"Certaines destructions sont irréversibles" : un projet de plateforme logistique en zone humide crée la polémique à Vierzon

Trois recours ont été dépose contre le projet de la plateforme logistique Virtuo pour protéger 13 hectares de zones humides. Pourtant, les travaux ont bel et bien été lancé suite à l’avis favorable du commissaire enquêteur pour la demande de permis de construire.

80 000m² de hangars sur 17 hectares, 300 poids lourds en transit par jour : c’est le projet XXL de plateforme logistique menée par le promoteur Virtuo, qui fait débat depuis maintenant trois ans à Vierzon. Un projet envisagé au niveau du parc technologique de la Sologne, choisi pour sa proximité avec les trois autoroutes A85, A71 et A20 et le nœud ferroviaire.

Suite à une enquête publique, le commissaire enquêteur a donné un avis favorable pour la demande de permis de construire et un avis favorable pour la demande d’autorisation environnementale, avec réserve, notamment sur la dépollution du site de la Gratouille qui doit être réhabilité en compensation de la destruction de la zone humide du parc technologique de la Sologne.

Et c’est là que le bât blesse pour les associations Nature 18 et Hangars tout camion, c’est non. 13 hectares de zones humides doivent être détruits pour la création de cette plateforme logistique. Les deux associations ont déposé des recours pour demander l’annulation du permis de construire délivré par la mairie de Vierzon.

Un particulier s’est joint aux deux associations pour déposer un troisième recours. Pourtant, malgré les procédures en cours, les travaux de défrichage ont débuté au mois de novembre.

Destruction irréversible

"C’est un riverain très surpris qui a averti l’association et nous n’avons pu constater que les dégâts", s’insurge l’association Hangar tout camion. Des "dégâts" qu’ils décrivent dans un communiqué de presse : "des arbres centenaires abattus, des haies tranchées, des tonnes de gravats déversés sur la zone humide. Certaines destructions d’un patrimoine naturel de haute qualité sont irréversibles."

Une situation qui attise la colère des associations, alors même que les recours contentieux sont toujours à l’étude et que d’autres recours peuvent encore être déposés auprès du tribunal administratif. "C’est une bataille d’avocats désormais, ajoute Jean-Michel Garibal, Président de l’Association Hangar tout camion c’est non. Il n’y a aucun dialogue entre notre association et la municipalité alors qu’il me semble qu’on pourrait avoir leur écoute".

Des engagements insuffisants ?

Le promoteur Virtuo s’engage à compenser la destruction de cette zone humide et multiplie les initiatives vertes : panneaux photovoltaïques sur 30% de la toiture du hangar, récupération d’eaux pluviales, replantation de haies, préservation des mares. Mais rien de tout cela ne convainc Nature 18 qui estime que la stratégie n’est pas la bonne. "Détruire 13 hectares de zone humide c’est aujourd’hui extrêmement préjudiciable", plaide Philippe Van Nieuvkerke, vice-président de Nature 18, qui milite pour sauver ce qui existe déjà.

La zone humide qui va être détruite a mis des centaines d'années à se créer. C'est donc complètement utopique de penser qu'on va pouvoir recréer en quelques années 13 hectares de zones humides qu'on efface par un coup de bulldozer.

Philippe Van Nieuvkerke, vice-président de Nature 18

Du côté des élus, ce sont les retombées économiques espérées qui sont mises en avant : 300 créations d’emplois envisagés d’après la communauté de communes. Un point important pour le Président, François Dumont. "Dans un bassin d’emploi de 10,4% de chômage où les jeunes n’ont souvent pas de formation, c’est un projet qui a du sens."

Il détaille : "les travaux de défrichage ont débuté pour respecter un calendrier qui vise à réduire l’impact sur les animaux. Il fallait commencer ces travaux tant que la faune et la flore sont au repos, donc entre septembre et décembre. Ce sont des mesures de défavorisation autorisée par la loi, malgré les recours. Si le projet n’aboutissait pas, c’est la société qui engage de l’argent et prend un risque, et non la collectivité.

L’association "Hangar et tout camion, c’est non" a déjà indiqué qu’elle souhaite demander la suspension des travaux à titre conservatoire.

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