Selon une note de l'Insee parue ce lundi 11 octobre, le Centre-Val de Loire poursuit sa sortie de crise, et retrouve même des indicateurs de niveau pré-Covid. Le nombre d'employés continue de grimper, porté par la croissance impressionnante de l'intérimaire.
La crise économique semble s'éloigner de plus en plus en Centre-Val de Loire, comme ailleurs en France. C'est en tout cas ce que semble indiquer la plus récente étude de conjoncture de l'Insee, parue ce lundi 11 octobre. Parmi les points les plus notables, on trouve une hausse importante de l'emploi intérimaire, la chute continue de l'industrie et une stabilisation du taux de chômage depuis plusieurs mois, à un niveau inférieur à la moyenne nationale.
Le sacro-saint taux de chômage, véritable baromètre médiatique de la politique économique, reste globalement stable en Centre-Val de Loire sur le deuxième trimestre (avril-juin) 2021, avec 0,1 point de plus que sur trois premiers mois de l'année. Il s'établit à 7,3%, soit bien moins qu'au niveau national, avec 8% tout rond. La région profite de "l'effet moteur de l'Île-de-France" toute proche, qui lui permet historiquement d'avoir un chômage plus bas que la moyenne nationale.
L'institut de la statistique note même que le taux est de 0,4 point inférieur à son niveau d'avant-crise dans la région. A l'échelle du pays, l'Insee table sur un chômage de 7,6% à la fin de l'année. Une embellie qui se confirmerait sur les créations d'emplois ?
A priori, ça y ressemble fort. Selon l'institut, l'emploi salarié a progressé de presque 1%, pour un effectif régional total de 918 400. Avec des gagnants et des perdants selon les secteurs. Les services marchands profitent ainsi de la reprise de l'activité de l'hôtellerie-restauration (+10,1%), avec plus de 77% des établissements touristiques ouverts en Centre-Val de Loire contre moins de 70% au niveau national.
L'intérim en grande forme
Le domaine de la construction reste de son côté relativement stable, après une croissance quasi continue dans la région depuis 2017. Le vrai gagnant, c'est l'emploi intérimaire, qui gagne 5% après une baisse au premier trimestre. Il dépasse même son niveau d'avant-crise. Les services marchands et l'intérim participent, presque seuls, à la croissance des emplois.
D'après l'institut, "en temps de crise, les intérimaires sont les premiers à perdre leur emploi", et sont donc aussi "les premiers à en retrouver un" à la reprise. 40% des intérimaires avaient ainsi perdu leur travail à l'issue du premier trimestre 2020. La croissance des emplois actuelle n'est donc qu'une sorte de rattrapage du choc encaissé par l'emploi depuis un an et demi. La période actuelle étant toujours incertaine malgré la reprise, l'intérim est une solution "d'appoint pour des entreprises qui ne sont pas sûres de leur activité durable".
L'intérimaire étant traditionnement usité dans l'industrie et la construction, il n'est pas étonnant de constater des différences selon les départements et leurs profils économiques. Les industriels Loiret et Eure-et-Loir enregistrent une hausse des emplois de plus de 1%, tandis qu'elle ne dépasse pas les 0,5% dans les départements plus ruraux du Cher et de l'Indre.
Si les emplois augmentent, paradoxalement les demandeurs d'emploi aussi, et ce pour plusieurs raisons. D'abord, une partie des emplois pourvus le sont par des personnes qui n'étaient pas inscrites chez Pôle Emploi. Et, à en croire l'Insee, "lorsque l'économie reprend, les gens hors du marché du travail peuvent se remettre à en chercher", et donc se réinscrivent chez Pôle Emploi encouragés par la reprise.
Âge d'or ou sursis précaire ?
La stratégie gouvernementale du "quoi qu'il en coûte" a en tout cas permis la survie de nombreuses boîtes menacées ou économiquement fragiles, avec presque moitié moins de défaillances d'entreprises depuis le premier confinement. Une baisse quasi continue qui a pris fin ce deuxième semestre 2021, avec une stabilisation relative dans la région et au niveau national.
Cette mise en sursis du destin de nombreuses entreprises divise les économistes : si elle est peut-être à l'origine de l'embellie actuelle, car les entreprises survivantes à la crise embauchent, elle pourrait aussi être une "bombe nucléaire à retardement", comme l'affirmait à Franceinfo Thierry Grégoire, représentant de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih). Avec de potentielles faillites à la chaîne dès que les prêts garantis par l'Etat devront être remboursés. L'Insee, lui, s'estime incapable d'établir des hypothèses sur ce sujet pour 2022.
Dans le même temps, le nombre de créations d'entreprises, qui avait atteint un record national et régional au premier trimestre après une chute spectaculaire pendant pendant le premier confinement, recule de 6%.
L'Insee note que l'activité économique a bénéficié de la levée des restrictions sanitaires, avec une progression du PIB de 1,1% au deuxième trimestre, et une croissance totale sur l'année prophétisée à 6%. Une reprise "soutenue" mais "sous tension" car "portée notamment par la consommation des ménages". Un facteur qui ne suffira pas, seul, à alimenter une croissance durable. L'institut cite notamment "le manque de main d'oeuvre dans pas mal de secteurs", certains "problèmes d'approvisionnement" ainsi que "la baisse des exportations" comme des poids sur la prospérité de l'économie. La bamboche attendra donc encore un peu.