France 3 Centre-Val de Loire se mobilise pour vous faire vivre la campagne des élections régionales 2021. Retrouvez en replay sur notre site le débat réunissant les sept candidats aux régionales, interrogés par nos journalistes et des électeurs sur leurs propositions pour le Centre-Val de Loire.

Ce mercredi 9 juin, France 3 a donné la parole aux sept candidats en lice pour prendre le fauteuil de président.e de région. Sécurité, santé, environnement… Ils ont eu l’occasion de détailler leur vision pour le Centre-Val de Loire. Mais la partie n’a pas été si facile : ils ont également été confrontés à des habitants, médecins, chefs d’entreprises, qui ont confronté leurs propositions à la réalité du terrain.

Cinq candidats étaient présents en plateau : 

  • François Bonneau, actuel président et candidat Parti Socialiste
  • Charles Fournier, ancien vice-président et candidat Europe Ecologie-Les Verts
  • Marc Fesneau, ministre, ancien député et candidat Mouvement Démocrate
  • Nicolas Forissier, député, ancien maire et candidat Les Républicains 
  • Alexksandar Nikolic, délégué départemental, conseiller municipal et candidat Rassemblement National

Deux candidates ont été interviewées en amont pour défendre leurs idées, interviews diffusées lors du débat :

  • Christelle de Crémiers, vice-présidente, candidate de la liste citoyenne Démocratie EcoLogique
  • Farida Megdoud, enseignante, militante et candidate Lutte Ouvrière 

Voir le replay du débat d'avant 1er tour :

Santé, sécurité, économie, environnement… Les grandes thématiques de ce débat joignent les préoccupations des citoyens et les propositions des candidats. Un sondage Ipsos/Sopra Steria pour France 3 place le système de santé, la délinquance et le chômage comme les questions les plus préoccupantes pour les habitants du Centre-Val de Loire. 

Un débat de plus en plus animé

La soirée a commencé sur une tranquillité de bon ton. La discussion sur le thème de la santé est restée un temps dans cette même ambiance de courtoisie mais, rapidement, les antagonismes et les alliances se sont dessinés sur le plateau. 

Relative amabilité d’abord, entre Marc Fesneau et Nicolas Forissier. Le candidat LREM et le candidat LR se sont peu attaqués directement l’un l’autre. Au niveau national, pourtant, leurs partis respectifs ne se privent pas de s’antagoniser. Au niveau local, des alliances se sont déjà faites, comme Provence-Alpes-Côte d'Azur, où le président LR sortant Renaud Muselier est aussi soutenu par En Marche. Selon le JDD, ce scénario pourrait se reproduire dans notre région, pour voler la vedette aux listes de gauche et du Rassemblement national qui jouent au coude-à-coude. Nicolas Forissier a tout de même précisé ne pas être à ce stade dans une "logique de rassemblement".

François Bonneau, en tant que président sortant, s’est retrouvé au centre de beaucoup d’attaques, notamment de la part de Marc Fesneau (LREM). Les deux candidats sont ceux qui se sont le plus renvoyé la balle, incombant la responsabilité de certains échecs tour à tour à la région ou au gouvernement. "Vous êtes devenu parisien, monsieur Fesneau", a d’ailleurs lancé François Bonneau, jouant sur l’argument installé de la "déconnexion" d’En Marche et de son président. Si le candidat PS s’est défendu bec et ongles, il a laissé le soin à son actuel vice-président et nouvel adversaire, Charles Fournier, de vanter le bilan écologique.

Le candidat EELV et François Bonneau ont peu bataillé l’un avec l’autre, préférant faire front commun pour vanter une action réussie, afin de ne pas se décrédibiliser auprès de leurs électeurs. L’enjeu, pour le candidat écologiste, a surtout été de marquer sa différence, en imposant l’écologie comme un sujet applicable à tous les autres enjeux.

