L'entreprise, qui a "marqué le collectif du village", capitule face à une activité déficitaire.
"C’est un moment difficile, Rehau fait partie du patrimoine industriel du village". Yvon Beuchon, maire de La-Chapelle-Saint-Ursin était en vacances en Irlande. Il a été rattrapé par la nouvelle.Ce lundi 16 septembre, le groupe Rehau Tube a annoncé la fermeture prochaine de son site dans le Cher. L'entreprise s'y était implantée dans les années 70. "Je me souviens, nous les avions fait venir à grands coups de rabais de prix sur les terrains, on a fait tout ce qui était possible pour leur permettre de s’installer, et de grandir" rappelle Yvon Beuchon.
Des millions d'euros de pertes
Dans cette usine, Rehau fabrique deux types de produits : des tubes destinés à l'assainissement et l'évacuation, et d'autres destinés aux planchers chauffants. Hors, sur cette première activité, le verdict est sans appel. "Il se trouve que depuis 2011, on a perdu plusieurs dizaines de millions d’euros. Il y a beaucoup de concurrents, de moins en moins de gros chantiers… Le marché des tubes d’assainissement est structurellement déficitaire, au moyen et au long terme. On en arrive à arrêter la commercialisation et donc la production" détaille Romain Suchet, chargé de communication.
Si l'activité des tubes pour planchers chauffants est, elle, largement bénéficiaire, le groupe n'envisage pas pour autant de maintenir cette activité dans le Cher. "Il est difficile de garder une usine aussi grande avec une seule activité. Ça n’a pas de sens d’investir dans ce site, sachant qu’on a d’autres usines en capacité de le faire", reconnaît le groupe.
Un groupe "qui a toujours bien fait les choses"
134 emplois sont ainsi menacés par cette opération de restructuration. "Beaucoup de familles y travaillent, ou y ont fait carrière. Ça a beaucoup marqué le collectif du village. La première pensée est pour les gens qui y travaillent, mais aussi pour tous les habitants du village, et des alentours" adresse le maire, un peu ému.
Yvon Beuchon doit prochainement rencontrer le directeur de Rehau France, Francis Guaitoli. "C’est une entreprise qui s’est toujours bien comportée avec son personnel, qui a surmonté la crise de 2008 sans se priver d’aucun salarié. Je souhaite que, dans les mois à venir, elle se comporte avec toute l’empathie et la bienveillance possible, pour que chacun sorte à peu près indemne de cette situation difficile", espère l'édile.
De son côté, le groupe Rehau se veut rassurant. "Nous n’avons jamais eu dans cette usine de représentant du personnel, ni d’organisation syndicale, parce qu’il y a une tradition de transparence et dialogue social. C’est un groupe qui a toujours bien fait les choses", appuie Romain Suchet.
L'après Rehau s'organise
L'entreprise est en train d'élire ses premiers représentants du personnel, indispensables lors de la négociation d'un plan social. La procédure devrait donc véritablement commencer mi-octobre, pour une durée totale d'environ 4 mois.
Concernant les employés menacés de licenciement, "on va proposer des mesures d’accompagnement aux collaborateurs, avec comme volonté manifeste et première qu’ils puissent retrouver un emploi, à travers de la formation et un accompagnement financier", assure Rehau sans pouvoir apporter plus de précisions à ce stade.
Pour la reprise du site, que le groupe est tenu de promouvoir conformément à la loi Florange, l'entreprise dit avoir fait appel à un cabinet spécialisé, "pour maximiser les chances de trouver un repreneur". Dans les conditions du marché, difficile d'assurer qu'il s'agira d'un concurrent qui se consacre à la même activité. Mais le maire ne désespère pas de valoriser le site pour d'autres activités industrielles : "C’est tout de même un site de 15hectares, proche de l’autoroute, les bâtiments sont très bien entretenus…" Avis aux intéressés.