France 3 Centre-Val de Loire se mobilise pour vous faire vivre la campagne des élections départementales 2021. Retour sur les temps forts du débat entre quatre candidats d’Eure-et-Loir, une émission animée ce lundi 14 juin par Xavier Naizet et Antoine Wernert de France 3.

Pour ce 4e débat consacré aux élections départementales, France 3 Centre-Val de Loire donnait la parole à quatre candidats de l’Eure-et-Loir (par ordre alphabétique) :

Un plateau entièrement masculin, comme l’ont fait remarquer en préambule les deux présentateurs. Les candidats ont réagi en expliquant que ce n’était pas un choix de leur parti respectif mais un concours de circonstances entre obligations professionnelles, la décision des femmes de ne pas participer au débat télévisé ou bien qu’elles étaient déjà prises par les élections régionales.

Le candidat LR a, lui, taclé France 3 Centre-Val de Loire en constatant que la présentation était assurée par... deux hommes.

L’âge de Claude Térouinard

Le débat s’est ouvert ensuite avec une question non sur le fond, mais sur une personne : Claude Térouinard, président sortant du Conseil départemental d’Eure-et-Loir, candidat à sa succession sur le canton de Brou. Il a fêté le 8 mai dernier ses 84 ans.

Rémi Martial, venu en partie défendre le bilan du Conseil départemental, a réagi immédiatement en soulignant à quel point Claude Térouinard était “jeune et vif d’esprit”. “Ce président a modernisé notre département comme jamais nous ne l’avions connu en seulement un demi-mandat.

En 2015, c’est en effet Albéric de Montgolfier qui avait été élu à la tête de l’Eure-et-Loir. Fraîchement élu sénateur en 2017 et ne pouvant cumuler les mandats, il avait démissionné. C’est Claude Térouinard qui avait alors pris la relève.

Assurant ne pas se concentrer sur la question de l’âge, Stéphane Cordier et Eric Laqua ont exprimé à leur façon leur volonté de renouveler le paysage politique départemental : la droite est en effet au pouvoir en Eure-et-Loir depuis 1986.

Quand la parole a été donnée à Gérard Leray, la tension est alors montée d’un cran : il a décrit Rémi Martial comme un “professionnel de la politique”, ce dernier rétorquant ensuite à l’écologiste qu’il était un “professionnel de la polémique”.

Le bilan de M. Térouinard depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2017, c’est un champ de ruines”, a asséné le candidat Eure-et-Loir Ecologie avant de poursuivre : “Une politique de nettoyage des services départementaux a été menée à partir de 2018, les effets ont été désastreux.

Des propos que le candidat LR a jugé “graves” et “sans fondement”. Après une moment de brouhaha où s’entrechoquait un “taisez-vous” à “je ne suis pas votre élève”, Rémi Martial a accusé Gérard Leray d’être parachuté dans le canton de Chartres-1.

Le projet d’autoroute A154

Le débat a pu ensuite reprendre pour se concentrer sur le sujet de friction majeur dans le département : le projet de l’autoroute A154, qui a occupé une grande partie de l'émission.

En Eure-et-Loir, la nationale 154 relie notamment Dreux à Chartres. C’est cette section - plus précisément depuis Nonancourt au nord-ouest de Dreux à Allaines au sud-est de Chartres - qui pose problème depuis plusieurs décennies.

D’un côté, le Conseil départemental d’Eure-et-Loir et les élus de droite soutiennent la transformation de cet axe en autoroute pour “contourner Chartres et Dreux” ainsi que le Grand Paris, “améliorer les transports” et “faciliter le transit de tous ces camions qui traversent l’Eure-et-Loir”, détaille Rémi Martial.

Il affirme par ailleurs que "deux tiers du trafic de la 154 est un trafic de transit c’est-à-dire des véhicules qui ne font que traverser notre département [...] Beaucoup de ces véhicules sont des camions."

Il est difficile de vérifier cette donnée. Cependant, les observations portées lors de l’enquête publique sur le projet d’autoroute indiquent que le transit représenterait un tiers du trafic de la RN 154. Par ailleurs, en 2019, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement indiquait sur son site internet que “la section de la RN154 entre Dreux et Chartres est un axe routier très chargé en termes de trafic. Environ 18 000 véhicules par jour y circulent, dont 22 % de poids-lourds.

