De nombreux scénarios étaient anticipés pour le 1er tour, mais l'abstention record a redistribué les cartes. La droite se dirige conquérante vers ce second tour, tandis que la gauche et le RN espèrent raffler quelques cantons. LREM, lui, s'est pratiquement effacé à l'issue du 1er tour.
Le second tour des élections régionales et départementales a démarré ce dimanche 27 juin et comme dimanche dernier, l'échéance politique ne passionne pas les foules. Dans le Loiret, le taux de participation à 17h était de 27.4%, contre 29.4% lors du premier tour le 20 juin. Le taux définitif de l'abstention en région a été communiqué par Ipsos à 18h30 : 66.6%, très légèrement inférieur à celui constaté lors du 1er tour. Le Centre-Val de Loire a été, le 20 juin, l'une des cinq régions les plus abstentionnistes de France.
#Élections2021 départementales et régionales : taux de participation à 17h dans le Loiret : 27,45% pic.twitter.com/Sxu8EozUtG
— Préfète Centre-Val de Loire, préfète du Loiret (@Prefet45_Centre) June 27, 2021
La droite confirme sa mainmise
Selon notre journaliste sur place, Alain Heudes, les estimations et résultats tombés confirment largement l'hégémonie de la droite traditionnelle, Les Républicains, Union des Démocrates Indépendants ou Divers Droite. A Pithiviers, le président sortant du département, Marc Gaudet (UDI) a été plébiscité, avec 74% des voix, selon les résultats définitifs tombés à 20h55.
Ce sont les cantons les plus ruraux où la droite fait ses scores les plus hauts, comme l'a remarqué Marc Gaudet. LR affiche par exemple un score de presque 74% à Meung-sur-Loire et atteint 62% dans le Malesherbois, la liste DVD remporte 65% à Lloris. "Le conseil départemental est présent dans les territoires, en milieu rural, et ses politiques y sont plus visibles alors que dans la métropole, c’est plus dilué, l’impact n’est pas le même. Je pense aussi que le vote de la métropole est un vote plus politique quand, en milieu rural, on favorise l’homme et la femme qu’on connaît" a décrypté l'élu.
La gauche crée la surprise
La gauche parvient tout de même jusqu'au conseil départemental, en remportant largement Saint-Jean-de-Braye, 65% et Saint-Jean-de-la-Ruelle, 66%. Fleury-les-Aubrais a également basculé définitivement à gauche à 21h, avec 53% des suffrages emportés par le binôme PS/DVG. Pour l'instant, la droite s'impose dans tous ses duels face au RN, qui échouent pour l'instant à élire des conseils départementaux dans le Loiret.
Vraie surprise, à Orléans 3, où les résultats définitifs sont tombés juste avant 22h30 : le binôme PCF de Dominique Tripet l'emporte, avec à peine 105 voix d'écart et 50.79%. A Orléans 2, même scénario inattendu : la liste DVE (écologiste, ndlr) d'Hugues Raimbourg prend la tête, avec un tout petit 8 voix d'écart sur la liste LR. Une demande de recomptage est à anticiper de la part du parti défavorisé. Dans son 4ème canton, la ville qui a élu Serge Grouard - puis Olivier Carré, puis Serge Grouard - c'est pourtant le socialiste Baptiste Chapuis qui l'emporte, avec quelque 53% des voix.
Le Rassemblement National et La République en Marche sont logés à la même enseigne et laissés aux portes du conseil départemental. LREM échoue dans le dernier canton où il était présent au second tour, celui d'Orléans 1, où il est finalement battu de quelque 5%.
"Pas envie" ou pas confiance, les raisons de l'abstention
Avant le 1er tour, Ipsos/Steria explorait dans un premier sondage les motivations des abstentionnistes pré-déclarés, ceux qui étaient déjà sûrs de ne pas se présenter aux urnes. 39% d'entre eux déclaraient ne pas voir en quoi ce double scrutin pouvait changer leur quotidien. En deuxième et troisième positions, des arguments militants sur leur mécontentement envers la classe politique, et la difficulté de trouver un candidat qui leur corresponde. Les projections, pour le second tour, concernant ces abstentionnistes déclarés, sont sensiblement les mêmes.
Après le 20 juin, Ipsos a de nouveau conduit ce sondage, intégrant toutes les personnes qui n’étaient finalement pas allées voter. Un biais statistique qui modifie en profondeur le classement des motivations à l’abstention. 32% n’ont simplement "pas [eu] la tête à aller voter", ou ont finalement eu "envie de faire autre chose". On peut presque parler d’une abstention de routine. Mais l’abstention militante est toujours bien présente, en 2ème position. Le désintérêt pur et simple pour l’élection s’est hissé 3ème.
[A LA UNE A 18H] #regionales2021 & #departementales2021 l'abstention aux élections est dans la veine du premier tour, avec un rebond minime d'un peu plus d'un point de participation, et confirme sa montée en flèche vertigineuse depuis les scrutins de 2015 #AFP 1/5 pic.twitter.com/OvOVYdJtjt
— Agence France-Presse (@afpfr) June 27, 2021
L'ancien ministre et ex-président de la région Michel Sapin, en plateau face à notre journaliste Benoît Bruère a fortement réagi sur la remise en cause de la légitimité des élus au vu de la forte abstention enregistré. "Dire cela, c'est une erreur démocratique. La légitimité [des candidats élus ce soir] n’est pas remise en cause, l'affirmer serait remettre en cause la légitimité de toute notre démocratie, et c'est très grave" a argumenté Michel Sapin. Il s'est par ailleurs positionné pour la reconnaissance du vote blanc, tout en doutant que cela suffise à déplacer les électeurs vers les urnes.
Philippe Vigier, député UDI d'Eure-et-Loire, également présent en plateau, s'est lui déclaré en faveur du vote obligatoire. "Cette capacité de voter, de participer à la vie démocratique, c'est formidable ! Les femmes l'ont obtenu seulement en 1944" a rappelé l'élu.
Quelles tendances au premier tour ?
La droite était sortie largement victorieuse de ce 1er tour, en tête dans 17 des 21 cantons du Loiret, comptant notamment l'écrasante avance du président sortant Marc Gaudet, qui avait emporté 62% dans son canton de Pithiviers. "J'appelle les collègues à maintenir la pression" avait-il déclaré à l'issue du scrutin. Les quelques percées à gauche observées ça et là ont été le fruit d'une prime aux candidats déjà implantés sur le territoire, comme Baptiste Chapuis (PS), ou Dominique Tripet (PCF), à Orléans. La gauche est encore en ballotage dans 10 cantons.
Le RN, quant à lui, n'avait pas réalisé la performance espérée. Dans le Loiret, le parti de Marine Le Pen n'était en ballottage que dans 8 cantons, souvent largement devancé : dans 5 d'entre eux, au moins 15 points les séparaient de leurs adversaires. De son côté, LREM a été oublié des électeurs, ne se qualifiant pour le second tour que dans un unique canton, celui d'Orléans 1, où il a récolté 18% des suffrages.