"Une grave négligence médicale" : la famille d'Israël, l'adolescent décédé malgré deux appels au Samu, exprime sa douleur sur les réseaux sociaux

Le 28 octobre dernier, un adolescent de 13 ans décède à son domicile alors que ses parents ont contacté le Samu à deux reprises. A l'arrivée des secours, Israël Tambu est en arrêt cardio-respiratoire. L'autopsie devait lever le voile sur les circonstances du décès, mais à ce jour, la famille n'a toujours pas reçu les résultats officiels. La sœur d'Israël Tambu a publié un post sur les réseaux sociaux, dénonçant une négligence médicale.

"Papa, je ne me sens pas bien. Je sens des brûlures dans mon corps”. Cette phrase terrible, Israël la prononce quelques heures avant son décès, le 28 octobre dernier.

Le père et la sœur d'Israël tentent ce soir-là de joindre le Samu à deux reprises comme nous vous le racontions dans cet article, quelques jours après le décès du jeune adolescent. Ils sont une première fois redirigés vers SOS Médecin avant que le Samu ne se déplace.

"Les tentatives de réanimation ont échoué. Mon petit frère, plein de vie et d’avenir, venait de nous quitter", relate la sœur d'Israël sur son profil X. Une enquête est alors ouverte et une autopsie a été demandée par la Procureure de Bourges, Céline Visiedo.

La presse informée avant la famille

"Quelques jours plus tard, nous avons appris par un article du Berry Républicain qu’une autopsie avait été réalisée le 5 novembre. Pourtant, aucune information ne nous avait été communiquée par les enquêteurs. Nous avons été laissés dans le flou total, ce qui a ajouté à notre douleur et à notre sentiment d’abandon", poursuit Christia.

Le 9 novembre dernier, soit deux jours après la publication de l'article du Berry Républicain, la famille reçoit un appel de la police de Bourges. "Ils nous ont dit que l'autopsie a eu lieu et que nous pouvions récupérer le corps. Ils nous ont donné les premiers résultats avec des nuances", se souvient Apollinaire Tambu, le père d'Israël. 

La police parle alors au téléphone d'une piste d'infection pulmonaire. "J'ai tout de suite demandé si on pouvait faire une contre-expertise, mais ils me disaient que ce n'était sûr que ce soit possible".

Sur le réseau social X, la sœur d'Israël Tambu, explique : "ce diagnostic est incompréhensible. Israël ne présentait aucun symptôme associé à une infection pulmonaire, comme de la toux, de la fièvre ou des difficultés respiratoires. De plus, une infection de ce type aurait dû être visible lors des examens réalisés à l’hôpital Jacques Cœur. Même si Israël avait effectivement souffert d’une infection pulmonaire, celle-ci aurait forcément présenté des signes cliniques détectables. Une radiographie aurait également révélé l’infection".

Le fait qu’aucun symptôme n’ait été signalé ni détecté par les médecins renforce notre conviction qu’une grave négligence médicale a eu lieu

Christia, sœur d'Israël

Aucun résultat officiel de l'enquête

Après les funérailles d'Israël qui ont eu lieu le 16 novembre, la famille attend toujours des réponses. "Nous avons préféré les entendre de vive voix, nous sommes donc rendus le lundi 18 novembre au commissariat". Face à eux, les policiers sont beaucoup plus affirmatifs alors même que les résultats ne sont toujours pas officiellement communiqués. "Ils nous ont redit que c'est une infection pulmonaire. Mais nous n'y croyons pas. J'ai révoqué la piste des antidouleurs qu'il a pris par exemple, mais j'ai senti qu'ils avaient déjà leur idée fixe sur la question, alors même qu'à ce stade ils sont encore censés collecter les données".

Les parents d'Israël ont aussi tenté d'entrer en contact avec la Procureur de Bourges, Céline Visiedo par téléphone ou en se présentant au tribunal, sans succès.

On n'a toujours pas de document officiel attesté par le médecin légiste à ce stade

Apollinaire Tambu, père d'Israël

Une chute en stage de foot à Châteauroux ?

Six jours avant son décès, Israël, jeune espoir du Bourges Foot Club fait un stage au Centre Régional Technique de Châteauroux. "Mon petit frère, Israël Tambu Kipepe, âgé de 13 ans, a participé à un stage de détection à Châteauroux les 21 et 22 octobre 2024.

Pendant ce stage, il a reçu un choc à l’épaule, affirme Christia, la sœur d'Israël, sur le réseau social X. À son retour, il s’est plaint de douleurs, ce qui a poussé mon père à l’emmener à l’hôpital Jacques Cœur de Bourges. Une radiographie a été réalisée, et le médecin lui a prescrit des médicaments ainsi qu’une attelle. Pourtant, le rapport médical ne mentionnait pas la douleur à l’épaule, un élément pourtant central de sa plainte".

Pourtant, le Président de la ligue de football l'assure, lors de ce stage, Israël n'a pas chuté. "Tous les films des matchs ont été transmis aux enquêteurs. Nous les avons également visionnés plusieurs fois. À aucun moment on ne détecte une chute", confirme Antonio Teixiera, Président de la Ligue de Football Centre-Val de Loire. "Israël n'a pas non plus déclaré pendant le stage qu'il ne se sentait pas bien. Il a fait deux matchs normaux. Il a été ramené par un éducateur de la ligue qui a été entendu par le commissaire en charge de l'enquête. Lui non plus n'a rien détecté d'anormal, Israël ne s'est pas plaint".

La famille explique de son côté ne pas connaître l'identité de la personne qui a ramené Israël. "On pensait que c'était son entraîneur qui l'avait ramené, mais ce n'est pas lui. Les enquêteurs nous ont dit savoir qui c'était, mais on ne veut pas nous le dire". La famille aimerait pourtant parler avec cette personne pour comprendre dans quel état se trouvait alors Israël et ce qu'il a pu décrire.

Pour le père d'Israël, les responsabilités sont en tout cas partagées entre le corps médical et la ligue de football centre. Antonio Teixiera attend, comme la famille, les résultats de l'enquête et déplore la mise en cause de la ligue sur les réseaux sociaux. "C'est la première fois que je suis contacté par la presse à ce sujet, déplore le Président de la ligue. Nous avons voulu rendre service en ramenant Israël qui n'a pas été récupéré par ses parents et nous sommes mis en cause. Il ajoute : ça aurait pu être mon petit-fils. On déplore le décès d'Israël. L'éducateur aussi est très affecté, très mal dans sa peau".

"Le résultat d’une série de négligences médicales et institutionnelles"

La famille a aujourd'hui un véritable sentiment d'abandon. "J'avais confiance, je croyais en la justice, je laissais l'enquête suivre son cours et je ne voulais accuser personne. Mais aujourd'hui on est vraiment déçus, vraiment en colère", confie Apollinaire Tambu. Un sentiment également exprimé par la sœur d'Israël sur les réseaux sociaux. "Israël était un garçon joyeux, ambitieux et plein de vie. Son décès, évitable, est le résultat d’une série de négligences médicales et institutionnelles. Nous sommes anéantis par cette tragédie, mais nous refusons de laisser cette injustice impunie. La mémoire d’Israël mérite vérité et justice".

Les parents d'Israël ont déjà pris contact avec un avocat et doivent avoir un rendez-vous en cette fin de semaine. "Je ne lâcherai pas jusqu'à ma mort, ce sera pour moi la dernière sanction. Mais aussi longtemps que je serai vivant, je ne supporterai pas cette douleur, sinon je serai lâche".

Malgré nos multiples relances, le parquet de Bourges n'a pas répondu à nos sollicitations.