Fermées depuis le 16 mars dernier, les librairies se mettent au "drive"et au "click and collect" pour servir leurs clients et continuer à vivre financièrement. A vos commandes et bonne lecture !
Les librairies, jugées commerces non essentiels, sont fermées depuis le début du confinement. Elles espèrent rouvrir le 11 mai. En attendant, elles se mettent au drive et au retrait rapide dans le respect des gestes barrière. Le principe est simple : les clients commandent sur internet ou par téléphone et viennent récupérer leurs livres.
Une vitre en plexiglas à la place de la porte d’entrée, du gel hydroalcoolique posé sur une table, les mains gantées et un masque sur le visage, c’est ainsi que Sophie Todescato, qui tient l'une des plus anciennes librairies d’Orléans (1964) sert ses clients deux fois par semaine et leur vend les livres qu’ils ont commandés par mail ou sur le site internet de la librairie. "C’est en toute sécurité, et vous pouvez être sûrs que nos visages masqués souriront à vos visages masqués !" peut-on lire sur le site. Et pour cause, toutes les mesures barrière sont respectées pour le plus grand bonheur des clients, ravis de pouvoir acheter à nouveau des livres et d’échapper ainsi, un peu, au confinement. La formule a connu toute de suite un certain succès : "On est bien contents de pouvoir trouver des livres quand même, on commence à s’ennuyer."
Nous avons mis en place un "click and collect", un "drive", un point de retrait rapide (en bon français !) pour que les clients puissent venir chercher ce qu’ils avaient commandé il y a parfois des semaines ou de faire de nouvelles commandes (uniquement sur les références en stock). Sophie Todescato, librairies les Temps Modernes à Orléans
Certes, la réouverture est partielle, presque symbolique. Le client ne peut plus flâner dans les rayons à la recherche d’un titre ou d’un autre, trouvant parfois ce qu’il ne cherche pas. Le plaisir de la découverte est absent mais quand on aime lire, le principal n'est-il pas d'avoir de quoi s'évader en dépit des circonstances ?
Il fallait qu’on rouvre : économiquement, symboliquement et moralement. Notre travail est de rendre le livre accessible à tous, ce n'est pas une question d’héroïsme mais d'être présent pour nos clients et de survivre aussi ! Economiquement, tout le monde comprend à quel point c’est inenvisageable pour un commerce indépendant, fragile comme l’est une librairie, de fermer 4 semaines. Sophie Todescato
A quelques kilomètres du centre-ville d’Orléans, Séverine Sanz qui tient la librairie Volte Pages depuis 8 ans, s’est beaucoup posé de questions avant de proposer elle aussi, un retrait rapide à ses clients. A l’annonce de la fermeture administrative des librairies, le gouvernement considérant les livres comme non indispensables, elle a eu comme ses nombreux homologues, un sentiment d’injustice :
La colère a été vive : pourquoi les librairies doivent-elles fermer alors qu’il est encore possible d’acheter des livres ailleurs, en grandes surfaces, dans les maisons de la presse ou sur internet ? Si le livre n’est pas essentiel, comme le gouvernement nous l’a fait entendre, alors il faut supprimer sa vente partout. Séverine Sanz
Outre l’urgence financière de faire rentrer un peu de trésorerie, cette commerçante s’est aussi demandé si elle n’allait pas perdre des clients. Les habitudes de consommation évoluent, changent et elle a craint de voir partir ailleurs des clients : "Autant un client a des habitudes avec son fleuriste ou son coiffeur mais avec le livre, c’est un peu différent : fidéliser une clientèle prend du temps. Être absent pendant 2 à 3 mois, c'est le risque de tomber dans les oubliettes. C’est rapide d’aller sur internet et de commander sur une plateforme, c’est une solution de facilité qu’on prend durant le confinement et qui peut durer ensuite…"
Les clients, habitués et fidèles de ces commerces de proximité ont répondu présents, heureux de s'évader en cette période de confinement :
C’est un moyen de distraction, j’ai deux ados à la maison. C’est une ressource pour tenir sur la longueur, je travaille beaucoup en ce moment. Une vraie récréation...
Il n’y a rien d’intéressant à la télévision dans la journée alors si on ne peut même plus lire… . On va devenir bien "cons" (sic). Ce n’est pas facile pour les petits commerçants en ce moment. Ils se font du souci, il faut les soutenir. Ce drive est une très bonne idée. Je viens toujours là : il n’y a pas de raison que j’aille ailleurs ou que je commande sur Amazon.
Cette libraire, qui ne reçoit que sur rendez-vous a mis en place, elle aussi, une procédure stricte pour respecter des gestes barrière : le client reste sur le pas de la porte, la vendeuse porte masque et gants, le paiement se fait par carte bancaire. Les livres vendus sont depuis plus d’un mois dans la boutique et n’ont été manipulés par personne.
Une autre façon d’exercer le métier de libraire
Je fais du conseil à distance. C’est nouveau et c’est plus compliqué car j’aime travailler en vis-à-vis avec mes clients. Mais je prends le temps par mail et par téléphone de leur parler des livres que j’ai aimés, des livres que j’aimerais leur faire lire. C’est une autre façon de travailler, il faut juste s’adapter.
Notre reportage en vidéo :
Les librairies qui vendent encore ...
Dans le Loiret :Librairie Les Temps Modernes, 57 rue Notre Dame de Recouvrance à Orléans (45000)
Retrait le mardi à partir de 17h et le samedi de 8h30 à 11h
Librairie Volte Pages, 61 place Louis Sallé à Olivet (41160)
Retrait uniquement sur rendez-vous tous les matins du mardi au samedi de 10h à 12h30
En Indre-et-Loire :
Librairie Bédélire, 81 rue du Commerce à Tours (37000)
En Eure-et-Loir :
Librairie L’Esperluète 10 rue Noël Ballay Chartres (28000 )
Retrait du mardi au samedi de 10h à 13h