Une tête de liste en plateau s’est retrouvée curieusement assez tranquille, comme l’a observé notre co-présentateur Arnaud Dénéchère (F. Bleu) c’est Aleksandar Nikolic, le jeune candidat du parti de Marine Le Pen. Les hommes d’expérience ont débattu entre eux, laissant le candidat RN vierge de tout bilan dérouler son programme, quand il est parvenu à imposer son temps de parole. Il s’est cependant montré moins convaincant et moins concret sur le sujet de l’économie et de la transition numérique. Aleksandar Nikolic est par ailleurs resté discret sur les thèmes abordés de manière plutôt vindicative par son parti, en anglant habilement ses réponses. Par exemple, sur le cas des médecins étrangers, il a préféré axer son argumentaire sur les différences de formation que sur le volet purement migratoire.

L’ensemble des candidats présents n’ont finalement fait que peu de cas des interventions des deux candidates des listes minoritaires, Farida Megdoud (LO) et Christelle de Crémiers (Démocratie EcoLogique). Ils n’ont pratiquement pas rebondi sur les interventions, filmées à l’avance, de leurs deux adversaires.

Si elles ont peu de chance d’accéder au conseil départemental, les deux femmes ont eu l’occasion de développer leur pensée politique. Farida Megdoud a notamment réagi sur le thème de l’insécurité, estimant qu’elle était avant tout un problème économique. “Aujourd’hui, la peur, c’est de perdre son emploi, de ne pas payer ses factures, de devoir aller faire la queue au restau’ du coeur”, a lancé la militante. Christelle de Crémiers, de son côté, a défendu la nécessité d’aller vers une économie sociale, et d’accompagner ses “concitoyens qui ont misé sur l’avenir” en créant une entreprise.

Santé : à qui la faute ?

Sur le volet santé, la discussion a beaucoup consisté à se renvoyer la balle et les reponsabilités. La région est en effet toujours le premier désert médical de France, comme l'a rappelé le candidat LR Nicolas Forissier. La question : la majorité au pouvoir depuis 23 ans est-elle responsable de la situation du Centre-Val de Loire ? Oui, disent presque unaniment les adversaires de François Bonneau, mais certains le rejoignent dans sa contre-attaque, dédiée à Marc Fesneau : l'Etat porte une lourde part de responsabilité. La santé est en effet d'abord une compétence régalienne, et le quinquennat d'Emmanuel Macron n'a pas été exempt d'économies sur l'hôpital public.

L'actuel président de région et l'actuel ministre se sont livré à une petite passe d'armes, notamment au sujet de la faculté d'ondotologie (formation des dentistes). Il y a deux semaines, François Bonneau disait à France 3 avoir engagé des discussions avec le gouvernement pour l'ouverture de cet établissement de formation. Il a affirmé sur le plateau que cette demande avait d'ores et déjà été refusée par le gouvernement. Marc Fesneau, en revanche, a pu glisser une petite phrase sous-entendant que cette discussion n'était pas encore close.

François Bonneau a souligné les efforts de sa majorité, avec l'ouverture de 107 Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP). Mais ce chiffre s'avère difficile à vérifier. Des communiqués de la région datés de juillet 2020 évoquent une centaine de MSP ouvertes, quand un tweet du président, daté du 20 avril 2021, félicite l'inauguration de la 112ème MSP.

Mais les candidats étaient globalement d'accord sur la hauteur de l'enjeu, et l'ampleur de la tâche restant à accomplir. François Bonneau a de nouveau avancé sa mesure phare du recrutement de 300 médecins salariés. Aleksandar Nikolic, le candidat RN, a réagi sur ce point. "Ça va vous surprendre, mais je ne trouve pas que le salariat des médecins soit une mauvaise idée" a-t-il déclaré, précisant qu'il pensait préférable de ramener le nombre de recrutements à 60 médecins, et ainsi d'assurer de leur présence définitive grâce à un salaire aussi attractif que les revenus de l'exercice libéral.

Bourses, spécialistes itinérants, augmentation du nombre de médecins formés, liens avec l'attractivité du territoire... Aucune des mesures citées plutôt consensuellement par les candidats n'ont trouvé grâce aux yeux du généraliste Olivier Ferrand, médecin dans le Cher. "Je ne suis pas du tout satisfait, on entend ces réponses depuis 20 ans. [Le vrai problème], ce sont ces difficultés d'installation. Je suis maître de stage, et j'ai formé une interne qui a dû partir parce que son mari n'a pas trouvé de travail dans le département."

