Coronavirus : les SDF, personnes démunies et mineurs isolés, sont-ils aussi pris en charge ?

Le confinement national est décrété depuis mardi 17 mars, 12h. Sauf que certaines personnes n’ont pas à proprement parler de "chez soi", en premier lieu les sans-abris. Comment les confiner ? Et comment les dépister s’ils sont porteurs du coronavirus ?

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Olivier est à la rue depuis plus de 10 ans. En journée, il fait la manche au centre-ville de Chartres. Mais ces derniers temps, sa récolte est maigre.

Les rues sont désertes à cause du confinement.

C’est niet. Aujourd’hui j’ai fait quoi ? 1 euro, compte-t-il. Ce soir j’ai des bonbons, c’est ma seule nourriture.

Lui aussi devrait être confiné, en l’occurrence au foyer d’accueil chartrain (FAC). D’habitude ouverte uniquement de 18h à 9h du matin, la structure a décidé de garder les SDF

toute la journée, pour qu’ils n’aient pas à refaire le 115 pour avoir une place,

explique Catherine Gagelin, la directrice adjointe du FAC.

Confinés... à plusieurs

Il n’y a plus de place au foyer, les 75 chambres sont occupées par des familles et des personnes seules.

Des chambres qui sont pour certaines collectives, partagées à deux voire trois personnes. Un "gros problème" pour la directrice adjointe.

Elle incite donc les personnes hébergées à sortir du bâtiment (visible ci-dessous) et à rester dehors :

On a un grand site (clos, ndlr), avec beaucoup d’espaces verts, donc on invite les gens à s’aérer tout en surveillant qu’ils ne soient pas trop près les uns des autres.

"Certains ne respectent pas les règles"

Malgré ses efforts, l’équipe du FAC constate qu’une partie des personnes hébergées "ne respectent absolument pas les consignes de confinement et de gestes barrières".

Certains seraient SDF de longue durée, d’autres déficients intellectuels, quelques-uns enfin souffriraient d’addictions. Ils "sortent, vont en ville, reviennent. Ils sont aussi à proximité les uns des autres. C’est un problème compliqué à gérer", confesse la directrice adjointe.

Elle a décidé de lancer un ultimatum :

J’ai écrit un courrier à remettre à chacun pour rappeler les règles et si jamais ils continuent à les transgresser, on mettra fin à leur hébergement.

Fausse alerte

Et si jamais l’un d’entre eux présentait des symptômes ? "On a deux pièces dédiées mais qui n’ont pas de sanitaires", détaille la directrice adjointe du foyer d’accueil. "Ce sont des isolements qui ne peuvent pas durer dans le temps."

Pour l’instant, aucun cas n’a été détecté. Une suspicion en début de semaine s’est révélée être une fausse alerte.

La direction du FAC se préoccupe aussi de ses équipes. Les repas de midi, assurés exceptionnellement pendant le confinement, sont distribués dans les chambres.

Grâce à l’action des services de l’Etat et notamment de la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations), le foyer a récupéré des masques.

Le gel hydroalcoolique, on n’en a plus beaucoup, nuance Catherine Gagelin. On en a commandé ainsi que 1000 masques.

Centre hospitalier, hôtels... 

L’accueil des sans-abris varie d’un département à l’autre. Dans le Loiret, à Beaugency, l'hôpital a mis à disposition de l’Etat un bâtiment "clos et situé à l’écart des autres parties du Centre hospitalier", pour accueillir les sans-abris.Dans le Loir-et-Cher, la préfecture a pris en charge le confinement des SDF. Dans un communiqué, elle déclare que, à la suite de "la fermeture de certains hôtels, des solutions de remplacement pérennes sont actuellement recherchées pour accueillir et, au besoin, soigner ces personnes si elles sont porteuses du virus. L’accueil de jour est maintenu."

"Un gros point d'interrogation"

Reste la question de l’alimentation.

"On ne sait pas trop où se trouvent les SDF, on ne sait pas comment ils se nourrissent, c’est un gros point d’interrogation",

s’inquiète Isabelle Beauvoir, responsable du réseau Gens de la rue aux Restos du Cœur à Blois.

 Elle souhaite "faire des colis et les remettre aux personnes démunies". Mais "on n’a pas de masque, pas de gants, pas de gel hydroalcoolique pour nous protéger. Donc on attend de recevoir le matériel." 

Les Restos du Cœur de Blois sont en tout cas à l’arrêt jusqu’au 31 mars. Mais les personnes fragiles peuvent récupérer des chèques alimentaires auprès du centre intercommunal d’action sociale de Blois, qui ne gère plus que ce type d’urgences et uniquement par téléphone.Pour ceux qui risquaient l’expulsion locative, ils peuvent au moins garder quelque temps de plus un toit sur la tête. Dans son allocution du jeudi 12 mars, le Président de la République a en effet prolongé de deux mois la trêve hivernale jusqu’au 31 mai.

Des mineurs livrés à eux-mêmes ?

L’autre public réparti entre foyers et hôtels sont les mineurs étrangers isolés. En Eure-et-Loir, l’association AERéSP 28 (Accueil des Exilé.e.s et Régularisation des Sans-Papiers) manifeste son inquiétude.

Les informations sont très compliquées à obtenir, explique Céline Le Guay de l’association. Les seules que l’on a proviennent des mineurs que l’on accompagne. On en connaît plusieurs dizaines.

Ils seraient répartis entre plusieurs foyers et hôtels du département, et les repas seraient assurés.

Notre inquiétude concerne ceux qui sont en hôtel, explique-t-elle. En temps normal, ils sont déjà très isolés. Là on a peur qu’ils soient totalement livrés à eux-mêmes avec pour seul interlocuteur le gérant de l’hôtel.

"Ça reste des enfants"

 Le peu d’informations que l’on a de la part de ces jeunes, c’est qu’ils sont confinés, les agents du conseil départemental n’assurent pas de permanence en présentiel et tout passe par les gérants des hôtels.

L’absence de présence physique d'agents du département, en charge de l'accueil de ces mineurs dit "non accompagnés", s’expliquerait par le confinement imposé.

Mais il devrait y avoir des numéros à contacter, s'insurge Céline Le Guay, Des plateformes numériques où ils puissent en cas de problème ou d’angoisse solliciter des adultes. Ça reste des enfants, des mineurs.

Le Conseil Départemental n’a pas répondu pour le moment à nos sollicitations.

Contactée sur ce sujet des sans-abris et des mineurs isolés, la préfecture d’Eure-et-Loir nous a, pour l’instant, indiqué par un communiqué que la validité des titres de séjour des ressortissants étrangers en France est prolongée.


 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information