Elles sont aux portes de chez nous, elles sont au cœur de l’écosystème de notre société, elles participent d’ailleurs à son évolution, elles font partie de notre quotidien, elles, ce sont les PME, petites et moyennes entreprises locales... Voici trois exemples de ces pépites, trois réussites.
Nous achetons, nous utilisons, nous consommons leurs produits sans nécessairement le savoir. Voici trois entreprises industrielles méconnues de la Région. Elles sont pourtant leaders ou majeures sur leur marché en France et même parfois à l’étranger. Des entreprises familiales à dimension humaine.
Proludic, l'un des leaders européens d'espaces de loisirs et de sports
Vos enfants ont peut-être déjà joué sur l'une aire de jeu de Proludic, car cette PME familiale est aujourd’hui le numéro 1 en France et un géant du secteur à l’international. Créé en 1988 par Denis Le Poupon, "des jeux en bois au départ pour la récréation à l'école de ma femme institutrice", confie ce pré-retraité de 69 ans. Installé à Vouvray en Touraine, Proludic conçoit et fabrique depuis des équipements en perpétuelle évolution.
Les 1200 références produits sont entièrement élaborées et fabriquées sur place. Une fierté pour nombre de salariés de cette PME tourangelle (340 collaborateurs dont 210 en France) : "Je retrouve un peu mes rêves d'enfant" explique Anthony Graviou qui travaille chez Proludic depuis 10 ans. "Ça fait plaisir, c'est 100 % français, fabriqué en France et en Touraine", complète Pascal Leclerc, également opérateur de production. Et Jérémy Bourlon, visseuse en main à l'atelier voisin, ajoute : "Ça fait plaisir, on fait jouer tous les enfants du monde".
Chaque élément est testé pour des questions de sécurité, de durabilité et de respect des normes. C’est l’innovation qui a permis à cette société de consolider sa position dominante.
Proludic suit l’évolution des tendances, les influence, l’entreprise a aujourd’hui aménagé plus de 100 000 espaces de loisirs dans le monde. Sa force : répondre aux attentes des consommateurs en conservant son identité.
Le vrai challenge, c'est d'exploiter un outil et des méthodes industrielles avec un savoir-faire artisanal.
Denis Le Poupon
Le service recherche-développement joue un rôle crucial. La PME tourangelle possède sept filiales à l’étranger jusqu’en Australie et dispose d’une cinquantaine de distributeurs exclusifs à travers le monde.
Proludic exporte 70 % de ses aires de jeux et apporte son savoir-faire en matière d’aménagement.
Demeure un frein majeur au développement de l’entreprise. En quête régulièrement de nouveaux collaborateurs, elle peine à recruter.
Une problématique commune à beaucoup de PME. Souvent méconnues, elles pâtissent du manque de reconnaissance et de visibilité sur le marché des offres d’emploi.
Lestra, le numéro 2 français des articles de literie
Près d'Amboise, une autre PME familiale au passé mémorable : Lestra, de la contraction de Léopold (du nom de ces fondateurs) et de Strasbourg, née en 1914 et installé à Nazelles-Négron en 1939 à cause de la Seconde Guerre mondiale.
Reconnue pour son savoir-faire dans les articles de literie, Lestra a imposé une véritable révolution aux débuts des années 70, explique Didier Pétrocchi, son directeur commercial : "En 1974, Josette Léopold crée un véritable bouleversement, la couette ne couvre plus uniquement le lit comme les couettes scandinaves, elle déborde sur les côtés, la couette à la française est née."
En 1974, Josette Léopold crée un véritable bouleversement, la couette ne couvre plus uniquement le lit comme les couettes scandinaves, elle déborde sur les côtés, la couette à la française est néé.
Didier Pétrocchi
Nouvelle étape à l’orée des années 2 000. Réputé notamment pour ses sacs de couchage, Lestra change de mains et de stratégie. Être présent sur tous les secteurs de vente (grande distribution, magasins spécialisés, web) une stratégie payante.
Pour y parvenir, Lestra s’est doté d’une unité de fabrication unique en France. Sa capacité de production : 5 500 couettes par jour. Ainsi automatisée, elle réduit la pénibilité de travail, une véritable avancée pour les postes concernés. Opérateur de production, Frédéric Lacordais explique : "C'est assez agréable par rapport aux autres usines, les cartons sont beaucoup moins lourds et cela continue de s'améliorer".
Mais demeure un défi à relever : réduire le volume des couettes. Un nouveau système confidentiel permet désormais de diminuer ce volume de plus d’un tiers.
La proximité avec le marché, autre enjeu crucial pour cette PME. C'est pourquoi Lestra a construit une unité logistique à Château Renault : superficie de 17 000 mètres carrés. Un outil qui permet à Lestra de rester le numéro 2 en France sur le marché des articles de literie.
Malgré tout, Lestra est confronté à un obstacle notable, indépendant du marché : le poids des normes et les lourdeurs administratives. Eric Andrès, directeur général, constate : "On a besoin de règles claires, standardisées, nous connaissons notre activité un an à l'avance, les changements administratifs nous pèsent". Une versatilité handicapante à plus d’un titre pour nombre de PME.
LSDH, un poids lourd du conditionnement alimentaire
Ultime firme industrielle, LSDH, la laiterie de Saint Denis de l’Hôtel. On rentre là dans une autre catégorie, celle des ETI, les entreprises de taille intermédiaire.
Là encore une entreprise familiale dont l’histoire remonte à plus d’un siècle, avec une date clé dans son développement : 1984. LSDH devient un spécialiste de la stérilisation, mais une autre évolution caractérise la vie de cette société : sa dimension. Guillaume Desroches, développeur informatique et délégué syndical CFDT, détaille : "La philosophie de l'entreprise est de mettre en avant tous ses salariés, quand LSDH gagne, chacun gagne, il y a très peu de conflit et ils sont vite résolus".
Illustrations de cette démarche à vocation sociale : des animations variées et régulières, comme ce jour-là, un atelier découverte sur l’apiculture ou encore un shooting photo pour la création des prochaines cartes de vœux.
Certains salariés se prêtent au jeu en exposant leur ancien métier. Romain Camus, dont de nombreux autres membres de la famille travaillent également chez LSDH, explique : "Le PDG est proche de nous, il n'y a pas de différence de classe, on se mélange et il y a beaucoup d'évolution, on est toujours au goût du jour, on est obligé de se donner, c'est cool".
Dernière innovation importante du groupe : une serre high-tech dédiée aux herbes aromatiques. LSDH a développé un pôle végétal en étant pionnier sur le marché du bio.
Une philosophie et des ambitions toutefois désormais freinées par un cadre politique instable, comme l'explique Emmanuel Vasseneix, PDG de LSDH
On croule sous la réglementation alimentaire. Pourtant, l'enjeu est colossal. On nous parle de souveraineté alimentaire mais on ne s'en donne pas les moyens. Où est la vision (politique) ? Il n'y en a pas, tout au plus, limiter la casse.
Emmanuel Vasseneix
Un manque de choix politique clair qui entrave la dynamique de ces sociétés performantes et de l’écosystème local.
Aujourd’hui, la région Centre-Val de Loire compte 4 230 PME. Elles emploient 106 000 personnes.