Les chênes de Champrond-en-Gâtine, en Eure-et-Loir, serviront à faire renaître la charpente et la célèbre flèche de la cathédrale de Notre-Dame. Du bûcheron à l'architecte, c'est une véritable fierté de participer à ce chantier qui restera dans l'Histoire.
"Notre Drame" titrait le journal Libération au lendemain de l'incendie qui a ravagé la cathédrale de Notre-Dame de Paris le 16 avril 2019. La catastrophe a touché l'un des monuments les plus emblématiques du pays, mais le deuil était lui, d'envergure internationale.
Notre drame - la une de Libération du mardi 16 avril 2019 pic.twitter.com/dRCIexgGZ4
— Libération (@libe) April 15, 2019
Après plusieurs jours de débats, Emmanuel Macron avait finalement opté pour une reconstruction de la flèche et de la charpente à l'identique. Il envisage à présent une réouverture pour avril 2024, veille de Jeux Olympiques en France.
Symboliquement, environ mille chênes, a minima centenaires, sont donc en ce moment abattus aux quatres coins du territoire. 50% sont issus de dons de l'Etat (abattus sous le contrôle de l'ONF), l'autre moitié provient d'entreprises privées ou de particuliers.
Sélection très élitiste des chênes utilisés
Jeudi 11 mars, dans la forêt de Champrond-en-Gâtine, en Eure-et-Loir, le soleil se montre timidement. La pluie des précédentes heures a rendu le sol boueux, mais "heureusement, tant qu'il n'y a pas de vent, nous pouvons abattre ces chênes" se réjouit Frédéric Moutier, le directeur de la Société forestière affiliée à la caisse des dépôts. Pour plusieurs prestataires privés, lui et son équipe sont en charge de répérer les arbres aptes à reconstruire Notre-Dame.
Marqué d'un chiffre, trois chênes sont clairement identifiés. Ils seront sciés dans la journée par Christophe Gource, bûcheron depuis 25 ans et natif du département. Pour lui, "c'est un honneur d'abattre un arbre pour un édifice comme ça, un plaisir". Il doit les abattre avant la montée de sève à la fin de l'hiver, qui rendrait les troncs trop humides.
Mais avant de passer à l'acte, ces arbres ont fait l'objet d'une sélection minutieuse, comme le raconte Alban Saclier, le technicien forestier en charge de l'opération. "Ils se sont distingués pour leur qualité. Il nous fallait des arbres avec une parfaite rectitude, cylindriques, avec un pied bien équilibré pour que le coeur soit situé au centre de l'arbre et sans gros défaut extérieur". Avec l'un de ses collègues, ils ont arpenté la meilleure partie de la forêt pendant 1 journée entière pour en arriver là.
"Le Graal en matière d'architecture"
Une fois coupés, ces bois devront sécher pendant 12 à 18 mois avant d'être utilisable. Sur place, l'un des trois architectes en chef de Notre-Dame, Rémi Fromont, est venu constater les heureux élus selectionnés pour reconstituer ce qu'il voit comme "le Graal en matière d'architecture"."Encore aujourd'hui c'est un chef d'oeuvre pour les compagnons. C'est l'un des ouvrages de charpenterie les plus complexes que l'on peut trouver en France".
Le jeune homme était au chevet de la cathédrale lors de l'incendie du 16 avril 2019. En participant à ce projet, il espère faire en sorte que, dans les temps annoncés par le Président de la République, Notre-Dame pourra renaître de ses cendres.
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