En septembre 2018, une école qui adopte la pédagogie Montessori ouvrira à Orléans. Origines, avantages, critiques : qu'est-ce que cette méthode qui a le vent en poupe ?
Le 20 mars aura lieu la première réunion d'information et d'inscriptions autour du projet d'école Montessori, qui devrait ouvrir à Orléans à la rentrée 2018.
Le projet est porté par trois couples de parents - dont deux ont un enfant en situation de handicap - qui se sont constitué en une association au nom qui évoque Saint-Exupéry : le renard et la rose.
Leur but, pouvoir offrir une scolarité satisfaisante à leurs enfants handicapés en inversant le modèle : le but est d'accueillir des élèves "valides" dans une école pensée pour les élèves avec un handicap. Ils veulent cette école maternelle et primaire "laïque, inclusive et innovante".
Sur la plateforme de financement participatif Ulule, l'association a dépassé ses objectifs : 16 300 euros récoltés pour une demande de 10 000 euros.
Les enfants, avec un ratio de trois élèves valides pour un élève avec un handicap, seront séparés en deux classes d'une vingtaine de place : l'une réservée aux 3-6 ans et l'autre pour les 6-11 ans. Les frais de scolarité seront de l'ordre de 400 euros par mois.
Ont été recrutés deux directrices, un éducateur spécialisé, une trentaine de bénévoles. Mais surtout, au coeur du dispositif : deux éducateurs et deux assistants formés à la pédagogie Montessori. Qu'est-ce que cette nouvelle pédagogie très en vogue ? France 3 vous explique !
D'où vient la "méthode Montessori" ?
Elle a été initiée par l’italienne Maria Montessori, docteure en médecine, psychiatre, anthropologue, militante socialiste et féministe au début du XXème siècle.
En 1896, elle devient l’une des premières femmes médecin d’Italie. Elle obtient ensuite un poste dans la clinique psychiatrique de l'Université d'Europe, où elle côtoie notamment des enfants handicapés, confinés dans des salles sans que la moindre activité ne leur soit proposée. Elle finit par en déduire qu'une partie de leurs difficultés de développement n'a pas une cause médicale mais pédagogique.
Elle développe donc la sienne, basée sur un principe : "L'enfant n'est pas un vase que l'on remplit, mais une source qu'on laisse jaillir." Il s'agit donc de stimuler l'enfant. L'éducation Montessori ne se concentre pas seulement sur le développement des capacités intellectuelles, mais aussi physique, social et émotionnel.
Concrètement, comment ça fonctionne ?
Pour anticiper l’arrivée dans des établissements à pédagogie classique, la plupart des écoles Montessori s’astreignent à globalement suivre les programmes. En principe, des exercices préliminaires sont délivrés en début d’année. La spécificité de cette pédagogie consiste essentiellement à autonomiser les enfants sur trois choses : l'espace, le matériel, et la gestion du temps.
Dans la classe, les enfants circulent librement, peuvent aller aux toilettes quand bon leur semble, changer d’activité à leur rythme. L’éducateur circule pour leur en proposer de nouvelles, leur fournir des explications. Ils peuvent aussi observer les activités des autres.
Un matériel spécifique à la méthode est mis à leur disposition. La pédagogie Montessori étant surtout destinée aux plus jeunes, ce matériel se compose de cubes, d'objets emboîtables, des lettres découpées dans différents matériaux... Cet équipement est adapté à différentes catégories : matériel de vie pratique, sensoriel, du langage, des sciences, de l'histoire-géographie, de musique et d'art.
La logique de Maria Montessori est qu'il est illusoire de penser qu'on puisse attirer et fixer l'intérêt d'un enfant de la même manière qu'un adulte. Les outils et les activités Montessori sont censées créer un terrain sensoriel favorable à l’apprentissage à venir des compétences scolaires classiques.
"Dans la pédagogie Montessori, chaque matériel est étudié soigneusement pour apporter à l’enfant des compétences directes : transvaser des graines, verser de l’eau, couper du papier, ranger sa chaise (…) mais aussi et surtout des compétences indirectes. C’est toute la subtilité du matériel : derrière le fait de verser des pois chiches avec une cuillère, nous travaillons le délié du poignet, derrière la prise des cylindres nous musclons les trois doigts de l’écriture, derrière le fait de laver la table en mouvements concentriques, dans le sens anti-horaire, de haut en bas et de gauche à droite, nous travaillons le sens de l’écriture…" peut on lire sur le blog enfance-positive, consacré au sujet.
Controverses et critiques
Une méthode pour les élites ?
Cependant, l’intérêt pour la méthode Montessori allant crescendo, certaines écoles Montessori se sont placées sous le contrôle de l’état et rendues de ce fait plus accessibles, c’est par exemple le cas à Roubaix, Rennes ou Bordeaux.
Une association a vu le jour en 2015, Public Montessori, qui veut accompagner les enseignants du public souhaitant s’inspirer de ces méthodes.
- Des élèves livrés à eux-mêmes ?
Dans la pédagogie Montessori, l’éducateur a un rôle d’observation, de guide, mais doit imposer un minimum de contraintes à l’enfant. D’où la crainte de certains détracteurs ou sceptiques de voir des enfants livrés à eux-mêmes, qui ne parviennent pas à fixer leur concentration et n’y sont pas forcés.
C’est un risque de cette méthode, qui dépend beaucoup de la personnalité de l’éducateur, de sa façon de concevoir son rôle et de l’attention qu’il accepte de prêter aux enfants.
- Des établissements hors contrôle ?
Pour ouvrir, les écoles Montessori ont besoin d’une décision du rectorat, et de la validation d’une commission de sécurité. Mais, dans la logique du fonctionnement hors contrat, la pédagogie n’y est souvent pas contrôlée.
Certains professionnels recommandent donc aux parents de visiter l’école avant d’y inscrire leur enfant, afin de vérifier que le matériel et conforme, et de s’assurer de la formation des enseignants. L’adhésion de l’établissement à l’Association Montessori de France (AMF) est également un gage de sérieux.