A Herry, à la frontière entre le Cher et la Nièvre, un projet de carrière de sable révolte habitants et élus. Alors que l'enquête publique vient de s'achever, ils dénoncent des nuisances dûes à la circulation des poids lourds, surtout dans ce secteur qui fait partie de La Loire à vélo.
Le sable qui servira à construire le Grand Paris pourrait bientôt provenir de Herry, une commune située près de la frontière entre le Cher et la Nièvre. Un projet d'installation d'une entreprise d'extraction de sable le long de la Loire est en cours, l'enquête publique vient de s'achever. La société prévoit d'extraire 120.000 tonnes de sable par an pendant 15 ans et de créer 3 emplois.
"Un désordre économique, environnemental et humain"
"Par rapport à la vie du territoire, c'est une inepsie. On va créer un désordre économique, environnemental et humain", insiste l'ancien maire d'Herry, Dominique de Montalivet, qui ne décolère pas. "80% du sable sera destiné au marché Montargis-Paris et 20% pour le local", ajoute-t-il. Il s'inquiète de la concurrence que ça pourrait créer pour l'entreprise locale déjà en place, qui emploie 10 personnes. "Cette grosse entreprise risque à terme de couler la carrière Sirot", alerte-t-il.De plus, une nouvelle carrière d'environ 20 hectares, à 200 mètres du hameau des Vallées, à Couargues, signifie deux fois plus de nuisances pour les riverains. Ils se sont constitués en collectif et ont décidé de s'opposer fermement au projet. Avec un camion en moyenne toutes les 7 minutes et demi en semaine, le prix des maisons risque de baisser. "On a déjà subi une sablière mais on s'y est fait, les chauffeurs roulent raisonnablement mais là, pour un petit hameau comme le notre, c'est un afflux de camions énorme. Ce n'est pas possible", s'inquiète Joëlle Pouly, habitante du hameau.
Le même chemin que La Loire à Vélo
Dans le hameau des Vallées, deux camions de 40 tonnes ne peuvent pas se croiser et ils doivent régulièrement partager leur route avec les cyclistes. "Le passage des camions se fait sur le chemin de La Loire à Vélo, c'est hyper dangereux, il y a 27.000 cyclistes par an", s'insurge Patricia Noblet, une autre habitante du hameau.Les poids lourds doivent aussi traverser le pont de Pouilly-sur-Loire, plus adapté aux charettes de 1900 qu'aux camions du XXIe siecle. Les touristes le traversent pour se ravitailler, visiter la ville, déguster les vins, il devront faire avec... ou iront ailleurs. "On a déjà du mal à fixer les touristes dans le coin", se désole l'ancien maire d'Herry.
Le maire de Pouilly-sur-Loire, Jean-Jacques Lété (SE) est lui aussi radicalement contre la carrière : "C'est un problème de protection alimentaire et de santé publique car la nappe phréatique dans laquelle nous puisons l'eau potable se situe en dessous du site pour les habitants de Pouilly et de Mesves-sur-Loire". La même nappe phréatique alimente aussi la ville de Bourges.
Regarder le reportage Jean-Phulippe Elme, Stefano Lorusso et Delphine Vandal-Morin :