Les animaux étaient enfermés, avec plus de 80 autres équidés, dans un enclos trop petit et plein de boue, mal nourris et mal soignés par leurs propriétaires dans l'Yonne. 13 ans de signalements pour maltraitance ont abouti à la saisie des animaux ce mardi 3 novembre.
"Pour arriver à l'enclos, on traverse le Morvan. C'est très beau, très vert. Et puis on descend une petite pente et on arrive devant l'enfer." C'est un témoignage glaçant que rapporte Patrick Violas, gérant du zoo-refuge de La Tanière à Nogent-le-Phaye près de Chartres en Eure-et-Loir, de son récent voyage en Bourgogne-Franche-Comté.
Un voyage pour une affaire entamée il y a 13 ans. Depuis 2007, des manquements graves en matière de protection animale sont constatés près de Vézelay, dans l'Yonne, dans une communauté propriétaire de nombreux chevaux, comme l'explique France 3 Bourgogne-Franche-Comté. Après un feuilleton judiciaire de 12 ans, les propriétaires sont condamnés en juin 2019 par le parquet d'Auxerre.
Mais ce n'est que ce mardi 3 novembre que les choses se débloquent vraiment. Le préfet de l'Yonne, après avoir organisé la future répartition des animaux entre différents refuges, décide de la saisie des animaux. Au total, 119 chevaux sont évacués de l'enclos, lors d'une opération impliquant un très important dispositif de gendarmerie.
"Un spectacle d'apocalypse"
Sur place, Patrick Violas décrit "un spectacle d'apocalypse" :Je n'avais jamais vu ça. Le terrain fait six hectares, avec seulement 2 ou 3 hectares où ils pouvaient aller, qui ne sont pas de la pente ou du vallon. Il y a de la boue partout, les chevaux n'avaient jamais vu d'herbe de leur vie. Ils buvaient leur urine et leurs excréments.
De plus, les mâles s'accaparaient la nourriture donnée par les propriétaires : de la paille d'orge "mauvaise pour eux" et des produits d'engraissement pour bovins "parce que c'est moins cher, mais pas du tout adapté". Les autres, juments et poulains, "étaient très maigres".
Se refaire une santé
Depuis la fin de l'opération, les 31 étalons sont arrivés dans un pré situé à 5 minutes de La Tanière. "Ils se frottent dans l'herbe pour enlever la boue", raconte Patrick Violas. Et plus la boue s'en va, plus "on découvre des problèmes musculaires, des morsures et des blessures aux pieds", sur des mâles pourtant relativement jeunes :Le plus vieux a 19 ou 20 ans, alors qu'un cheval peut vivre jusqu'à 30 ans. Et encore, il est une exception. Les autres ont majoritairement 7, 8 ou 9 ans.
Désormais réfugiés dans les vertes prairies de l'Eure-et-Loir, les étalons vont pouvoir se refaire une santé. Pour La Tanière, restent deux priorités : les soigner et les castrer. Car "des étalons, des mâles non-castrés, c'est de la bagarre perpétuelle. Ils connaissent quand même l'homme, parce que les propriétaires apportaient à manger. Ce ne sont pas des chevaux sauvages, mais presque", explique Patrick Violas.
Les autres chevaux secourus dans l'Yonne ont été dispatchés entre d'autres associations, dont la SPA et la fondation Brigitte Bardot.