"On a travaillé sans masque en 2020, on va vacciner sans vaccin en 2021", le coup de gueule des médecins en Eure-et-Loir

Alors que le gouvernement a appelé à accélérer la vaccination, surtout dans les départements en surveillance renforcée comme l’Eure-et-Loir, les médecins généralistes sont en colère : ils ne pourront pas commander de vaccins cette semaine, faute de doses disponibles.

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Le Premier ministre s’en félicitait sur Twitter : 585 000 Français ont reçu une dose de vaccin contre la Covid-19 dans des centres spécialement ouverts ces 6 et 7 mars.

C’était d’ailleurs le cas en Eure-et-Loir qui fait partie des 23 départements en surveillance renforcée. 2 195 personnes y ont reçu une injection lors de cette campagne exceptionnelle organisée avec la mobilisation des pompiers et personnels soignants.

C’est le département où l'on a le plus vacciné ce weekend. L’agence régionale de santé Centre-Val de Loire explique cette accélération "surtout par le fait d’avoir disposé de doses de vaccins supplémentaires au regard de la situation spécifique" de l'Eure-et-Loir.

"Ça marche, il n’y a pas de souci avec les centres et le vaccin Pfizer-BioNTech, confirme le Dr Julien Cottet, allergologue à Chartres et président du conseil de l’ordre des médecins d’Eure-et-Loir. On a des flux qui augmentent, on vaccine de plus en plus de patients de plus de 75 ans."

Le mail de la direction de la santé qui passe mal

Mais tout n’est pas rose, surtout du côté des médecins. Car ce même weekend, dimanche à 22h, lui et tous ses confrères de France ont reçu un mail de la direction générale de la santé (DGS) pour leur dire qu’il leur sera impossible de commander cette semaine de nouveaux vaccins, à cause d’une "faible livraison cette semaine par le laboratoire AstraZeneca". Seuls les pharmaciens pourront passer des commandes. Un message "inacceptable" pour les médecins comme le montre ce tweet :

Dans un second courrier envoyé ce lundi 8 mars, la DGS explique cette décision. Comme le gouvernement a prévu d'autoriser la vaccination dans les pharmacies à partir du 15 mars, les officines doivent faire un premier stock de doses et passer leur commande dès la semaine du 8 mars pour recevoir les vaccins la semaine suivante.

Or, le laboratoire AstraZeneca ne peut fournir qu’un faible nombre de flacons (28.000 soit l'équivalent de 280.000 doses) pour la semaine prochaine, et la DGS a choisi de privilégier la livraison de ces vaccins aux pharmacies au détriment des médecins généralistes. Elle rappelle que ces derniers ont pu commander des flacons d’AstraZeneca à trois reprises depuis le mois de février.

Commande non reçue, retard de livraison

Problème : toutes les commandes n'ont pas été reçues. Le Dr Cottet reçoit "des dizaines de messages de médecins qui n’ont pas été livrés : à Chartres, Auneau, Luisant, Brou, La Loupe, Dreux… Ce n'est pas un phénomène isolé."

"Parfois c’est livré trop tard, ajoute-t-il : les livraisons étaient prévues par exemple le mardi pour une vaccination le mercredi et les vaccins sont arrivés le vendredi."

Les praticiens reçoivent aussi moins de doses que prévu : "sur trois flacons commandés, on n'en a eu qu’un. Donc on avait l’équivalent de 10 doses alors qu’on avait calé 30 rendez-vous."

"Colère et ras-le-bol"

D'après le président du conseil de l'ordre des médecins, c’est donc un sentiment de "colère" et de "ras-le-bol" qui prédomine dans la profession. "On a l’impression d’être comme l’année dernière : on était là, on n’a pas pris de vacances, moi j’ai travaillé 7/7j pendant trois mois lors du confinement. On n’avait rien, pas de masque, pas de protection" malgré "des effets d'annonces nationales".

"Là, ça recommence : on a des effets d’annonce, en conférence de presse on nous annonce des centaines de milliers de vaccins Astra qui sont dans les stocks et qui ne sont pas utilisés. Mais sur le terrain, on n’a rien", poursuit-il

On a travaillé sans masque en 2020, on va vacciner sans vaccin en 2021.

Dr Julien Cottet

"On se moque de nous !"

Le Dr Cottet reconnaît que la logistique est très "compliquée pour l’Etat, les collectivités, Santé Publique France" : "d’habitude le patient va chercher son vaccin à la pharmacie, il l’amène au cabinet et le médecin vaccine. Là c’est l’inverse." Le médecin doit en effet passer commande de ses vaccins au pharmacien qui commande les vaccins pour le généraliste et sa propre officine.

Le conseil de l’ordre des médecins ne remet pas non plus en cause la vaccination par les pharmaciens : "plus il y aura de gens vaccinés, plus vite on s’en sortira." Et de montrer l'importance des officines : "Dans le département par exemple, il y a 15% d'Euréliens qui n’ont pas de médecin traitant. Il va bien falloir que quelqu’un les vaccine : le pharmacien joue ce rôle".

"Par contre qu’on fasse des annonces pour dire qu’il faut accélérer, qu’il y a des stocks à écouler, et que quand on les commande on ne les a pas, on se moque de nous !"

5,9% des Euréliens vaccinés

La DGS se veut, elle, rassurante en disant que les commandes pourront reprendre dès la semaine prochaine… A condition que les livraisons d’AstraZeneca suivent.

D’après les données de Santé Publique France en date du 7 mars, 5,9% de la population eurélienne ont reçu une dose de vaccin, ce qui correspond à la moyenne nationale (5,9% en date du 8 mars).

La vaccination dans le département suit sensiblement le même rythme qu'au niveau national puisque la semaine précédente, 4,6% des habitants d'Eure-et-Loir étaient vaccinés contre 4,4% des Français.

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