En Touraine, le Président de l'Union commerciale de Bourgueil a décidé d'ouvrir ce mardi, jour de marché, un "lieu de convivialité" en plein centre-ville. Une façon pour lui de demander au couple Maire-Préfet la réouverture des établissements lorsque toutes les mesures sanitaires sont respectées.
Au village de Jean Carmet, on aime jouer sur les mots...Gérant de la Cave de la Dive Bouteille et Président de l'Union commerciale et artisanale de Bourgueil, Guillaume Lapaque a ouvert ce matin un espace où venir boire une bière ou un café, en feuilletant la presse locale ou en discutant avec ses voisins.
"Ce n'est pas un bar clandestin puisque c'est interdit, mais un lieu de convivialité."
Guillaume Lapaque se défend toutefois de vouloir donner dans la provocation. Il poursuit :
"L'absurde et le surréalisme, ce n'est pas moi qui les ai inventés. L'autorisation de sortie qu'on doit signer soit-même pour aller acheter le pain, ce n'est pas moi; les masques qui ne servent à rien, ce n'est pas moi; les 135 euros d'amende ou les règles qui changent tous les 15 jours non plus!" Le Président des commerçants bourgueillois est aussi le patron d'un bar à vin, mais ce n'est bien sûr pas ce local qu'il a ouvert.
Comme un service entre amis
"Il s'agit d'un local commercial en plein centre-ville, que j'ai récemment acheté. J'en ai parlé à mon avocat, et il est tout-à-fait possible de considérer que c'est mon domicile privé. J'ai donc le droit de recevoir et de servir mes amis, les amis de mes amis, ou les amis des amis de mes amis..."
Au total, une quarantaine de personnes a franchi ce mardi matin la porte du lieu de convivialité, pas plus de 10 à la fois.
C'est exactement ce que je souhaitais, apporter la preuve qu'on peut tout à fait envisager, dans les petites villes, un rééquilibrage entre le lien social dont on a besoin et les restrictions de liberté compréhensibles dans le cadre de la lutte contre la pandémie.
Masques (sauf pour boire...), distanciation, gel hydro-alcoolique, toutes les précautions ont été prises et le patron du lieu estime que les personnes "prennent beaucoup moins de risques ici que chez eux, en recevant famille ou amis."
Un coup d'épée dans l'eau?
"Des patrons de bras ou restaurants sont venus me voir en disant qu'eux ne pouvaient pas le faire, ils sont terrorisés par les menaces gouvernementales de suppression des aides." Aucune visite de la police ou de la gendarmerie ce matin, même si M. Lapaque en assumait parfaitement le risque. Il note, en revanche : "Dès qu'on remet du café, des tables et des chaises, tout de suite il y a des éclats de rire, des gens qui discutent entre eux, de la convivialité. Ça a été mon impression la plus forte, qu'est-ce que ça nous manque!"
D'accord sur le constat, mais ce lieu éphémère n'aura-t-il pas été un coup d'épée dans l'eau? Les patrons de bars et de restaurants n'ont toujours pas la moindre visibilité. Une éventuelle réouverture semble loin d'être à l'ordre du jour.