Après avoir fait une croix sur les Rameaux et maintenant sur Pâques; pépiniéristes, horticulteurs et fleuristes demandent des garanties dés maintenant pour assurer l'activité de la fête des mères.
Pépiniéristes, fleuristes et horticulteurs n'entrent pas dans la catégorie des produits alimentaires, et se retrouvent donc avec des productions non commercialisables. Actuellement, seules les grandes surfaces peuvent proposer des fleurs à leur clientèle. L'interprofession s'active donc auprès des pouvoirs publics en faveur d'une reprise de l'activité pour pouvoir être prête à la sortie du confinement.
Fleuriste à Neuillé-Pont-Pierre en Indre-et-Loire, Charlène Sevault a dû fermer sa boutique dès l'annonce du confinement. Elle livre seulement quelques fleurs à l'occasion de deuils. Avec la fermeture de beaucoup de ses fournisseurs en France et en Hollande, elle n'a pas beaucoup de choix dans les variétés et doit se contenter des ventes d'un grossiste du marché de Tours en fonction des arrivages.
Magré tout, elle espère pouvoir ré-ouvrir rapidement. "On va surtout avoir la fête des mères qui arrive à grand pas et que l'on doit préparer", explique la fleuriste, qui s'inquiète tout de même de la date de l'autorisation : "Si on ouvre, comme on a fermé, du jour au lendemain, ce n'est pas possible. Auparavant, on doit remettre la boutique propre, il faut qu'on passe nos commandes, que nos fournisseurs aient le temps de se réapprovisionner en fleurs... Cela ne se fera pas du jour au lendemain".
Quand on l'interroge sur ses souhaits de redémarrage, elle avoue "pour le muguet du 1er mai, je n'y crois pas trop...aprés, il y a le premier week-end de juin, la fête des méres ! C'est la date la plus importante pour nous. Les Rameaux et Pâques, c'est loupé".
Les horticulteurs de la région connaissent, eux aussi, les mêmes interdictions de vente et les mêmes incertitudes. À Saint Martin-des-Bois, dans le Loir-et-Cher, Franck Nivault se bat pour maintenir à flots son entreprise horticole. Les Serres de Saint-Martin, ce sont 2 gérants et 6 salariés avec un chiffre d'affaire annuel, en année normale, de 750 000 euros.
Il faut savoir qu'en mars, avril et mai, nous faisons 80 % de ce chiffre d'affaire, une fermeture maintenant est catastrophique pour nous.
Chaque jour, le chef d'entreprise sollicite la préfecture pour rappeler "qu'il est anormal que les grandes surfaces de jardineries puissent vendre des fleurs alors qu'elles ne les produisent pas, tandis que nous, producteurs locaux, on nous demande de nous diriger vers les supermarchés pour leur vendre nos fleurs à des prix dérisoires. Et tout ça parce que les jardinerie vendent des croquettes pour chien et des graines potagères, et sont donc considérées comme alimentaires" s'indigne Franck Nivault.
Après avoir obtenu l'autorisation de pouvoir livrer depuis une semaine, ils peinent à mettre en place un système de drive où il leur faudrait vendre "plus de légumes que de fleurs". Même échec lorsqu'ils ont voulu commercialiser leur marchandise sur le parking d'un supermarché. Aujourd'hui, l'entreprise ne désespère pas de pouvoir ouvrir un drive non-alimentaire. Mais le gérant, en contact avec d'autres horticulteurs, a constaté d'autres difficultés : "ça change d'un département à l'autre, d'un jour à l'autre, tout cela reste extrémement flou, même pour les accés aux marchés, on a du mal à comprendre. Nous, on est déjà à moins 100 000 euros! Si ça continue, on ne passera pas l'été".Alors que le printemps vient de pointer son nez et avec lui, les traditionelles plantations de saison, l'interprofession demande l'autorisation de vendre en respectant les mesures sanitaires de prévention contre la transmission du Covid-19. Franck Nivault poursuit ses cultures dans ses serres avec l'espoir de pouvoir les écouler au mois de mai.