La FDSEA d'Eure-et-Loir se mobilise aujourd'hui pour faire entendre ses revendications suite au projet de loi élaboré lors des Etats Généraux de l'Alimentation (EGA)
"On a l'impression que nos députés sont pris pour des hommes de paille..." regrette Bertrand Petit, président de la FDSEA d'Eure-et-Loir.Ce vendredi, le syndicat agricole doit entreprendre une "action" à Chartres, dont il refuse pour l'instant de révéler les détails. Le comment attendra, mais le pourquoi, lui, est nettement expliqué : "le compte n'y est pas'".
Dans l'oeil du cyclone : le projet de loi dit EGA, issu des Etats Généraux de l'Alimentation, qui se sont déroulés entre juillet et décembre 2017. Le nom complet de la loi en dit un peu plus : il s'agit d'un texte "pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable".
"Pas assez de garanties"
Problème pour la FDSEA : les premiers concernés, les agriculteurs, n'y trouveront pas leur compte. Si le propos préalable au texte de loi reconnaît que "la situation des acteurs de la filière agricole est particulièrement fragile, avec une dégradation importante en 2016 des marges nettes", les mesures ne sont pas satisfaisantes.
"On trouve que le texte ne donne pas assez de garanties économiques aux agriculteurs. On ne garantit pas l’augmentation du prix à la vente de leur produit, on ne leur garantit pas un prix de vente, d’ailleurs. Certaines productions sont intégrées à un marché mondial, on voit mal comment faire", détaille Bertrand Petit.
Si le texte prévoit bien que, dans le cas des accords-cadres entre les agriculteurs et leurs premiers acheteurs, le prix fixé tienne compte d'un certains nombre d'indicateurs tels que le "coût pertinent de production en agriculture" ou les "indicateurs relatifs aux prix des produits agricoles et alimentaires constatés sur le ou les marchés [concernés]", aucune précision supplémentaire n'est apportée.
Oui sur le principe, non sur l'application
Autre point de contestation : la mise en place d'un système de conseil de l'usage des produits phytosanitaires, complétement indépendant des activités de vente de ces mêmes produits. Si la FDSEA ne conteste pas le principe, elle questionne les coûts.
"Aujourd'hui, on peut avoir un conseil indépendant pour 3 euros de l'hectare. Là, on veut nous imposer un conseil annuel à 1500 euros" rajoute le président de la FDSEA.
Dernier cheval de bataille, et non des moindres, la gestion de l'équilibre entre la volonté d'une agriculture plus saine, et l'intérêt financier des agriculteurs. "On veut une alimentation plus saine, plus durable, mais en nous imposant des charges supplémentaires. Or, si le prix du produit n’augmente pas, qui va les payer ? Nous, on n’est pas contre évoluer, mais on veut que la balance soit positive pour les agriculteurs."
En effet, les agriculteurs craignent notamment l'interdiction des pesticides, qui leur permettent aujourd'hui un meilleur rendement.
Dur d'oreille
Autant de préoccupations que les agriculteurs membres de la FDSEA ont à coeur de porter au coeur du pouvoir. Mais si leurs députés sont à l'écoute, c'est plus haut que cela coince.
"A l'hémicycle, ça ne passe pas. Pourquoi prendre le temps de travailler avec nos députés si le gouvernement est dans cette posture de : c'est comme ça et pas autrement ?"
L'essentiel, aujourd'hui, pour Bertrand Petit est très simple : forcer le gouvernement à tendre l'oreille.