L’Agence régionale de santé (ARS) a envoyé un courrier mercredi aux parents dont les enfants étaient tombés malade dans une école de Mehun-sur-Yèvre. Il s’agirait d’un « épisode collectif » sans cause environnementale, infectieuse ou alimentaire. Certains parents demandent davantage de réponses.
Lundi 2 décembre à l’école Marcel Pagnol de Mehun-sur-Yèvre, plusieurs enfants présentent des démangeaisons, des plaques rouges et des maux de tête. L’école est délocalisée une semaine durant et rouverte le 9 décembre.
Un médecin et un épistémiologiste mandatés par l'Agence régionale de santé (ARS) ont mené des investigations sur l’eau, l’air et le chauffage. Le 18 décembre, l'Agence a adressé un courrier aux parents écartant « toute cause environnementale, infectieuse ou alimentaire ».
"Un épisode collectif"
L’Agence évoque « l’hypothèse d’un épisode collectif avec une forte composante émotionnelle » en avançant les conclusions suivantes :-« L’apparition de plaques rouges avec démangeaisons chez un élève est susceptible d’inquiéter ses camarades ; le phénomène a alors tendance à se propager rapidement par mimétisme et par les réactions suscitées par l’épisode
-les filles sont davantage touchées que les garçons
-L’intervention des secours peut aggraver l’anxiété chez les élèves et les adultes et faciliter la propagation des symptômes
-l’absence de diagnostic médical précis lors de l’examen par un médecin et l’incertitude sur la cause peuvent majorer le sentiment d’insécurité, également amplifié par l’impact médiatique »
« Je suis un petit peu abasourdie par ce courrier », a réagi la mère de l’un des élèves jointe par téléphone.
« On culpabilise les parents voire la directrice qui a appelé les secours », estime un autre. « Si ça se reproduit, on peut se demander qui va se passer. Si on va hésiter à contacter les secours. » Ce père insiste sur « la rupture de confiance vis-à-vis de l’institution » qui pour lui, a suivi l’épisode. « Nos enfants sont peut-être exposés à quelque chose et personne ne sait ce que c’est ».
"On m’a indiqué que mon fils faisait un symptôme post-traumatique et que je devais lui faire consulter un psychologue rapidement pour éviter qu’il ne souffre de phobie scolaire", relate la mère d’un élève. « Je peux entendre qu’il y ait de la somatisation. Mais sur l’élément déclencheur, j’estime qu’il n’y a aucune réponse. »
Un phénomène psychologique
Cette maman juge « sexiste » et « faux » l’argument concernant les filles qui seraient davantage touchées que les garçons. Elle ne comprend pas non plus pourquoi, s’il y a eu un phénomène de propagation psychologique, les symptômes se sont présentés dans les différentes classes.Avec d’autres parents d’élèves, elle avait demandé à ce que « ne soit pas négligée la prise en charge psychologique » car le phénomène a suscité beaucoup d’inquiétude, chez les parents, les enseignants et bien sûr chez les enfants qui ont vu arriver dans leur établissements pompiers, gendarmes et médecins. Une psychologue scolaire est venue le 9 décembre au matin, au moment de la réouverture de l’établissement, mais pas après.
Les parents d’élèves de l’école sont divisés concernant les suites à donner à cette affaire. Certains préfèreraient passer à autre chose.
Des parents d'élève demandent plus de réponses
D’autres ont écrit au directeur de l’académie, au maire de Mehun-sur-Yèvre et à la préfète du Cher, estimant avoir besoin de davantage d’éléments pour comprendre. Dans la réponse donnée par l’ARS ils jugent qu’ « on ne sait pas quelles pistes ont été écartées » ni quels ont été les résultats des analyses effectuées.« On demande à ce que nos enfants soient accueillis ailleurs en attendant des réponses » explique une mère d’élève.
« Je peux entendre que les investigations n’aient rien donné mais qu’on me culpabilise et qu’on abandonne le principe de précaution aussi rapidement, j’ai un peu du mal », conclut-elle.