Face au refus de l'académie d'ouvrir une classe de 6e supplémentaire, la CGT du collège Michel-Chasles d'Épernon, en Eure-et-Loir, a déposé un préavis de grève à partir de ce 31 août, à destination des personnels enseignants.
Les collégiens seront-ils privés de rentrée à Épernon ? Au collège Michel-Chasles, le syndicat CGT Éduc'action d'Eure-et-Loir a déposé un préavis de grève pour ce mercredi 31 août, à la veille de la rentrée des élèves, prévu pour durer jusqu'au 9 septembre.
Principal point de friction : le refus de la part de l'académie d'Orléans-Tours d'ouvrir une classe de 6e, en plus des cinq déjà en place dans le collège pour cette rentrée 2022. "Au niveau 6e, on a une moyenne de presque 29 enfants par classe, comme si c'était normal pour l'administration d'en avoir autant", fustige Thomas Soulac, professeur d'histoire-géographie à Michel-Chasles et trésorier départemental de la CGT Éduc'action 28.
"Pas de gaité de cœur"
Le syndicaliste invoque le fait qu'"on n'a pas ces effectifs aux autres niveaux, on a environ 25 ou 26 élèves par classe en 5e, 4e et 3e". D'où son incompréhension face au refus de l'inspection académique. "Ça fait des années qu'on doit batailler contre des fermetures et des effectifs lourds, c'est usant pour nous." Alors pour cette rentrée, certains enseignants ont décidé de déposer ce préavis de grève dès la rentrée :
C'est pas de gaité de cœur, mais on n'a plus d'autres solutions.
Thomas Soulac, professeur syndiqué CGT Éduc'action
Le syndicat revendique notamment le soutien des parents d'élèves de l'établissement, ce que corrobore le président de la FCPE de Michel-Chasles, Gilles Colin. "Dans nos environnements, on a énormément de constructions, et avec 29 élèves par classes, on ne pourra pas accueillir de nouveaux élèves en cours d'année", prévient-il.
Père de deux filles scolarisées au collèges d'Épernon, il déplore aussi les "conséquences sur la capacité à enseigner et à s'occuper des enfants en difficulté" lorsque les élèves sont nombreux dans une même classe. Pour lui, il s'agit d'une "rupture de l'égalité des chances".
Crise de recrutement
CGT et FCPE déplorent par ailleurs le silence de l'inspection académique, et ce depuis janvier. "Nous avons fait une motion en janvier, et on nous a dit d'attendre juin, raconte Thomas Soulac. On a alors fait un courrier commun en demandant une audience" à la directrice académique (Dasen). Resté lettre morte, affirment le professeur et le parent d'élève.
Ce que dément la Dasen : "Je leur avait répondu le 7 juillet, et le principal avait lu cette réponse lors d'une assemblée générale", se défend Evelyne Mège. La directrice académique argue notamment que "des effectifs de 28,8 élèves par classe, c'est classique dans un établissement qui a de bonnes conditions d'accueil comme le collège Michel-Chasles". Elle explique ainsi que les dotations de l'Éducation nationale répondent à des critères, notamment de position sociale ou de taille de l'établissement. En gros, les dotations se font équitablement en fonction des profils des collèges, et non à égalité parfaite. Evelyne Mège assure que la dotation au collège d'Épernon est conforme "au regard de ces critères et à la prévision des effectifs".
Côté professeurs, on ne désarme pas. "On espère toujours avoir gain de cause, même si on fait face à une crise du recrutement dans un contexte national qu'on dénonce depuis plusieurs années", lance Thomas Soulac. Il considère que "s'ils gardent des effectifs chargés, c'est que l'administration se rend compte qu'ils n'ont pas assez de profs".
Les enseignants prévoient de tracter devant le collège jeudi matin à 8h30, pour discuter avec les parents et mobiliser. Selon Thomas Soulac, "l'accueil des élèves se fera normalement pour ne pas perturber la rentrée". Il laisse aux professeurs le choix de "se saisir" ou non du préavis dans les heures suivantes. Et ne ferme pas la porte "à une mobilisation ultérieure".