Après des travaux intensifs, les anciens bâtiments industriels du "B3" vont accueillir une école d'ingénieurs informatiques et un incubateur de start-up. La première pierre de ce nouveau chantier a été posée ce 3 février.

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Depuis quelques années, Vierzon fait peau neuve en pariant sur le numérique. Depuis l'installation de la start-up Ledger, leader mondial de la conservation physique des cryptomonnaies, secteurs publics et privés se coordonnent pour créer de nouveau un "cercle vertueux" économique et industriel dans cette ville marquée par la désindustrialisation des années 90.

Rendre à Vierzon sa fierté

La construction de cet "écosystème", comme l'appelle Éric Larchevêque, cofondateur de Ledger, a connu une étape importante ce jeudi 3 février avec la pose de la première pierre du campus numérique. Ce dernier, à l'horizon 2023, prendra place dans les anciens bâtiments de la Société française de Vierzon, une usine de machines agricoles du 19e siècle. Le campus accueillera le CNAM, un incubateur de start-up et, en septembre 2023, l'école Algosup, également cofondée par l'entrepreneur et installée dans le parc technologique de Vierzon. Depuis 2020, l'école forme des "développeurs fullstack" (c'est-à-dire généralistes et polyvalents) au niveau Bac+5.

"C'est un peu amusant : actuellement l'école occupe les même locaux que Ledger à ses débuts", note Éric Larchevêque. Et pour l'entrepreneur vierzonnais, né ici et dont les "parents et grands-parents" sont Berrichons, il n'y a pas de hasard. "Vierzon, c'est au cœur de l'Europe, à seulement une heure et demie, porte à porte, de Paris-Austerlitz, et on a vraiment le projet de faire d'Algosup un campus européen", explique l'entrepreneur.

L'idée n'a jamais été d'essaimer et d'installer l'école dans d'autres villes par la suite. Au contraire c'est de créer un campus européen, et de faire venir des étudiants de toute l'Europe à Vierzon.

Éric Larchevêque, entrepreneur et cofondateur d'Algosup

Une gageure dans cette ville, épinglée par France Stratégie parmi celles qui vivent un fort déclin économique. En 2019, Vierzon fait partie des cinq zones d'emplois avec le plus fort taux de chômage, pointe l'institution dans un rapport. "Je fais le pari que d'ici cinq ans, on aura inversé cette tendance et fait de Vierzon un lieu 'in', branché, et recherché !"

Une "nouvelle épopée industrielle"

Du côté des pouvoirs publics, le maire Nicolas Sansu et le président de la Communauté de commune Vierzon-Sologne-Berry François Dumon, tous les deux communistes, sont parties prenante de cette petite révolution numérique. "C'est une nouvelle épopée industrielle qui commence", souligne ce dernier, également conseiller municipal. "Célestin Gérard, au 19e siècle, a révolutionné le monde agricole avec le machinisme, ici on relance une épopée autour du numérique, qui est parti pour bouleverser également tous les domaines de l'économie." Comme un trait d'union, c'est précisément dans l'îlot "B3" des anciennes usines de la Société française de Vierzon, fondée par Célestin Gérard, que ce futur va emménager.

Pour financer le projet, 2,4 millions d'euros ont déjà été investis dans la réfection du clos et du couvert de cette friche industrielle. Désormais, le nouveau projet porté par la Communauté de communes mobilisera plus de 4 millions d'euros, dont 1,9 millions viennent de l'État, entre 700 et 800 000 de la Région et 400 000 euros du Département. "Le fait que le projet soit porté à 75% par l'ensemble des collectivités montre bien notre confiance dans cette initiative", pointe François Dumon.

Car au-delà du "B3", "l'ambition numérique qu'on porte, c'est de créer un écosystème qui englobe formation, création d'entreprises et croissance", poursuit Fabien Bernagout, vice-président de la communauté de communes en charge de l'innovation et conseiller municipal de Vierzon. En prenant l'exemple de Ledger et en profitant des "atouts" naturels et logistiques de la ville, les élus s'attendent à la construction d'un cercle vertueux, déjà illustré par la création d'un Bachelor (formation de niveau licence) par les écoles parisiennes Isit et Efrei, à la rentrée 2022.

Et pour l'instant en tout cas, les acteurs économiques jouent le jeu, et cela a des retombées directes sur les recettes publiques. "L'an dernier, l'effectif salariés du territoire a augmenté de 3%", cite François Dumon, et les rentrées de la CVAE, impôt local levé sur la création de valeur ajoutée des entreprises, "est en hausse pour la troisième année consécutive alors qu'elle a tendance à baisser au niveau national et dans les territoires autour de nous".

C'est un peu le principe de l'économie circulaire : pour chaque euro investi, on voit un retour sur l'économie du territoire.

François Dumon, président (PCF) de la Communauté de communes Vierzon-Sologne-Berry

Du côté de la vie économique, les entreprises, comme Ledger mais aussi comme d'autres, trouveront aussi leur compte dans ce partenariat. Vierzon donne à Algosup un "cadre de vie" plus proche des valeurs de l'école, fondées sur "une approche 'slow life', une vie de qualité, un meilleur équilibre entre le travail et la vie privée", observe Éric Larchevêque.

"Je crois que le modèle de la start-up parisienne où on est hyper pressuré, où l'on travaille quinze heures par jour et où on finit en burn-out, c'est une approche qui a vécu." Et cet équilibre de vie, à rebours d'une économie extrêmement tendue, "est ce que recherche, maintenant, les jeunes générations de développeurs. Et cette approche plus apaisée n'enlève rien à la performance dans le milieu professionnel".

Portée par la révolution industrielle à la fin du 19e siècle, Vierzon compte donc sur les nouvelles étapes de la révolution numérique pour rebattre les cartes en sa faveur. Et pour l'instant, le pari semble bien engagé.

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