Reprenant une vidéo de l'attaque d'une conférence du collectif Palestine 69 à Lyon par des militants d'ultradroite, Cyril Hemardinquer, conseiller régional du Centre-Val de Loire, a attiré l'attention sur les réseaux sociaux.
"Enfin... Quelques patriotes Français se réveillent et utilisent les mêmes méthodes que les islamogauchiste" (sic). Le tweet a rapidement disparu du profil de son auteur, mais plusieurs internautes ont pris le soin de garder des preuves. Le message a été écrit sur X (ex-Twitter) par Cyril Hemardinquer, conseiller régional du Centre-Val de Loire élu sous l'étiquette Rassemblement national, avant de rallier Eric Zemmour en 2022.
Un message qui a laissé songeurs plusieurs internautes. L'élu réagissait à une vidéo de l'attaque d'une conférence sur la Palestine par des militants d'extrême-droite. Organisé par le collectif Palestine 69 à Lyon, l'évènement est pris pour cible samedi 11 novembre au soir par des dizaines de personnes vêtues de noir et le visage en partie masqué. Des témoins décrivent à l'AFP des attaques au mortier d'artifice, à la barre de fer et à la bouteille de verre lors de la tentative des assaillants d'enfoncer la porte et l'amoncellement de mobilier disposé en barricade.
Comme le montrent les images diffusées sur le réseau social, des personnes âgées et des enfants étaient également piégés dans le local, le temps de l'attaque. Trois personnes ont été légèrement blessées.
Émojis qui pleurent de rire
Depuis, un militant d'ultradroite a été mis en examen, et l'attaque a été condamnée par plusieurs personnalités de la classe politique. Notamment par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et par le maire de Lyon, Grégory Doucet.
Cyril Hemardinquer, également syndicaliste policier et élu municipal à Maintenon, a préféré dire que "la conférence du collectif Palestine 69 va s'en souvenir longtemps". Et a complété son message d'émojis qui pleurent de rire.
Contacté par France 3, le secrétaire du collectif se dit "peu étonné" par les propos de Cyril Hemardinquer. Il informe cependant que l'avocat de Palestine 69 s'est saisi de l'affaire, et qu'une plainte est en projet contre l'élu d'Eure-et-Loir.
Une plainte dans les tuyaux
Dans plusieurs posts sur X, Cyril Hemardinquer se défend, affirmant ne pas vouloir inciter à la violence. Il dit assumer ses propos, explique que son tweet "a été supprimé" sans qu'il en soit averti. Il complète sa pensée : "les méthodes des uns se retournent contre eux car adoptées par les autres." Sans préciser qui sont les "uns" en question.
Du côté de Reconquête, la fédération d'Eure-et-Loir du parti d'extrême-droite, via laquelle France 3 espérait entrer en contact avec l'élu, indique que "Monsieur Hermardinquer n'est plus en lien" avec elle.
Mise à jour avec la réponse de Cyril Hemardinquer :
Cyril Hemardinquer, sollicité par mail, n'avait pas répondu à France 3 avant publication de cet article. Joint par téléphone ce 15 novembre, il explique avoir déposé plainte contre ceux qui, sur Twitter, l'ont accusé d'"incitation à la haine". "Il n'y a pas d'infraction dans ce que j'ai écrit", explique-t-il, et assure ne pas être d'extrême-droite. Selon lui, son utilisation du mot "Enfin" traduit "un constat" et non un encouragement ou une réjouissance.
Sur Twitter, il explique cependant "rire et compter le points" en voyant "des antisémites d'extrême droite s'en prendre à des antisémites pro Hamas d'extrême gauche". Une accusation qui vise, sans le nommer, le collectif Palestine 69.