Nouveau procès pour Dieudonné : 650.000 € en espèces trouvés dans sa propriété d'Eure-et-Loir

Nouveau procès en vue pour Dieudonné, accusé de dissimulation de patrimoine. Il est accusé d'avoir dissimulé près de 1,5 million d'euros au fisc. 

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Habitué des tribunaux et condamné à de multiples reprises pour ses sorties antisémites, le polémiste Dieudonné aura à répondre de soupçons de gestion frauduleuse de son patrimoine.

Le juge d'instruction a ordonné le 30 novembre le renvoi de Dieudonné M'Bala M'Bala devant le tribunal correctionnel de Paris pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale ainsi que pour l'organisation frauduleuse de son insolvabilité, selon une source proche de l'enquête. La date du procès n'est pas encore fixée. Lui et sa compagne Noémie Montagne devront aussi répondre d'abus de biens sociaux au détriment de leur société, Les Productions de la Plume, qui sera jugée avec ses deux gérants pour fraude à la TVA, conformément aux réquisitions du parquet de Paris.


Les investigations, déclenchées en 2013, ont mis au jour les énormes sommes en liquide manipulées pendant cinq ans par le polémiste de 51 ans, qui se disait à l'époque ruiné et insolvable, selon la source proche de l'enquête. "Nous avons justifié tous les éléments comptables à l'euro près, à tel point que le juge nous a restitué une partie des sommes saisies", a réagi Me Sanjay Mirabeau auprès de l'AFP. "Mais politiquement il n'avait pas d'autre choix que de renvoyer devant le tribunal et à l'audience nous finirons de nous expliquer", a assuré l'avocat de Dieudonné.
Le polémiste conservait "depuis des années des recettes de ses spectacles en espèces non comptabilisées" sur les comptes de sa société "dans des proportions importantes", écrit le juge Renaud Van Ruymbeke dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, selon cette source.

En janvier 2014, les enquêteurs avaient ainsi découvert plus de 650.000 euros en espèces dans les coffres-forts de la propriété d'Eure-et-Loir du couple, vendue par Dieudonné pour solder ses dettes, mais rachetée par sa boîte de production, officiellement gérée par sa compagne. Dieudonné avait justifié cette somme par la billetterie récente de sa tournée en France pour son spectacle "Le Mur", plébiscité par ses fans pendant que les autorités l'interdisaient en raison de sketches jugés antisémites. "Ce montant est hors de proportion avec la caisse déclarée depuis l'origine", estime le juge.

Pas de caisse enregistreuse 

Par ailleurs, entre 2009 et 2014, Dieudonné M'Bala M'Bala, qui ne remplissait plus que de faibles déclarations de revenus, voire aucune pour l'année 2011, a néanmoins réalisé d'importants transferts d'espèces à l'étranger. Au total, près de 670.000 euros ont été envoyés, parfois via ses proches, principalement au Cameroun, mais aussi en Chine et aux Emirats arabes unis.


La défense de Dieudonné avait invoqué le fruit d'un héritage paternel, via un don manuel de 300.000 euros en 2009, qui ne suffit pas à justifier la somme totale des virements. Le juge conclut à une autre explication: "Le prélèvement de la majeure partie des recettes en espèces des Productions de la Plume". Les investigations ont établi que le théâtre de la Main d'Or à Paris, où Dieudonné se produisait depuis 15 ans, "était dépourvu de caisse enregistreuse comme de terminal de paiement bancaire", selon des témoignages versés à l'enquête. La justice l'a expulsé de cette salle en novembre.

Ce sera la première fois que l'ensemble de la "Dieudosphère" comparaîtra devant un tribunal, 

s'est félicité David-Olivier Kaminski, avocat de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme). "Il est aujourd'hui grand temps que le vrai visage du repris de justice M'Bala M'Bala apparaisse au grand jour".
Partie civile dans ce dossier, l'association avait obtenu plusieurs condamnations de Dieudonné pour diffamation, provocation à la haine et à la discrimination raciale. Mais ce dernier ne réglait, jusqu'en 2014, ni ses amendes ni les dommages et intérêts. La Licra avait donc déposé en 2012 la plainte à l'origine des poursuites pour "organisation frauduleuse d'insolvabilité".L'affaire était également partie d'un signalement en décembre 2012 de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, qui avait détecté une première série de transferts suspects de centaines de milliers d'euros à destination de proches au Cameroun.
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