L'avion n'a pas dit son dernier mot. Malgré les polémiques récentes sur son empreinte carbone, l'aéronautique est porteuse. À Châteaudun, en Eure-et-Loir, le secteur permet à l'usine Safran d'embaucher une cinquantaine de personnels supplémentaires, et de réindustrialiser un territoire.
Avec ses microscopes, l'usine Safran de Châteaudun a des airs de chaîne de production pharmaceutique. Pourtant, et comme son nom l'indique assez bien, Safran Aerosystems travaille dans le domaine de l'aéronautique. Un marché "en forte croissance", se réjouit Philippe Zélus, le directeur du site.
Un marché porteur puisque, "pour faire face à la demande de nos clients", l'usine recrute une cinquantaine de salariés en CDI, pour compléter les 300 personnels qui travaillent déjà à Châteaudun. L’entreprise est ainsi prête à former en interne les candidats à l’embauche qui n’auraient pas les compétences pleines et entières. 26 postes d‘opérateurs montage, 12 en usinage en plus de postes d’ingénieurs qualité ou d’ingénieurs méthode.
Investissements locaux
Car, pour produire des pièces servant par exemple aux systèmes hydrauliques des trains d'atterrissage, les compétences des profils recherchés sont très spécifiques. Un "travail de précision" au micromètre près, soit un millimètre divisé par 1 000.
Thomas Beaugendre est un de ces artisans de la précision. À Safran Châteaudun, il se charge de l'électro-érosion à fil. Autrement dit, il façonne des pièces aéronautiques en utilisant un fil conducteur, vecteur de décharges électriques. "Quand je prends l'avion, je pense à ce travail et je suis fier", assure-t-il. Lui avait déposé son CV qualifié sur internet, et explique avoir été repéré par Safran en ligne.
À Châteaudun, l'entreprise mise sur sa croissance. Et la collectivité avec : "L'entreprise fait des investissements chaque année, avec des dizaines d'emplois du bac pro au bac+5, on est très fiers de ça", lance Fabien Verdier, maire (SE) de Châteaudun, et président de la communauté de communes du Grand Châteaudun.
Encore et toujours l'hydrogène
Car, malgré les polémiques sur l'aviation et son empreinte carbone, l'édile revendique son désir de miser sur l'aéronautique. Il souhaite que l'aérodrome soit récupéré par la communauté de communes pour "faire des activités de bord de piste, de l'entreposage de pièces, de la mécanique, de l'école de pilotage", liste-t-il :
On veut créer un pôle de compétitivité autour de l'aéronautique, écologique, verte, de demain.
Fabien Verdier, maire de Châteaudun
Des termes qui peuvent sembler antinomiques, mais qui se fondent sur une technologie de plus en plus fantasmée : l'avion à hydrogène. Une technologie qu'Airbus souhaite voir voler en 2035... au mieux. En attendant, "on prépare 2050 pour les petits-enfants du territoire", défend Fabien Verdier, qui se réjouit des "300 millions d'euros d'investissements privés, présents et futurs" sur le territoire du Grand Châteaudun. Comme un début de réindustrialisation en Eure-et-Loir.