Régionales 2021 : confiant sur son bilan, François Bonneau mise de nouveau sur le volet santé

Pour les élections, qui se dérouleront les 20 et 27 juin 2021, François Bonneau, qui tient la région Centre-Val de Loire depuis 20 ans, capitalise sur des promesses fortes côté santé. Dopé par une bonne appréciation générale de son bilan, le candidat de la liste de gauche se dit confiant.

"Confiance et détermination ! Cette région, le sondage le montre, a su répondre aux attentes de nos concitoyens. On a forgé l'identité régionale, un plaisir d'être ensemble. Souvenez-vous les 500 ans de la Renaissance, où la Loire à vélo, 1,2 millions d'utilisateurs... On est dans une identité qui est affirmée, qui me donne la détermination de poursuivre." François Bonneau est chaud comme la braise.

François Bonneau, le "gars sérieux"

A 67 ans, le candidat de la gauche (sans les écologistes) préside la région depuis 2007 - deux mandats et demi et 13 ans aux manettes. Arrivé dans le fauteuil suite à la démission de Michel Sapin, devenu député, il gagne sa légitimité électorales aux élections de 2010, et de 2015. Lors de son premier discours en tant que président, cet ancien conseiller d'orientation désigne la formation des jeunes comme sa priorité. En 2015, après avoir mené l'union de la gauche à la victoire, il vante "un bilan de progrès dans un monde difficile".

La santé était déjà devenue un point majeure de sa politique régionale puisqu'à cette date 38 Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP) avaient déjà été construites. Le Monde estimait alors que la région avait battu "un record" en augmentant le nombre de professionnels de santé formés chaque année. Parmi les promesses non-tenus figuraient, par exemple, l'absence de création d'un "pass contraception", ou la modernisation des transports publics régionaux. Des thématiques sur lesquelles sa majorité régionale a depuis progressé.

François Bonneau est visiblement toujours estimé des habitants de sa région. Le sondage auquel il se réfère, réalisé par IPSOS pour France Bleu, indique que 63% des sondés trouvent le bilan de la majorité de gauche "bon" ou "excellent". Rare, dans un paysage politique où la défiance a gagné les électeurs. "Deux tiers d'habitants qui disent "c'est un gars sérieux", ça m'encourage", savoure le candidat.

La santé, une préoccupation majeure en Centre-Val de Loire

Pour sa troisième campagne, François Bonneau a tout misé sur le volet santé, avec des annonces qu'il veut fortes. "Parce que c'est une priorité pour la région, au regard du défi de la présence médicale, et parce que c'est la priorité numéro 1 de nos concitoyens qui veulent avoir la certitude que demain, ils pourront disposer d'un médecin et d'un système de soin."

Numéro 1 est peut-être un léger abus de langage, mais, effectivement, le système de santé se dispute à la délinquance comme le sujet de préoccupation principal des habitants de la région (1% d'écart). Pour ce qui est du défi, en revanche, le terme est bien choisi. Malgré ses efforts, le Centre-Val de Loire est toujours l'un des territoires les plus touchés par la désertification médicale.

La santé, c'est aussi un habile moyen de se distinguer : "C'est original, la plupart des régions n'ont pas choisi d'intervenir dans ce domaine, assure François Bonneau. Je mets en avant une mobilisation volontariste, pour des défis et des enjeux qui sont au coeur du développement régional et de l'attractivité de notre région."

300 nouveaux médecins salariés, "la mesure la plus visible"

De son programme, François Bonneau nous détaille quatre mesures phares, certaines déjà engagées dans le cadre de son bilan en cours.

  • La création de 300 médecins salariés répartis à travers les territoires
  • La formation massive d'aides-soignant.e.s, d'infirmier.e.s et de kinésithérapeutes supplémentaires
  • La création d'une faculté d'odontologie (médecine dentaire)
  • L'installation de 20 chefs de cliniques assistants pour une formation des internes en médecine sur le territoire régional

François Bonneau dit avoir déjà lancé la première phase de sa "mesure la plus visible", le recrutement de ces 300 médecins en salariat. "J'ai engagé l'information en direction des collectivités territoriales. Plus de 60 d'entre elles, en l'espace de quelques mois, ont délibéré sur le fait qu'elles voulaient travailler avec la région pour installer ces médecins" assure l'élu.

Un travail qu'il estime complémentaire de celui mené dans les maisons de santé, qui accueillent, elles, des médecins libéraux. "On va continuer à accueillir aussi ces libéraux : on vise l'installation de 125 MSP supplémentaires. Mais parallèlement - certains diraient en même temps -, s'amuse le candidat, je veux que ces jeunes médecins qui pensent au salariat et qui sont aujourd'hui un certain nombre, soient captés et mis au service de nos habitants."

