Du 25 au 27 mars, c’est la campagne nationale d’appel aux dons pour lutter contre le sida, afin de financer les programmes de recherche sur le VIH et aider les malades. Parmi les opérations de sensibilisation organisées dans la région, celle des « cafés couverts » à Dreux et alentours.
A côté de la tasse de café, deux petits sachets : un avec du sucre, l’autre avec… un préservatif à l’intérieur ! C’est le principe de l’opération « cafés couverts » organisée dans l'agglomération de Dreux (Eure-et-Loir), lors de ce Sidaction 2022.
Erhan Danuk, un des cafetiers qui participent à cette action, surprend d’ailleurs ses clients en leur demandant « couvert ou pas couvert ? » quand il leur sert leur café. Face à leur air circonspect, il finit par leur expliquer ce que cela veut dire. Quand les quinquagénaires ou sexagénaires lui répondent que ce n’est plus vraiment pour eux, Erhan embraye : « ça peut être utile pour vos enfants ou vos petits-enfants ! ». Surtout que le préservatif n’est pas payant, mais bien offert gratuitement avec le café.
Le commerçant propose également des pins à 1€, et tous les pourboires qu’il reçoit du 25 au 27 mars seront reversés à la lutte contre le VIH. Une façon de rappeler la nécessité de se protéger lors des relations sexuelles pour ne pas « attraper le sida ».
Une façon de rappeler que cette épidémie existe tout court. « On parle plus vraiment du sida, regrette Erahn Danuk au micro de l'équipe de France 3 Centre-Val de Loire. Il y a 30 ans de ça, quand moi j’étais plus jeune, on parlait du sida, on parlait de tout. Aujourd’hui on parle d’autre chose, du téléthon, mais pas du sida, comme si c’était un truc banal. »
Deux fois moins de dépistage
D’où l’importance pour lui de participer au Sidaction au travers de cette opération, ce qu’il fait depuis 13 ans en partenariat avec l’hôpital de Dreux qui abrite un CeGIDD, un centre de d’information, de dépistage et de diagnostic du VIH.
Là-bas, cette banalisation voire cette invisibilisation de l’épidémie du sida est confirmée par les chiffres : le nombre de consultations s'est effondré notamment à cause de la pandémie de coronavirus. « Il faut savoir qu’on est passé de 850 dépistages, à 450 en 2020. Donc cela retarde le diagnostic du VIH, alerte Emilie Lacroix, infirmière au CeGIDD. Les gens ont été très mobilisés pour les dépistages Covid, et ont totalement oublié le VIH, or il existe toujours et il est vraiment important de se faire dépister. »
Cette tendance d’un dépistage en recul est particulièrement visible dans notre région. Selon les dernières données collectées en 2020 et publiées le 31 décembre 2021 par Santé Publique France, avec 154 725 sérologies VIH réalisées en 2020, soit 60 dépistages pour 1.000 habitants, le Centre-Val de Loire disposait d’un des taux les plus bas de France métropolitaine, et se classe avant-dernière (sans compter l'Ile-de-France et la Corse dont les données ne sont pas fournies).
Néanmoins, le nombre de dépistages augmente progressivement depuis 2011 mais diminue en 2020 (-5 %), notamment en raison d’une baisse importante lors du 1er confinement de mars à mai, d’après l’étude.
Taux de positivité le plus élevé
Autre information importante : le nombre de contaminations. En Centre-Val de Loire, la part des résultats positifs lors de dépistages était estimée à 1,4 pour 1 000 sérologies réalisées, soit un nombre de découvertes de séropositivité estimé à 213.
Là, notre région détient un triste record, celui du taux de positivité le plus élevé en France métropolitaine (hors Ile-de-France et Corse où encore une fois les données ne sont pas connues). Une baisse est cependant observée entre 2019 et 2020 (-60 %).
Tous ces chiffres sont à nuancer : la participation de la région Centre à l’enquête de santé a en effet été assez élevée ce qui permet de donner des données plus fiables. Cela n’a pas été le cas dans toutes les régions, du fait de la crise sanitaire, ce qui rend par conséquent les indicateurs des autres territoires moins précis.
Deux tiers n'ont pas le réflexe préservatif
Au-delà du dépistage en baisse, l’autre inquiétude est la méconnaissance de la maladie qui reprend du terrain. Selon une enquête IFOP publiée ce 21 mars, 31% des 15-24 ans interrogés estiment être mal informés sur le VIH/sida, soit une augmentation de 20 points par rapport à 2009.
Pire, seules 34% des personnes interrogées déclarent avoir utilisé systématiquement un préservatif lors d’un rapport sexuel (-14 points par rapport à 2020). Cela signifie donc que deux tiers n'ont pas le réflexe préservatif, et risquent donc potentiellement d'attraper une maladie sexuellement transmissible. D’où l’importance aujourd’hui de rappeler que cette maladie existe toujours.
Pour faire un don au Sidaction, quatre options :
- Par internet : sur sidaction.org
- Par téléphone : en appelant le 110 (numéro gratuit)
- Par SMS : en envoyant le mot « DON » au 92110 pour faire un don de 5€
- Par courrier : en écrivant à l’adresse Sidaction - 228, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 PARIS