Depuis un peu plus de 10 ans, Maxime Gay travaille dans le domaine de l'éolien, et s'occupe de la maintenance et de l’exploitation de parcs d'éoliennes. Un métier de plus en plus demandé, l'éolien représentant chaque année une part un peu plus importante du mix énergétique français.
Tout là-haut, Maxime Gay brave le vent. Solidement accroché, on ne sait jamais, il inspecte les systèmes de refroidissement de l'engin, et les anémomètres à ultrasons perchés au sommet de l'éolienne. "Ça permet de connaître la vitesse et la direction du vent pour orienter les pales, pour qu'elles tournent plus vite, explique-t-il. C'est extrêmement précis. Mais si une mouche vient mourir dedans, ça ne fonctionne plus."
Avec un collègue (les équipes sont toujours en binôme), il est venu inspecter une éolienne près de Bonneval, en Eure-et-Loir, dans un parc qui en compte six. "Quand il fait beau, on peut voir les tours de la cathédrale de Chartres", assure-t-il, pointant, au nord, les paysages de la Beauce, bien embrumée ce jour-là. En haut du mât, à 94 mètres, le vertige n'est jamais loin. Tous les ans, les techniciens doivent descendre en rappel du haut d'une éolienne ; un exercice au cas où. "Ça ne m'est jamais arrivé en conditions réelles."
De fond en comble
Au sommet, le plus bruyant est le passage régulier des TGV, qui circulent juste en contrebas sur la ligne Paris-Tours. Car, pour assurer la maintenance de l'éolienne, il faut arrêter la bête, qui devient silencieuse. Ce qui peut, en fonction du vent, "prendre soit 5, soit 20 minutes". Les deux responsables de maintenance, de la société Zephyr ENR, doivent inspecter chaque éolienne tous les six mois, leur check-list à la main. Tout y passe : la génératrice, le moyeu, les carénages, les pales, le monte-charge qui atteint le sommet en un voyage bringuebalant de six minutes à l'intérieur du mat...
Ce jour-là, les deux techniciens constatent qu'il manque une trappe de sécurité à l'intérieur du moyeu, à l'entrée d'une des pales. "Si quelqu'un tombe dans la pale par accident, il fait une chute de 50 mètres..."
L'éolienne inspectée a une puissance de 3,3 MW. Ce qui permet d'assurer, sur un an, "environ la consommation de 3 000 foyers, hors chauffage", explique Maxime Gay. Celle-ci est de nouvelle génération : les pales pivotent pour s'orienter toujours au mieux, et permettent "de produire beaucoup plus avec une vitesse de vent plus faible". Et, de fait, avec un vent au sommet atteignant les 20 km/h, l'éolienne peut fonctionner à 15 tours par minute environ. Vu du moyeu, c'est peu. Mais le bout d'une pale va aussi vite que les TGV qui passent à 200 mètres de là.
Vent de contestation
Avec le temps, les éoliennes sont devenues de plus en plus efficaces, ce qui n'empêche pas les débats sur leur utilité, et leur capacité à "gâcher le paysage", comme beaucoup le disent. "Elles ne sont pas une solution miracle, mais elles feront partie du mix énergétique, lance Maxime. Quoi qu'on puisse dire, il faut de l'éolien, du solaire, du stockage, un réseau intelligent... On ne peut pas rester sur les acquis du passé, il faut constamment évoluer." Et s'il admet "comprendre que ça choque dans le paysage", il pense aussi qu'on "entend plus souvent ceux qui gueulent que ceux qui s'en fichent ou qui sont pour".
Pourtant, il n'est lui-même pas un passionné d'éoliennes depuis l'enfance, et dit être arrivé dans ce domaine "un peu par hasard". Il y a plus de dix ans, en bac pro maintenance industrielle, il s'est rendu qu'une "formation spécialité éolienne se montait dans la classe d'à côté". Il se spécialise, et se réjouit rapidement des avantages : "On est très autonome, c'est varié, et j'aime être sur le terrain. Ce sont des journées qui ne se ressemblent pas forcément."
Et Maxime Gay ne semble pas inquiet quant à l'avenir. "L'énergie, c'est dans l'air du temps, il y aura toujours du travail", affirme-t-il, notamment dans le domaine des énergies renouvelables et des éoliennes qui "continuent à évoluer". Il veut profiter un peu du vent qu'il a dans le dos.