Partons ensemble à la découverte de la balade sonore Vivante créée à l’occasion de la 3ème biennale du Fonds régional d’art contemporain (FRAC) délocalisée à Vierzon dans le Cher. Cette déambulation dans les rues nous plonge dans l’histoire de la ville et de celle de ses habitants très attachés à leur cité.
Rendez-vous au B3, ancienne friche industrielle de la Société Française, point de départ du parcours artistique pour récupérer le matériel. Il nous faut un casque et un lecteur MP3. Plan en main, c’est parti pour un circuit poétique en sept étapes de 45 minutes.
Une ville marquée au fer rouge
À l'occasion de la 3ème biennale du Fonds régional d’art contemporain (FRAC), qui se déroule jusqu'au 1er janvier 2023, l'artiste tourangelle Ségolène Thuillart présente Vivante, une promenade sonore découpée en sept séquences aux noms évocateurs : L'Altérité, la Batteuse, les Semences, l’Œil, la Source, les Demoiselles et la Vierzonnaise. Tout un programme. Le tout est un mélange de récits poétiques retraçant le passé historique de la ville et de voix d’habitants, témoignages du présent.
Quatre pistes sonores nous plongent dans le passé historique de la ville. Les voix des habitants nous accompagnent dans les trois autres.
Je voulais faire un projet sonore qui soit aussi entendable par le Vierzonnais et la Vierzonnaise que par les touristes. Il y a un va-et-vient entre le micro et la macro, entre l’individuel et le collectif, entre l’anecdote et l’histoire.
Ségolène Thuillart, artiste et créatrice de l'installation sonore Vivante
Dès la première séquence "L’Altérité", les habitants manifestent leur attachement à leur ville, cité ouvrière où la solidarité est importante.
La deuxième séquence s’intitule La Batteuse. Ce titre fait référence aux batteuses fabriquées par les usines de la Société Française installées à Vierzon au 20ème siècle. L'entreprise de machines agricoles a marqué la ville au fer rouge telle une cicatrice. Cette séquence évoque donc les entailles de la ville : le chemin de fer qui sépare la ville depuis l’époque industrielle, mais aussi la cicatrice historique que fut la ligne de démarcation.
Pendant la Seconde guerre mondiale, la ville était coupée en deux au niveau de la rivière du Cher. D’un côté c’était libre, de l’autre côté c’était occupé. L'armistice avait placé l'usine Fulmen et le logement de la surintendante de l'usine et résistante, Betty Abrech en zone occupée, mais les logements de certains ouvriers en zone libre. Cette particularité permit à Betty d'avoir un Ausweis (carte d'identité allemande nécessaire pour se déplacer dans le pays pendant l'occupation allemande). Elle organisa un réseau de passage de la ligne de démarcation pour les soldats évadés des camps de transit installés en France par les Allemands avant leur transfert dans les stalags en Allemagne. Certains racontent que des faux enterrements étaient organisés en zone libre, les cercueils servant à faire passer des corps vivants.
Une valse à mille temps
Nous poursuivons cette balade qui nous berce, de va-et-vient, entre aujourd'hui et hier. Nous faisons des bonds dans l'Histoire. Nous sommes au Moyen-Âge devant le Beffroi qui domine la ville. Puis dans l'Antiquité en l’église Notre-Dame, qui fut un temple gallo-romain. Direction le 20ème siècle dans le square Lucien Beaufrère de style Art déco et le 19ème siècle, où près du canal de Berry, nous écoutons la voix de Ségolène Thuillart évoquer les mythes du Berry et George Sand.
Elle a voulu voir Vierzon, elle a vu Vierzon
Ségolène Thuillart, diplômée des Beaux-Arts de Lyon a tout de suite été emballée quand on lui a proposé de participer à cette biennale du FRAC. L’artiste sonore et crieuse publique avait carte blanche.
Elle s’est alors plongée dans l’histoire de cette ville qu’elle ne connaissait pas. Après des repérages auprès de différents acteurs locaux, au musée, à l'Office de tourisme ou encore auprès de l'association d'architectes le Shab, l’artiste est venue en résidence "de terrain" pendant deux mois.
Une immersion dans les archives et des rencontres avec les habitants de quelques semaines l’ont inspirée pour créer son œuvre. Vivante est une balade sonore qui nous dresse le portrait d’une ville vivante, à l’écoute de Vierzon et des Vierzonnais.
Quand j’ai rencontré les habitants, ils m’ont dit : "c’est génial que vous puissiez redorer le blason de Vierzon, que vous puissiez permettre d’avoir une meilleure carte postale de la ville".
Ségolène Thuillart
Le présent vient régulièrement à nous avec les interventions des habitants, si fiers d'habiter cette ville si souvent dénigrée. Vivante, c'est "voir sous un nouvel œil cette ville, cette ville souterraine. Si on va chercher, si on creuse un peu il y a une belle richesse dans son passé et dans son présent." conclut Ségolène Thuillart.
► Balade sonore Vivante : départ à l'usine La Française - B3, jusqu'au 1er janvier 2023