Avant l'Amérique du sud, le Dakar a sillonné l'Afrique. Avant les constructeurs, il y a eu des pilotes lancés seuls ou presque sur des pistes mal tracées. Avant eux, des pionniers comme les frères Marreau, partis en 4L écrire leur légende.
Une Renault 4 bariolée de jaune, d'orange et de noir, lancée à 130 km/h sur le sable donnant l'impression de pouvoir s'envoler au moindre monticule au vu de ses dimensions ridicules: l'image appartient au livre de souvenirs du rallye-raid, qui fête ses 40 ans samedi.
Vainqueurs de l'édition 1982, les frères Marreau ont connu quatorze Dakar, une "course faite pour nous", se souvient Claude, le pilote. Avec Bernard, l'aîné, ils ont été les "renards du désert" de 1978 à 1993, deux frangins rebelles qui rivalisaient avec les 4x4 grâce à leurs astuces de bricolos et leur connaissance du terrain. "Quand on traversait le désert et que tout le monde était paumé, nous, nous étions dans notre jardin", explique Claude, toujours reconnaissable par sa barbe fournie et ses longs cheveux.
Quand tu te retrouves face au désert sans la boule au ventre... On avait un avantage.
Surnommés les « Renards du désert », ils ont gagné le Rallye Paris-Dakar en 1982 avec une Renault 20 Turbo 4X4 préparée par leurs soins
L'année de leur victoire, ils battent en R20 le Belge Jacky Ickx, alors auréolé de cinq victoires aux 24 heures du Mans et accompagné de l'acteur Claude Brasseur en Mercedes. La petite française plus rapide que la grosse allemande... "Belle auto, mais c'était du charronnage! On était entre la mécanique africaine et la mécanique top niveau de compétition", se rappelle Claude.
Ickx prend sa revanche l'année suivante, mais la renommée des Marreau auprès du grand public est faite, comme la récompense d'un parcours entamé quand le Dakar n'existait pas encore, dans un garage de Nanterre en banlieue parisienne. Quand les deux frères titulaires d'un CAP de menuisier-carrossier reprennent le garage du père au début des années 60, ils se font une promesse: faire le tour du monde après sept ans de "galère" dans l'atelier. "J'étais révolté contre une vie que je ne voulais pas avoir", explique Bernard.
En Inde en 4L
En 1967, ils se lancent en 4L dans leur tour du monde, finalement arrêté en Inde, et depuis, ils n'ont toujours pas coupé le moteur. Après avoir battu le record de la traversée de l'Afrique entre Le Cap et Alger en 1971 (8 jours, 22 heures et 18 minutes, à une moyenne de 72 km/h), ils sont les premiers à s'inscrire au nouveau rallye créé par Thierry Sabine en 1978, dont l'esprit de "+démerde+" leur convient totalement.
La 4L, "la voiture de tout le monde mais totalement modifiée" (Claude) avec un moteur plus puissant, des suspensions meilleures et un réservoir plus large emprunté à... Maserati, s'élance le 26 décembre sous la pluie, esplanade du Trocadéro, avec peu de vivres et quelques pièces de rechange. En Afrique, "on mangeait partout où on pouvait. Et le soir, on n'avait pas de chambre", détaille Bernard. Le manque de confort, la peur? "Quand tu prends le départ, tu enlèves tous les fusibles. Il n'y a plus de fusibles", répond Claude.
La R4 N.131 termine deuxième auto à Dakar. L'année suivante, les frères Marreau font 3e, pour leur dernier rallye-raid en 4L. Aujourd'hui, celle-ci repose dans le garage de Claude, dans l'Eure-et-Loir, mais sa peinture est intacte, jusqu'aux autocollants des sponsors, comme prête pour un nouveau périple. Ça tombe bien, Bernard et Claude, respectivement à 76 et 73 ans, repartent pour un rallye d'exhibition, en R12, au Maroc en mai, 25 ans après leur dernière ensemble.
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