Ce 8 novembre, 11 détenus de la prison de Fleury-Mérogis se sont rendus à l'observatoire de Nançay, dans le Cher, pour le lancement d'une sonde destinée à s'envoler vers la stratosphère. Un projet à la fois scientifique et artistique pour redonner un peu d'humanité à la plus grande prison d'Europe.
Ils ont quitté leurs cellules de Fleury-Mérogis pour s'évader quelques heures au cœur de la Sologne, à la station de radioastronomie de Nançay. Onze détenus ont lancé ce 8 novembre une sonde porté par ballon vers la stratosphère, avec à son bord divers messages adressés à d'éventuels extraterrestres.
Un défi au silence des espaces infinis
Car cette capsule emporte plusieurs objets, fruits d'une réflexion sur la meilleure manière de présenter l'humanité et son berceau : une dent, une noix, un peu de terre... un condensé de ce que peut représenter la vie sur Terre, et sa fragilité.
Pendant deux mois, accompagnés par des anthropologues et des chercheurs, les détenus ont conçu et réalisé cette sonde pesant 1,6hk, qui a emporté leurs message dans la stratosphère, entre 12 et 50 kilomètres d'altitude.
Pas nés sous la même étoile
Dans un message écrit, que l'un d'entre eux lit à haute voix, les détenus se décrivent comme "onze gros bras qui lancent un message assez doux" au silence des espaces infinis. "C'est vrai que ça fait un peu bizarre de parler de l'espace, et de toutes ces choses-là, alors qu'on a beaucoup de problèmes sur Terre", confie l'un d'entre eux. "Mais en attendant on a quand même réussi à s'entendre entre nous et à faire un petit projet sympathique, qui est bien."
Car au-delà de la prouesse technique, l'enjeu est aussi artistique et humain, comme l'explique la metteuse en scène Elsa Mingot. "L'idée c'était de se dire 'Comment représenter l'humanité ?'", résume-t-elle, "et plutôt que de donner ce pouvoir-là aux gouvernements ou à une instance x ou y, de donner cette question à des personnes incarcérées".
Le lancement du ballon à Nançay, "vient concrétiser notre boulot, c'est un rêve avec beaucoup d'espoir", témoigne un autre détenu sur le site de Nançay. Vue de là-haut, la plus grande prison d'Europe semble bien petite.