Autour de lui, et surtout dans l'opposition, on se permet de douter. Par quel miracle cette région qui a continué de se désertifier, y compris pendant les mandats du président PS, deviendrait-elle un oasis médical ? François Bonneau dit avoir de nouveaux atouts dans sa manche. "J'ai signé une convention, et c'est récent, avec l'association des internes de notre fac de médecine. Elle va nous permettre de sensibiliser les jeunes à ce que l'on fait dans nos MSP, c'est vraiment la médecine de demain !" insiste l'élu. A ses côtés également, l'APEC, l'association pour l'emploi des cadres, engagés pour faciliter l'éventuelle mutation d'un.e conjoint.e cadre lors de l'arrivée d'un médecin.

"Puis, par rapport à l'attractivité, j'ai mobilisé deux structures pour nous accompagner partout dans les territoires pour faire de la veille et du recrutement, ce sont nos chasseurs de tête. Voilà l'arsenal ! Nos collègues ont raison de se demander si on va y arriver, mais ce n'est pas parce que c'est difficile qu'il faut rester les deux pieds dans le même sabot" provoque le président.

D'autres mesures santé "tout aussi massives"

Autre disposition destinée à faire impact : "la mobilisation pour un accroissement très important du nombre d'infirmier.e.s et d'aides-soignant.e.s formés, et du nombre de kinés formés. Je vous donne juste un chiffre : depuis que l'Etat a rendu cette responsabilité à la région, on est passés de 800 infirmières formées, à 1300, et l'objectif c'est d'être à 1500 dès 2025. Mais surtout, on projette la formation dans les territoires. Au lieu d'aller chercher des professionnels au Portugal ou en Espagne, comme on a parfois dû le faire, je vais ouvrir prochainement, à Chinon, une formation d'aides-soignantes. Parce que dans les bassins de vie, il y a des besoins qui ne sont pas pourvus."

Il faudra cependant encore esquiver un obstacle. Selon le Baromètre des salaires de la santé d'Appel médical, en 2019, le Centre-Val de Loire offrait des salaires parmi les moins élevés de France à ses infirmier.e.s et aides-soignant.e.s, malgré une récente augmentation.

François Bonneau s'est également engagé à la création d'une faculté entièrement dédiée à médecine dentaire (odontologie), aujourd'hui enseignée à l'université de médecine de Tours. "Je me bats comme un malade là-dessus, je trouve insupportable qu'une région comme la nôtre, 2.6 millions d'habitants, n'ait pas droit à la formation de dentistes. On dépend de Clermont ! J'ai donc demandé à Frédéric Vidal de créer dans notre région une faculté qui formerait entre 40 et 60 dentistes par an. C'est notre besoin, il faut que ça se passe, et que ça se passe vite" presse le candidat de la gauche.

Enfin, le candidat de la santé dit aussi penser aux hôpitaux. "Je veux augmenter l'attractivité de nos hôpitaux pour l'internat, et c'est la raison pour laquelle la région va co-financer ces 20 postes de chefs de clinique assistants, pour l'accueil de ces internes en médecine." Avec l'espoir de donner à ces jeunes médecins l'envie de s'installer chez nous.

Jeunesse, transports, environnement : une seule et même problématique

Sorti de sa thématique phare, nous avons demandé à François Bonneau de nous désigner d'autres points saillants de son programme. "La jeunesse, les transports, et l'environnement. Je lie les trois car nous allons concrètement aider ces jeunes, qui paient un tribut très très lourd à la crise, qui sont souvent dans une précarité importante. Au cours de ce mandat, nous avons pris l'engagement de rendre les transports scolaires gratuits. On l'a fait, on est les seuls, de l'école au lycée. Là, je prends un engagement fort, celui de rendre l'accès à tous les cars et trains REMI gratuit pour les 18-25 ans."

Cette mesure est censée faire d'une pierre deux coups, en permettant aussi aux jeunes de préférer le transport collectif, moins polluant que la voiture. "Ils ont besoin de traduire aussi leur préoccupation pour l'environnement, avec un engagement qui est merveilleux, et il faut leur donner des possibilités de le faire, et comment le faire mieux ?" Le candidat veut aussi miser, entre autres, sur le circuit court dans les cantines lycéennes.

Le point commun entre toutes ces mesures, c'est qu'elles sont ambitieuses et forcément, elles ont un coût. Pourra-t-on faire tenir les désirs éléctoraux dans les réalités budgétaires ? "Là où il y a des coûts supplémentaires, on y fait face. On bien calculé les choses, assure le président avec la malice des habitués. La mesure qui touche au transport gratuit des jeunes, c'est une mesure lourde, et en déploiement complet, elle pourra avoir un coût de 15 millions d'euros. C'est comparable au coût qu'on a su assumer pour les transports scolaires. Notre région est bien gérée, et on va continuer de bien la gérer."

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