En plus des mesures sanitaires renforcées, cette rentrée des classes est aussi marquée par l'hommage à Samuel Paty, l'enseignant assassiné par un terroriste islamiste le 16 octobre dernier. Quelques jours plus tôt, il montrait à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet.
C'est une rentrée scolaire particulière pour près de 12 millions d'élèves à travers la France. En effet, suite à l'assassinat de Samuel Paty, ce professeur qui avait montré des caricatures de Mahomet à sa classe, une minute de silence a été observée ce lundi 2 novembre à 11h. Avant cela, le corps enseignant a lu la "lettre aux instituteurs et institutrices" de Jean Jaurès, parue dans la Dépêche du Midi en 1888.
Paul Agard, le secrétaire du SNUipp-FSU d'Indre-et-Loire, souhaitait, comme beaucoup de ses collègues, rentrer un jour avant ses élèves afin de se préparer au sujet et aux questions des enfants à propos de l'attentat. Il demandait aussi à ce que "la lettre de Jean Jaurès fasse l'objet d'une analyse pédagogique pour la rendre accessible". Si certains élèves sont en âge de comprendre la mort du professeur d'histoire-géographie, les plus jeunes ont besoin de réponses pour saisir la gravité de l'événement.
"Pourquoi ils tuent des gens ?"
Anne Trémouilles est directrice de l'école Mirabeau, à Tours, et enseigne à une classe de CM2. Avant les vacances de la Toussaint, elle a organisé un exercice d'alerte attentat où ses élèves devaient se cacher et ne plus faire de bruit dans la salle de classe. Qui plus est, l'actualité soulève davantage de questionnements. L'institutrice répond aujourd'hui aux nombreuses questions de sa classe sur le terrorisme et l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine :"Est-ce qu'ils vont venir à l'école ?" ou encore "Pourquoi ils tuent des gens ?". Elle se veut être rassurante : le principal étant de ne pas céder à la peur selon elle. "Certains élèves sont au courant de l'évènement, d'autres non. Ca dépend si le sujet a été évoqué à la maison" constate-t-elle. L'enseignante évoque sans difficulté le sujet avec sa classe.Pour Christophe Pallier, président de la FCPE du Loiret (Fédération des Conseils de Parents d'Elèves) et père de deux enfants, la tâche se veut être plus compliquée : "On essaye de les faire parler, de voir comment ils ont vécu la situation, sans cacher les événements". Il admet que la laïcité est une notion complexe qui doit "rentrer davantage dans le cursus, ne plus être étudiée ponctuellement en Enseignement Moral et Civique (EMC)". Elle est aussi abordée dans les programmes d'histoire-géographie lors de l'étude des guerres de religion, ou encore la séparation de l'Eglise et de l'Etat.