Les poids-lourds sont l'un des problèmes centraux. L’objectif de cette autoroute pour le Conseil département est de “limiter les nuisances causées par tous ces transports de camions qui traversent nos villages.” Rémi Martial insiste par ailleurs sur l’aspect environnemental en affirmant que cette autoroute permettra “de créer un corridor écologique”.

Les autres débatteurs reconnaissent les difficultés de circulation aux abords de Dreux et de Chartres et la nécessité de trouver une solution. Mais pour eux l’autoroute n’en est pas une, et ils s’accordent sur le maintien de la gratuité. 

Stéphane Cordier pointe du doigt le coût pour les usagers : "Pourquoi les Euréliens devraient acquitter quotidiennement un péage pour se rendre à Chartres ou à Dreux alors que nous avons déjà payé cette 2x2 voies gratuite par nos impôts ? Donc on va nous la faire payer une deuxième fois quand on devra l’utiliser."

Le candidat d’extrême-droite abonde “pour la gratuité. Aujourd’hui la plupart des euréliens ne gagnent pas 5.000, 6.000, 10.000 euros par mois.

Quant à Gérard Leray, il met en avant le coût du péage mais aussi le prix du projet issu de “la politique des années 70” : “Je crois que les gens sincèrement honnêtes ne peuvent que s’opposer à cette folie qui va coûter 1.000.000.000 €.” Selon le dossier d'enquête de 2015, l'investissement de la mise en concession s'élèverait à 922,8 millions €.  

Tous les trois préféreraient l’option présentée par Stéphane Cordier à savoir le maintien en 2x2 voies gratuites, avec des contournements au niveau de Chartres, Dreux et Saint-Rémy-sur-Avre. 

Eric Laqua met en avant l’argument écologique : “A 110 km/h, on pose moins de dégâts en termes de combustion de carburant qu’à 130. Donc il faut partir du principe que cette route, il faut la maintenir telle quelle.

Le débatteur socialiste avance, lui, la question de la sécurité, tout comme le candidat écologiste : “Il est quantité de poids lourds qui ne pourront pas payer le péage, emprunteront des petits itinéraires et risquent de provoquer énormément d’insécurité.

Attaquée de toutes parts, Rémi Martial contre-argumente en prédisant que si l’on rendait “cette route gratuite [...] pendant près de 30 ans, le département devrait consacrer 100 % de son budget routes” à l’axe 154 “pour régler les graves problèmes [...] et pendant 30 ans, on n’investirait plus sur les 7.500 km de routes.

Nous allons mettre en place dès ce début de mandat un plan de circulation des poids lourds pour les dévier des petites routes”, conclue-t-il. Une phrase qui ne vaut que si la droite est majoritaire aux prochaines élections.

L’avenir du monde rural

Les quatre débatteurs ont ensuite avancé leurs propositions concernant l’avenir du monde rural. Et la question des établissements médicaux et pour personnes âgées s’est vite imposée.

C’est Gérard Leray qui a une nouvelle fois ouvert les hostilités contre le candidat LR sur le thème des maisons de retraite : “J’ai entendu M. Martial qui s'enorgueillit de parquer les personnes âgées dans des Ehpad. Mon humanisme m’interdit de construire des Ehpad”. 

Pour lui, ces établissements doivent être l’exception et il propose que des personnes plus jeunes comme des quadragénaires s’occupent “des anciens, des vénérables” dans les campagnes. 

Rémi Martial s’est défendu en donnant l’exemple de deux projets d’Ehpad “pas pour parquer” mais “pour renouveler des lits qui sont dans des bâtiments inadaptés” afin d’améliorer la prise en charge des personnes âgées.

Il se réjouit d’ailleurs que la question de l’aide à la personne soit abordée, en assurant que  “l’autonomie, la vieillesse, le handicap” sont la première compétence du département. “Sur un budget de 500 millions €, c’est près de 300 millions € qui sont consacrés à l”aide sociale, la petite enfance, la famille ou les personnes en situation de handicap”.

