"Une école qui ferme, c'est un village qui meurt" : les écoles hors contrat au secours des communes rurales

Alors qu'il est de plus en plus compliqué pour les communes rurales de conserver les services essentiels à leurs habitants, la multiplication des écoles hors contrat offre la possibilité d'un modèle alternatif... mais qui n'est pas gratuit.

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Elles sont chaque année plus nombreuses. Le nombre d'écoles hors contrat, méthode Montessori en tête, a bondi en à peine dix ans, notamment en milieu rural. A la rentrée 2018, 157 nouveaux établissements avaient ouvert leurs portes, selon l'association Créer son école. En 2017, on comptait "seulement" 122 nouvelles ouvertures. 
 

Des écoles privées pour faire revenir les familles

Et ce n'est pas fini : en septembre 2019, en Indre-et-Loire, la commune de Céré-la-Ronde (450 habitants) va voir s'installer une école Montessori dans le bâtiment municipal affecté auparavant à l'une des deux classes de primaire de l'école publique. "Une école à une seule classe, c'est une école qui ferme", diagnostique le maire, Jacques Duvivier, au téléphone. "Et une école qui ferme, c'est un village qui meurt."
 

Décidé à se battre pour le maintien des commerces, des services, et de la vie associative du village, le maire a participé activement à cette installation. "Le choix de la pédagogie Montessori participe à cette sauvegarde du village", se félicite l'élu, qui attend de cette pédagogie "excellente, complétement différente" un meilleur développement des enfants, avec notamment l'objectif qu'ils soient initiés plus tôt aux langues étrangères comme l'anglais.

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"Les gens veulent retourner à une autre manière de vivre"

Dans le Loiret, Anaïs Hocq a elle aussi vu une nouvelle population s'installer. Son école, l'Arbre enchanté, a été la première fondée dans le Loiret, en 2011. A l'époque, elle essuie un peu les plâtres, mais admet que la méthode Montessori, dans toute sa diversité, est un peu mieux accueillie depuis un ou deux ans. A Fay-aux-Loges, tout près de la forêt d'Orléans, l'école attire "les parents qui souhaitent avoir une relation particulière avec l'équipe enseignante, qui partagent une manière de voir les choses, notamment sur la prise en compte du rythme de développement de l'enfant, mais qui souhaitent aussi trouver un cadre, des repères, des règles, ce qui nous paraît également important."

Et en tant que directrice pédagogique, Anaïs Hocq a effectivement vu venir certaines familles de loin, "y compris de Paris !", pour que leurs enfants soient scolarisés à Fay-aux-Loges, voire pour y emménager. Elle les décrit comme des "gens motivés, prêts à faire des choix de vie", et qui trouvent dans cette petite commune de 3700 habitants l'environnement idéal pour fonder un foyer.

A Céré-la-Ronde, Jacques Duvivier confirme cette impression. Outre l'aspect pédagogique, ces écoles hors contrat ont l'avantage d'attirer de nouvelles têtes à la campagne, notamment ces néo-ruraux qui espèrent retrouver loin des centre-villes un cadre de vie plus agréable. "Souvent, ils sont aussi très sensible au mouvement autour de la protection de la biodiversité, des énergies renouvelables", ajoute Jacques Duvivier. "Les gens veulent retourner à une autre manière de vivre."
 

Des enseignements variés... mais à quel prix ?

 Mais la méthode Montessori, bien qu'elle-même divisée entre plusieurs courant, est loin d'être la seule représentée par les écoles hors contrat. En région Centre-Val de Loire, la majorité des écoles hors contrat étaient jusqu'à récemment des établissements catholiques d'enseignement traditionnel. A ce paysage se mêlent également des écoles dont les fonds proviennent de mécénats privés, comme l'association Espérance banlieue, ainsi qu'un petit nombre d'écoles de confession musulmane.

Outre l'enseignement lui-même, les établissement hors contrat se distinguent aussi par leur prix, qui peut varier de 1200 à plus de 2000 euros par an et par enfant. Ne recevant par définition aucun soutien financier de l'État, les écoles hors contrat doivent en effet assurer elles-mêmes leur fonctionnement autour d'un petit nombre d'élèves. Si les familles qui recherchent ce service sont probablement prêtes à en payer le prix, ce n'est pas forcément le cas des foyers les moins bien lotis, susceptibles de souffrir du recul de l'école publique dans les campagnes.
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