La sécurité : la stratégie de la peur ?

La thématique de la sécurité devait, comme toujours, faire son apparition dans un débat pré-élection. Et même si elle ne relève pas de la compétence directe de la région, tous les candidats ont reconnu la problématique, chacun proposant des mesures là où la région est capable d’agir. François Bonneau a par exemple évoqué la sureté dans les transports et dans les lycées. Un point approuvé par Marc Fesneau :

Et si François Bonneau a renvoyé la responsabilité de faire plus au gouvernement, dont la sécurité est la responsabilité, d’autres candidats ont maintenu la thématique en première ligne. C’est le cas d’Aleksandar Nikolic, qui a joué la corde sensible : "Beaucoup de gens ont peur, et moi le premier, de savoir dans quel pays leurs enfants vont grandir", a-t-il affirmé. Avant de prétendre que "les violences volontaires ont progressé de 10% dans certains territoires".

Selon les chiffres que nous avons pu consulter, la hausse des violences dont il est question entre 2019 et 2020 se chiffre plutôt autour de +2% en région comme dans l'Eure-et-Loir, son territoire. Cette hausse est d'ailleurs en partie attribuable à l'augmentation des violences intrafamiliales, reconnue par tous les candidats.

Nicolas Forissier a lui-aussi fait de la sécurité sa priorité, et prévoit notamment la création d’un poste de vice-président dédié à la question. Il souhaite également de faire de la région "un pilote de la formation en cybersécurité".

Si la délinquance apparaît comme la deuxième question la plus essentielle pour les habitants du Centre-Val de Loire dans notre sondage Ipsos/Sopra Steria, elle l’est pourtant moins qu’ailleurs. Ici, il n'est citée par 31% des sondés, contre 40% au niveau national. François Bonneau n'a pas manqué de mettre en perspective les propos de son adversaire.

F. Bonneau : "Il ne faut pas avoir cette politique de la peur, jouer sur le sentiment d'insécurité.

A. Nikolic : Est-ce que le jeune tué à Montargis a eu un "sentiment" d'insécurité ? [Quand on vous entend], on comprend ce laxisme judiciaire !

F. Bonneau : Vous tiendrez ces propos devant des juges ? Ce n'est pas sérieux.

A. Nikolic : Oui. Quand des gens commettent 15 fois un délit grave, le code pénal n’est pas appliqué !"

En l'occurrence, dans le cas de la fusillade en mars dernier à Montargis, le tireur présumé venait de sortir de prison après une peine de 2 ans de détention provisoire, faute de juge d’instruction sur place. 

Charles Fournier a justement critiqué de son côté "des années de désengagement de l’Etat sur la police, la justice, la prévention", estimant que "la disparition des services publics, le déséquilibre entre les territoires… c’est aussi de l’insécurité".

Lors d’une courte intervention, Farida Megdoud a quant à elle fustigé "tous ces messieurs les politiciens en plateau qui cultivent le sentiment d’insécurité pour se faire élire et se dédouaner de leurs responsabilités". Pour elle, l’insécurité est le résultat de politiques ne mettant pas assez de moyens à destination de "l’emploi et la sécurité sociale des travailleurs".

Economie et transition numérique, un débat plus décousu

Peut-être à cause des exigences de l'antenne, le débat sur le volet économie et transition numérique n'a pas été le plus incisif. Farida Megdoud, la candidate Lutte Ouvrière, a brièvement déroulé la logique de son parti de gauche radicale. "Les actionnaires se sont enrichis. La première chose pour les travailleurs, c’est d'imposer la répartition du travail entre tous, d’exiger des augmentations de salaire, des retraites."

Nicolas Forissier en a pris l'exact contrepied quelques secondes plus tard, affirmant : "Améliorer la condition sociale, ça commence par les entrepreneurs qui créent l’emploi. Le Centre-Val de Loire a pris du retard. Que le soutien aux entreprises redevienne la priorité !", a-t-il appelé de ses vœux. Christelle de Crémiers, de la liste citoyenne, a poursuivi cette logique en la portant à un niveau plus local. "Nous avons identifié 30% de croissance de créations d'entreprises. Notre objectif, c'est d'accueillir ces premières créations d'entreprises, parce que nos concitoyens ont misé sur l’avenir, et c’est notre rôle de les accompagner."

