Le président de la République Emmanuel Macron doit annoncer ce vendredi 30 avril les modalités et les territoires concernés par les étapes du déconfinement, échelonnées du 3 mai au 30 juin. En Centre-Val de Loire, que peuvent espérer les différents départements ?
La bamboche, c'est reparti ? Le président de la République doit annoncer ce vendredi 30 avril les modalités du déconfinement qui, promet le gouvernement, sera territorialisé et progressif.
D'après le calendrier en quatre étapes du gouvernement, la première salve de levées de restrictions ce lundi 3 mai devrait concerner l'entièreté du territoire métropolitain. Collèges et lycées devraient rouvrir, avec des demi-jauges de la 4e à la terminale. Les déplacements inter-régionaux seront à nouveau autorisés, alors que disparaîtra l'attestation hors des horaires de couvre-feu.
La deuxième étape, fixée au 19 mai, décalera le couvre-feu à 21h, et permettra la réouverture des commerces, terrasses, musées, cinémas, théâtres et établissements sportifs d'extérieur et couverts, avec de nouveaux protocoles adaptés.
Il faudra attendre le 9 juin pour que cafés et restaurants puissent rouvrir leurs salles. Les jauges des lieux de culture et sportifs seront réhaussées, tandis que les salons et foires d'exposition pourront à nouveau accueillir du public.
Le couvre-feu devrait complètement prendre fin le 30 juin, date à laquelle les évènements rassemblant plus de 1 000 personnes deviendront accessibles à tout détenteur d'un pass sanitaire.
Les étapes 2, 3 et 4 ne seront appliquées que dans les territoires hors "situation sanitaire départementale dégradée", prévient l'Elysée. Mais selon quels critères ?
Taux d'incidence et de positivité des tests
Le comptage des nouveaux cas de Covid-19 est le premier des critères que regardera l'exécutif lorsqu'il sera question de bloquer la levée des mesures de restriction dans tel ou tel territoire. Au niveau national, le taux d'incidence sur une semaine s'élève à 302 pour 100 000 habitants ce jeudi 28 novembre, avec un nombre de tests positifs en baisse de 11% sur une semaine.
En métropole, une dizaine de départements dépassent ce jeudi 29 avril un taux d'incidence de 400, et pourraient se trouver, d'ici à la mi-mai, dans le colimateur du gouvernement. Tous se situent en Île-de-France, à l'exception des Bouches-du-Rhône et de l'Oise.
En Centre-Val de Loire, le taux d'incidence se fixe à 272 pour 100 000 habitants sur la semaine du 18 au 24 avril. C'est dans le Loiret qu'il est le plus haut, à 300. Dans le Cher (où le port du masque en extérieur n'est plus obligatoire depuis ce 29 avril), l'Eure-et-Loir, l'Indre-et-Loire et le Loir-et-Cher, le taux d'incidence reste également assez haut, s'échelonnant selon le département entre 245 et 288.
Seul l'Indre fait office de bon élève, avec un taux d'incidence de 198, ce qui en fait le 21e département le moins contaminé de France hors Outre-Mer.
Quant à l'évolution de ce taux d'incidence, il est en baisse sur une semaine dans tous les départements de la région. C'est en Eure-et-Loir que la diminution est la plus spectaculaire, avec une chute de 24% en une semaine, ce qui en fait la 6e meilleure progression de France. L'Indre-et-Loire et le Cher enregistrent de leur côté une baisse de 14 et 8% respectivement. Dans les trois autres départements, la baisse est située entre 3 et 0,7%.
Ces chiffres sont à nuancer. Ainsi, à l'exception de l'Eure-et-Loir, les taux d'incidence des départements de la région sont tous plus élevés en cette fin avril qu'à la mi-mars. De plus, l'ARS concède "une diminution du nombre de tests réalisés dans la région" (66 488 sur la dernière semaine, contre plus de 100 000 fin mars).
Pour Thierry Prazuck, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital d'Orléans (CHRO), une levée des mesures ne serait viable que si le taux d'incidence est inférieur à 250, et en diminution. Au-dessus, "on risque une reprise beaucoup plus rapide de l'épidémie".
Au sein du CHRO, il note que la positivité des tests réalisés chaque jour tourne entre 10 et 15%. Des chiffres similaires à ceux de tous les territoires de la région, et que l'ARS considère comme "très élevés", malgré une baisse du nombre de tests réalisés.
Tension hospitalière et taux d'occupation des lits de réanimation
214 personnes se trouvaient ce jeudi 28 avril en réanimation dans la région. Un chiffre "toujours très haut" selon l'ARS, mais en baisse de 17 personnes depuis jeudi dernier. L'agence précise que la "tension hospitalière est toujours forte, mais diminue", s'établissant à 119%, contre 114% au niveau national.
Et une fois de plus, les disparités départementales sont très fortes. Ainsi, dans le Cher et l'Indre, la tension hospitalière s'établit à 75 et 80% respectivement. Un taux similaire est à noter dans l'Indre-et-Loire, dû aux "capacités importantes du CHU de Tours", note l'ARS.
Dans les autres départements, les chiffres sont plus inquiétants : 158% dans le Loir-et-Cher, 170% dans le Loiret, 190% en Eure-et-Loir... "On est quand même très tendus", note le Dr. Thierry Prazuck. Au CHRO, "on a atteint un pic de 125 patients en réanimation il y a 48 heures, Covid et médecine générale confondues, et on a une amorce de décrue depuis".
Une décrue qui cache une dure réalité : sans moyens supplémentaires, le CHRO pourrait être obligé de fermer une dizaine de lits de réanimation d'ici à la fin mai, explique le chef du service des maladies infectieuses.
"Rouvrir trop tôt, c'est s'exposer à un afflux de nouveaux patients. Et là c'est pas possible, les équipes sont épuisées, ajoute-t-il. Il ne faut pas être trop pressé" dans la levée des mesures, et "attendre une semaine de plus si il faut".
Proportion de la population vaccinée
Emmanuel Macron n'a jamais caché que sa stratégie de confinement (et de déconfinement) serait le corollaire de la campagne de vaccination. "Tant que vous avez des vaccins dans les frigos, je ne reconfinerai pas les gens", avait ainsi déclaré le président à ses ministres début mars.
Un confinement plus tard, près de 23% de la population avait reçu au moins une dose de vaccin dans la région, soit légèrement plus que la moyenne nationale.
Avec, à nouveau, des disparités départementales. Dans le Loiret, 18,7% de la population a reçu une première dose, ce qui en fait le 3e département de France qui a le moins vacciné ses habitants. A l'inverse, l'Indre se hisse sur la 12e place des départements qui vaccinent le plus, avec 26,8% de population ayant reçu au moins une dose.
Infogram
La part de la population ayant reçu la première dose s'échelonne, dans les quatre autres départements de la région entre 22 et 24,5%.
Quant à la deuxième dose, Loiret et Indre-et-Loire sont en queue de peloton avec entre 7,2 et 7,3% de leur population complètement vaccinée, contre 8,2% en Eure-et-Loir, 9,9% en Loir-et-Cher, 10,2% dans le Cher et 11,5% dans l'Indre.