En regardant le budget 2021 dans le détail, l’on s’aperçoit que les pôles “enfance et famille”, “personnes handicapées”, “personnes âgées” et “action sociale” représentent un total de 195 millions €. On reste un peu loin des 300 millions €, sauf si l’on rajoute la partie “emploi et insertion” et ses 60 millions €.  

L’élu sortant se dit bien évidemment d’accord sur le fait qu’il faille aider les personnes âgées à rester le plus longtemps possible chez elles. Une idée consensuelle partagée par Eric Laqua et Stéphane Cordier. Ce dernier proposait en plus d’adapter les logements, parfois mal conçus pour ceux en perte d’autonomie.

Le socialiste a surtout insisté sur la question des déserts médicaux, même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’une compétence départementale.  “Un plan d’urgence devrait être installé. Nous, nous sommes pour que le département recrute des médecins salariés”, a-t-il avancé. 

Il propose également de financer les trois premières années d’études des étudiants en médecine avec comme contrepartie que ces derniers viennent exercer dans le département au tout début de leur carrière.

A court terme, il veut aussi mettre en place un bus de santé dans des déserts médicaux avec ces médecins salariés “pour apporter une solution immédiate”. Une proposition similaire est par ailleurs présentée par Eric Laqua : des camions de santé mobile pour les nombreuses personnes qui n’ont “pas de moyen de se déplacer”.

Une idée honorable mais encore faut-il pouvoir le faire. La médecine ambulante est en effet interdite, sauf autorisation du Conseil de l’ordre des médecins. 

L’autre solution serait la télémédecine. Tous s’accordent par ailleurs sur la nécessité de faciliter l’accès au numérique et à un internet haut débit de façon générale, sauf en ce qui concerne la technologie de la 5G. Le candidat d’extrême-droite la défend, le candidat écologiste la trouve inutile et insiste pour continuer à “mettre le paquet sur la fibre”.

C’est peu ou prou le même consensus en ce qui concerne les petits commerces. Eric Laqua veut faire la promotion des commerces sur le point d’être arrêtés ou ceux qui sont fermés, pour trouver des repreneurs. Stéphane Cordier, qui travaille pour la région Centre, assure que les aides données aux commerces souhaitant s’implanter sont plus importantes en zone rurale qu’en ville.

Cette politique de revitalisation est déjà engagée par le département, c’est en tout cas ce qu’assure Rémi Martial en faisant allusion au dispositif Bourg-Centre : un budget d’investissement de 33 millions d’euros pour revitaliser 33 communes d’Eure-et-Loir. Sauf que le candidat de la majorité évoque… 17 bourgs-centres identifiés. Selon le site du Conseil départemental, 22 communes seraient engagées dans ce dispositif, et 10 le seront à l’avenir.

Le seul à évoquer la désertification des zones rurales sous un autre angle, c’est Gérard Leray. “Il y a un problème structurel dans nos campagnes : c’est la terrible pollution des eaux, notamment dans le quart sud-est de notre département.” avance-t-il.

"Pratiquement 25% de la population n’a pas accès à une eau potable. Comment voulez-vous fabriquer un développement économique quand l’eau est pourrie ?" Une pollution due aux activités agricoles mais aussi industrielles et domestiques.

Selon un diagnostic de l’agence régionale de santé, la pollution de l’eau par les nitrates et les pesticides concerne en effet le quart Sud-Est du département. Côté chiffre en revanche, les données ne sont pas concordantes : 7% de la population eurélienne est concernée par la distribution d’une eau polluée par les nitrates, et 8% par une eau présentant des pesticides.

A moins que le candidat écologiste évoque uniquement la population du quart Sud-Est du département ? En tout cas, il conclue en prédisant qu’il faut "éduquer les populations" : "Quand l’eau sera potable, les gens reviendront".

Le débat s’est terminé sur la question des éoliennes, qui sont au nombre de 216 en Eure-et-Loir. Là encore, les énergies renouvelables ne dépendent pas du département mais les élus peuvent peser.

Rémi Martial a tenu à signaler que la majorité sortante n’avait pas versé un centime de subvention. Eric Laqua s’est dit farouchement opposé à cette énergie. Quant à Gérard Leray, il n’est pas contre mais reconnaît la dérive quantitative.

Regardez le débat en replay

 

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