Démantèlement nucléaire : le gendarme du nucléaire, l'ASN regrette un manque d'information d'EDF

EDF n'a pas fourni suffisamment d'informations à ce jour à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur la manière dont il envisage le démantèlement de ses centrales nucléaires en France, a regretté mercredi 22 févier, son président Pierre-Franck Chevet.

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Entre les trois exploitants (d'installations nucléaires civiles, à savoir EDF, Areva et le CEA, ndlr), celui sur lequel on a le moins d'éléments techniques pour porter un jugement sur la nature des opérations futures, sur leur faisabilité, sur leur crédibilité, y compris en terme de calendrier, c'est clairement EDF

a constaté le président de l'ASN, devant la Commission du développement durable de l'Assemblée nationale.
Et le président de montrer successivement le dossier fourni par EDF pour la stratégie de démantèlement de son parc de 58 réacteurs, puis celui fourni par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) pour ses sites, visiblement trois fois plus épais.
Pour évaluer le coût du démantèlement de son parc nucléaire, EDF extrapole pour l'ensemble des sites les charges estimées pour une centrale équipée de quatre réacteurs (méthode Dampierre, du nom de la centrale située dans le Loiret).

Quand on se pose des questions sur, +concrètement c'est quoi la méthode Dampierre, on n'a pas d'information ni sur la chronique, ni sur la nature des opérations qui sont prévues, leur séquencement, et donc (...) on a une difficulté", explique M.Chevet, tout en ajoutant que la "faisabilité technique" d'un démantèlement est "plutôt assurée".

L'ASN doit rendre cette année un avis sur la stratégie de démantèlement prévue par EDF

M. Chevet a toutefois validé l'argument d'EDF selon lequel le groupe prévoit des économies d'échelles découlant d'un effet de série lié à la standardisation du parc nucléaire français.
"J'en suis totalement convaincu", a-t-il dit, alors qu'un rapport parlementaire rendu public début février sur le démantèlement des centrales françaises s'étonnait d'un tel raisonnement. Le président de l'ASN a cependant estimé que ces gains d'échelle étaient "difficiles à mesurer" étant donné le dossier "relativement léger" fourni par EDF. Egalement auditionné mercredi par la Commission parlementaire, le directeur exécutif en charge du parc nucléaire et thermique d'EDF, Dominique Minière, a défendu que "l'évaluation des effets de mutualisation et de série a fait l'objet de deux contrôles indépendants", l'un par des auditeurs mandatés par le ministère de l'énergie en 2015 et l'autre par les commissaires aux comptes du groupe en 2016.

"Dans les deux cas, les auditeurs ont considéré les évaluations d'EDF comme appropriées voire prudentes", a-t-il indiqué, assurant que l'évaluation des coûts était "robuste".

Selon le rapport parlementaire, EDF estimait à fin 2015 à 75 milliards d'euros les charges brutes pour le démantèlement de l'ensemble de son parc en activité et des neuf installations en cours de démantèlement. De son côté, le groupe évalue plutôt à 60 milliards d'euros environ les coûts de déconstruction des derniers coeurs de réacteurs et de gestion à long terme des déchets radioactifs (dont le projet de stockage en profondeur Cigeo). Le président de l'ASN juge également que les informations transmises par l'électricien ne prennent pas suffisamment en considération les spécificités et l'historique de chaque réacteur. 

On l'avait demandé et, pour l'instant, le travail n'a pas été fait" alors que "beaucoup de difficultés que nous avons rencontrées dans les démantèlements en cours (...) sont liés à des spécificités de sites, a regretté M. Chevet.



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