par le succès du projet, Cheikh Sylla espère en ouvrir d’autres. "Nous allons discuter avec le CFA et si nous avons des possibilités, nous le ferons", assure le co-président du Bourges foot 18. Du côté du CFA de Bourges, on est plus prudent : "Il faut voir si on en a les moyens, c’est préférable d’avoir peu d’élèves que l’on peut bien accompagner plutôt que beaucoup que l’on ne pourra pas bien aider." Si quelques détails restent à régler, le projet pourrait motiver plus d’une jeune footballeuse ou jeune footballeur à établir un projet d’avenir.