"Le confinement est comme un arrêt cardiaque" : le Centre-Val de Loire peut-il éviter les fermetures d'entreprises ?

Le placement en redressement judiciaire de l'enseigne André, le 1er avril, a été perçu comme un signal inquiétant des premiers effets de la crise sanitaire sur l'économie. Comment la région compte-elle éviter les fermetures en série ?

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Ce sont plus de 600 emplois menacés, à Montargis, Tours, Orléans, et partout en France. Le 1er avril, l'enseigne de chaussures André, créée en 1896, annonce son placement en redressement judiciaire. Déjà en difficulté financière, André accuse le coup de la fermeture des boutiques dûe à la crise sanitaire du Covid-19.

Du côté des employés, c'est une amère déception. "Ce qui est un peu dégueulasse, un peu affolant, c'est que si on écoute le gouvernement, on nous dit "Pas de casse sociale, pas de fermetures, les banques vont prêter de l'argent". Et en fin de compte, pour nous, c'est un refus catégorique" s'indigne Christophe Martin, délégué général CGT chez André.

"Aucune entreprise, quelle que soit sa taille, ne sera livrée au risque de faillite" avait effectivement promis Emmanuel Macron dans son discours du 16 mars. Il annonce dans la foulée un "dispositif inédit", financé de 300 milliards d'euros, qui fait de l'Etat le garant des entreprises qui contractent un prêt bancaire pour faire face à la crise. Une garantie à 90%, pour pousser les établissements bancaires les plus frileux à coopérer. Selon Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, 21 000 entreprises y avaient déjà eu recours au 31 mars.
 

Les failles du Prêt Garanti par l'Etat


Pourquoi André est-elle passée entre les mailles du filet de sauvetage ? "La réglementation européenne [sur les aides d'Etat NDLR] interdit aujourd'hui d'aider des entreprises dont les fonds propres ont été divisés par deux, ou qui entrent en redressement judiciaire, explique Harold Huward, vice-président de la région Centre-Val de Loire, délégué au développement économique. C'est logique, car c'est très risqué pour de l'argent public."
 
Une législation peu adaptée à la crise actuelle et sur laquelle la France tente actuellement la négociation. "J'espère qu'ils vont revoir leur copie, parce que moi je vais aller taper partout. Je n'ai rien à perdre, j'ai 53 ans, ma carrière est derrière moi. Je veux essayer de sauver des salariés qui font vivre leur famille. Certains n'ont que le peu de salaire qu'ils ont de leur temps partiel. Ils vont devenir quoi ? C'est dangereux" alerte Christophe Martin.

Les entreprises comme la sienne sont aujourd'hui une grand part de l'enjeu pour éviter le naufrage. "En France, les entreprises qui sont notées 6 par les banques, soit à la limite des procédures, représentent 40 000 entreprises, 12 000 PME, et 100 milliards d'euros de chiffre d'affaire" nous apprend Harold Huwart. "C'est sur cette catégorie là qu'on essaie de se battre aujourd'hui."

Le vice-président au développement économique veut adresser un message rassurant aux salariés d'André. "Un redressement judiciaire n'est pas la mort d'une entreprise. L'entreprise bénéficie maintenant du report de l'ensemble de ses dettes financières, et d'une période d'observation qui sera allongée le temps de la crise. Pendant ce temps-là, elle est à l'abri" assure-t-il. "De plus, des ordonnances du ministère de la justice permettent aux tribunaux de commerce de reporter l'ensemble des examens de dossiers et des liquidations à la fin de la crise".
 

"Le confinement est comme une phase d'arrêt cardiaque"


En Centre-Val de Loire, la région, l'agence de développement Dev'up et la chambre de commerce ont entamé un vaste recensement et ont déjà contacté près de 2000 entreprises pour s'enquérir de leur état. "Il est un peu tôt pour la statistique, mais je peux vous dire qu'environ 20% des entreprises qu'on contacte nous font part de très très grandes difficultés. On ne pourra pas sauver tout le monde, ça, on le sait" reconnaît Harold Huwart. Malgré ce difficile constat, les pouvoirs régionaux veulent mettre toutes leurs forces dans la bataille, sans "sélectionner". D'abord, en accompagnant les entreprises vers le prêt garanti par l'Etat (PGE) et en intervenant en cas de refus. Mais aussi en jouant de leurs propres outils. "J'avais mis en place un fonds de prévention des entreprises en difficulté dont l'objectif est d'aider les entreprises avant qu'elles ne tombent en redressement. Ce fonds, on l'a créé à 500 000 euros il y a deux ans et aujourd'hui on l'a porté à 2 millions d'euros. On a déjà des dossiers qui ont été déposés dans le cadre du confinement" rapporte le vice-président.

Ce système de prêt met en lumière la priorité : renflouer les trésoreries. "Le confinement est comme une phase d'arrêt cardiaque pour les entreprises", illustre Harold Huwart. "Il faut continuer à alimenter en liquidités les organes vitaux, et éviter au maximum les fermetures. Notre message est un message de volontarisme et d'optimisme, on n'en est pas à une crise systémique qui va engloutir l'économie. Il va y avoir un redémarrage."
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