Lancé au printemps 2021 pour pallier les conséquences sociales de la crise sanitaire, ce dispositif a pour but de venir en aide aux professionnels du spectacle grâce à la mise en place de paniers artistiques et solidaires, permettant la création de spectacles.
En quelques mois, la dynamique s’est créée autour de ce concept, très largement inspiré de la réussite d’"ouvrir l’horizon" en Pays de Loire. En partant de l’idée qu’il était primordial de trouver des solutions collectives, qui contribuent à la relance de ce secteur d’activité, durement touché par la crise.
Élise Pignol est la coordinatrice régionale du projet. De retour dans l’Indre après des études et des fonctions qui l’ont emmené dans de grandes villes françaises, elle a fait son retour à la campagne, dans l’Indre à Jeu-les-Bois. Où elle anime avec d’autres le collectif "la secousse" dont la finalité est la création d’un tiers-lieu rural.
Elle nous explique comment le projet de paniers artistiques solidaires s’est développé, sachant qu’il a commencé à Tours pendant les confinements. "Personnellement je suis arrivée dans l’aventure quand les paniers de l’Indre se sont lancés très rapidement. La ville d’Argenton-sur-Creuse s’était engagée à accueillir des paniers et c’est comme ça que tout a commencé".
Le dispositif en quelques chiffres
Depuis sa création, ce dispositif a déjà généré 16 500 heures salariées et permis la création de 33 paniers artistiques, permettant de rémunérer 98 artistes.
Et offrant au public 161 représentations.
Nombre de paniers créés | 33 |
Nombre d'artistes rémunérés | 98 |
Nombre de techniciens rémunérés | 32 |
Nombre de chargés de diffusion rémunérés | 15 |
Nombre de structures de production | 23 |
Nombre de journées de répétitions | 165 |
Nombre de représentations | 161 |
Le dispositif : des bénévoles, des financeurs publics, des donateurs
Il est le fruit de l’association de différentes forces, bénévoles, financeurs publics et donateurs qui permettent à ce beau projet de fonctionner. La DRAC Centre-val de Loire, le Conseil Régional, les six conseils départementaux, Tours métropole, Bourges plus et bien d’autres agglomérations et communes y sont associées.
Piloté par une équipe régionale et porté par des comités de suivis départementaux, ce dispositif est donc présent sur tout le territoire.
Le principe des paniers, c’est une équipe de co-pilotes qui à l’échelle régionale, est mobilisée pour aller toquer à la porte de financeurs, pour alimenter une cagnotte solidaire et faire naître des paniers artistiques et solidaires.
Élise Pignol nous raconte son expérience à Jeu-les Bois, où un panier artistique commandé, les artistes sont venus jouer. "On a eu la grande chance d’accueillir le Directeur des Affaires culturelles régionales, qui est venu voir concrètement comment se déroulait une représentation de panier. Nous, en tant qu’accueillants, on a soumis notre candidature sur le site de "cultivons l’essentiel", on a été démarché par la chargée de diffusion, on a signé une convention avec la structure de production, et on s’est rendu disponible pour accueillir la structure artistique tout au long de la journée et de la soirée".
Le principe de fonctionnement
Ce sont des troupes éphémères composées de deux à quatre artistes venant de disciplines diverses, d’un technicien et d’un chargé de diffusion. Ils travaillent de concert pendant cinq jours de résidence dans un lieu adapté. Chaque spectacle doit être joué cinq représentations. Formes courtes, ils offrent aux artistes un nouveau mode de création et aux spectateurs, des spectacles innovants.
Dans le cas de Jeu-les Bois, la proposition était la suivante. "Le spectacle "Que dois-je comprendre des animaux" est une reprise d’un discours de Virginie Despentes au Centre Pompidou, à la veille du couvre-feu à 18h. C’est un des artistes qui était arrivé à la journée de rencontre des artistes à Châteauroux, avec cette proposition à laquelle un musicien et une artiste se sont associés. Il y avait une cinquantaine de personnes, pour assister au spectacle, on l’a proposé à la tombée de la nuit, c’est un texte assez fort, on a eu une très belle écoute, de beaux applaudissements, une belle cagnotte solidaire recueillie".
Car le principe de ces représentations est de faire un spectacle gratuit. Les participants donnent ce qu’ils veulent pour faire continuer la dynamique. Le site cultivonslessentiel.com recense dans un agenda toutes les représentations et les lieux où voir les spectacles.
L’avenir de "Cultivons l’essentiel"
L’expérience qui a été un vrai coup de pouce, pour des artistes en manque de travail et de créativité devrait s’achever prochainement, à la mi-novembre exactement. Car heureusement, le quotidien reprend ses droits, les projets de spectacles se mettent en place et la trentaine de bénévoles qui soutient le projet, n’a plus vraiment le temps de s’y consacrer comme ce fut le cas en ces périodes troublées.
La coordinatrice dresse un bilan de ce que cette structure a apporté.
Je pense que les artistes ont appris à se faire confiance à l’occasion de ces paniers, je pense aussi que ça a permis de sensibiliser certaines structures, selon les territoires, certains politiciens à ces enjeux. C’est vrai que d’un département à l’autre on n’a pas eu du tout les mêmes retours de présentation de dispositif, à titre d’exemple, dans le Loiret ça a pris un peu plus de temps à se mettre en place.
Du côté des artistes et des équipes techniques, des liens très forts se sont parfois créés. "Il y a des troupes éphémères qui veulent se pérenniser. Ca a vraiment permis de créer du lien entre les artistes et de faire émerger des projets, des formes courtes, des formes légères. Le fait d’avoir cassé certaines frontières : par exemple comment fait-on pour se démarcher, où est-ce qu’on peut jouer, a permis de libérer la créativité".
De quoi sera fait l’avenir de cette belle expérience ? Trop tôt pour le dire.
Le collectif devrait envisager cette question à la mi-novembre.