En Sologne, plus de 3500 km de grillages encerclent les riches propriétés pour en faire des terrains de chasse exclusif. Un phénomène destructeur et illégal, contre lequel associations et autorités se battent depuis les années 1990.
"Il faut mettre fin à cette mutilation de la Sologne, cette appropriation exclusive d'un territoire magnifique qui risque d'en mourir" s'indigne le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau. Le 27 avril, avec le cinéaste solognot Nicolas Vanier, ils ont de nouveau alerté la ministre de l'Environnement Elisabeth Borne sur le phénomène de l'engrillagement de la Sologne.La Sologne au mains des grands propriétaires
Depuis les années 1990, associations et responsables locaux protestent contre les riches propriétaires qui clôturent leur terrain afin de s'en réserver les prises de chasse. "Parmi la longue liste des têtes d’affiche, les Bich (inventeur du stylo Bic), Seydoux (Gaumont Pathé), Tranchant (casinos)" ou encore le député Olivier Dassault, énumère le magazine Capital.
La situation est telle qu'en décembre 2019, un rapport rédigé par deux ministères pointait du doigt la pose de ces grillages et proposait une série de mesures radicales, notamment l'augmentation de la fiscalité dans les espaces hermétiquement engrillagés.
Pourtant, ni ce texte, ni le confinement imposé pendant la crise du coronavirus ne freinent les propriétaires terriens. François Bonneau et Nicolas Vannier détaillent à l'intention d'Elizabeth Borne.
"Nous constatons en ce moment même :
- sur la commune de Chaumont-sur-Tharonne, propriété privée Tranchant, grillage de 2 mètres en cours de pose, avec un enfouissement de 20cm.
- propriété privée Loiseau, grillage de 2 mètres en cours de pose sur une surface de 30 hectares.
- sur la commune de Saint-Viâtre, propriété de chasse Provost, grillage dont la pose vient d’être achevée."
La région souhaite une intervention de l'Etat
Contre ces incivilités, le président de région souhaite que l'Etat intervienne pour constater et punir les faits. "Il appartient à l'Etat de faire en sorte que les lois et les règles soient respectées, estime François Bonneau. Il ne s'agit pas de mettre en cause, il s'agit d'intervenir, et cela n'appartient pas aux collectivités. La Sologne, c'est aussi des gens qui y vivent, un potentiel touristique, un milieu de nature qu'il faut protéger."
Aujourd'hui, on estime la Sologne entourée et découpée par plus de 3 500 km de grillages.