François Bonneau, lui, a mis l’accent sur la relocalisation par l’excellence. “Je veux aller plus loin. Faire que des activités en Chine et en Inde reviennent. ça passe par la digitalisation, l’innovation, la compétence” a-t-il avancé. Il a également vanté un partenariat récemment signé avec le CNRS, rassemblant des chefs d’entreprises et des chercheurs, pour valoriser à la fois le progrès scientifique et le potentiel “emploi” qu’il peut représenter. 

L’intervention d’Aleksandar Nikolic sur le sujet a été quelque peu lunaire. Il a profité de ce moment pour glisser une mesure inattendue : la création d’un gigantesque parc dédié à De Vinci mêlant attractions, technologie, tourisme et patrimoine.

Enfin, Charles Fournier et Marc Fesneau se sont offert une discrète bagarre autour des industries automobile et aéronautique. “On a besoin d’un accompagnement de proximité, au cas par cas, qu’on identifie les commerces touchés. Je pense aux restaurateurs, à l’aéronautique, à l’automobile. Il faut travailler avec ces entreprises et ne pas les abandonner. Je le dis à monsieur Fournier, il ne faut pas faire la chasse à l'aéronautique, nous sommes une région très performante, et dépendante de ce point de vue” a piqué le ministre Fesneau.

Charles Fournier (EELV) devait s’attendre à être attaqué sur le sujet, car il a rapidement attaqué et contré le non-dit de cette remarque : non, l’écologie n’engendrera pas de chômage :

Ecologie : positive ou punitive ?

Après avoir tenté d’amener le sujet sur la table au cours du débat, Charles Fournier aurait pu profiter en partie de cette dernière partie de l’émission, axée sur l’environnement. Mais en tant qu’écologiste au sein de la majorité, il a encaissé les balles de ses adversaires, qui dénoncent une écologie négative : "Qui est suffisamment vertueux en matière de transition dans le monde ?", s’est d’abord interrogé Nicolas Forissier, avant d’enchaîner :

Aleksandar Nikolic a lui aussi fustigé le bilan environnemental de la majorité sortante, pointant du doigt "une écologie qui punit nos agriculteurs, le pouvoir d’achat des citoyens, et nos entreprises". Ni le candidat LR ni le candidat RN n’ont, pour appuyer leurs accusations, utilisé de cas concrets. 

Charles Fournier a dû défendre le bilan de la majorité, tout en se démarquant d’elle pour trouver sa propre voix au milieu du débat. Pour lui, l’écologie n’est pas la punition, "c’est l’absence d’écologie qui est une punition, surtout pour les plus vulnérables". Il prône ainsi une écologie sociale, portée par des opportunités économiques, à l’instar des emplois créés par "la rénovation des 30 000 logements par an pour atteindre nos objectifs de la COP21".

Le candidat EELV n’a en revanche pas explicité sa volonté de faire mieux que la majorité sortante, ne parlant pas des 10 à 15 millions d'aides distribuées par la majorité qui chaque année restent sans "aucun effet bénéfique social ou environnemental", comme l'affirme le groupe écologiste, et qu'il évoquait sur France 3 il y a une semaine.

Pour Christelle de Crémiers, "la région a toutes les compétences" pour "sortir d’une économie qui veut produire plus, vers une éco qui se diversifie qui crée du lien social".

Marc Fesneau a, de son côté, affirmé son intention de doubler le budget destiné à accompagner les agriculteurs dans leur transition vers le biologique. Une promesse qui détonne avec la politique menée par le gouvernement, auquel appartient Marc Fesneau. "Lors de la négociation préalable, nous avions fait des propositions. Elles n’ont pas été retenues. Nous avons été traités avec mépris", affirmait il y a une semaine Loïc Madeline, de la Fédération nationale d’agriculture biologique à nos confrères du Monde, à propos d'une réunion de présentation des arbitrages de la PAC organisée par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. Ce dernier a d'ailleurs reconnu que l'objectif brandi par Emmanuel Macron d'atteindre 15% d'agriculture biologique à la fin du quinquennat ne serait pas atteint.

 

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