Un temps d'hommage au professeur Samuel Paty, assassiné il y a un an, est prévu dans tous les établissements scolaires de France ce vendredi. L'éducation nationale laisse à chacun la liberté de l'organisation.
Un an après, la blessure est toujours vive dans l'esprit des enseignants français. Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, est assassiné à Éragny, dans le Val-d'Oise.
Pour commémorer cet évènement, le ministère de l'Éducation nationale propose aux établissements scolaires d'organiser "un temps de recueillement en mémoire de Samuel Paty" et de "consacrer une heure de cours du vendredi 15 octobre à un temps d'échanges", expose une note du ministre Jean-Michel Blanquer. Le contenu de ces échanges sera "laissé au choix des équipes en fonction de leurs situations respectives et en tenant compte notamment de l'âge des élèves".
"Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne"
Alors dans de très nombreux collèges, lycées et même écoles primaires, les équipes pédagogiques se préparent à répondre aux questions des élèves. Heureusement, "les échanges ont été denses tout au long de l'année, tout le monde s'est nourri de cet évènement pour parler de nos valeurs", explique Jean-Bernard Sauvageons, principal du lycée Édouard-Branly à Dreux, en Eure-et-Loir.
Déjà l'année dernière, à la rentrée des vacances de la Toussaint, les professeurs avaient pu répondre aux interrogations et incertitudes des élèves après la mort de Samuel Paty. A l'époque, le lycée drouais avait "mis deux professeurs ensemble en classe", pour avoir au moins un enseignant d'une matière sociale comme l'histoire-géographie pour "mettre en perspective historique la notion de laïcité" notamment. Cette année, retour à l'individuel mais les professeurs pourront s'appuyer sur une liste de documents pédagogiques, accessibles à tous en ligne sur le site Éduscol.
Parmi eux, on retrouve le célèbre poème de Paul Eluard "Liberté", l'ode à la "Jeunesse" d'Andrée Chedid, ou encore le texte "Écrit après la visite d’un bagne" par Victor Hugo, dans lequel il estime que "Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne". L'idée est donc bien d'expliciter aux élèves les valeurs de la République et de l'école, l'importance de réaffirmer "le sens de l'école pour tous, laïque", ajoute Jean-Bernard Sauvageon.
Histoire et mémoire
Pour y parvenir, sera diffusé en préambule le message vidéo de l'ancien ministre de la Justice Edouard Badinter, adressé aux élèves et professeurs peu après l'assassinat du professeur. Au lycée Édouard-Branly, la vidéo sera montrée dans chaque classe dès la première heure vendredi, et dans la salle de conférence par le principal pour tous les élèves et professeurs n'ayant pas cours à ce moment-là. "Les élèves n'ont pas forcément la représentation que nous avons de M. Badinter, note Jean-Bernard Sauvageon, mais ses paroles sont très fortes et symboliques."
Une vidéo -suivie d'une minute de silence- destinée à initier les questions qui animeront le fameux "temps de débat et d'échanges" avec les élèves directement après. À Édouard-Branly, avec ses 1 650 élèves, "un instant solennel unique" aurait été trop impersonnel, estime le principal, qui privilégie "des petits groupes classes". Aujourd'hui, l'objectif des enseignants est, selon lui, de "ne pas oublier ce drame, qui a touché toute la communauté scolaire, élèves compris". "C'est notre société, notre démocratie", ajoute-t-il. Une société qui doit être capable de regarder son histoire dans les yeux.