Chambray-les-Tours : gros malaise à la clinique psychiatrique Ronsard, le personnel fait la grève du zèle

Postes vacants et salaires dérisoires, les personnels de la clinique psychiatrique de Chambray-les-Tours sont à bout et ont entamé un mouvement de grève depuis le 7 mai dernier. Aucun terrain d'entente n' a été trouvé avec la direction de l'établissement, le mouvement risque de se prolonger.

En hospitalisation complète, la clinique Ronsard accueille une centaine de patients, normalement suivis par 11 infirmières et 6 aides-soignants. Selon Stéphanie, infirmière, les effectifs sont actuellement tombés à 9 et 4. "Nous avons des patients en risque suicidaire, sous surveillance rapprochée, qui nécessitent des entretiens plusieurs fois par jour. Il y a vraiment aujourd'hui des situations à risques, pour nous comme pour les patients."

Infirmière à l'hôpital de jour, Katya fait le même constat : "Depuis plusieurs années, des postes d'aides-soignants ont disparu, bien souvent une infirmière est seule avec 30 patients. En psychiatrie, on fait face à des crises d'angoisse, à des demandes incessantes et si on n'est pas là pour écouter, ça ne s'arrètera pas. L'échange humain est le premier soin en psychiatrie, les médicaments ne le remplacent pas."

Selon ces deux infirmières, des accidents ont déjà eu lieu, qu'elles ne peuvent dévoiler pour le moment.

C'est dangereux pour nous comme pour les patients. Je ne m'inquiète pas vraiment pour moi mais plus pour les patients, qui peuvent se faire du mal.

"Dans cette situation, des clashs surviennent, forcément, reprend Katya.

Sous-effectif chronique et salaires au plus bas

Dans cet établissement du groupe Ramsay, pas de syndicat pour jouer les trouble-fêtes. Mais les salariés, à bout, ont  tout de même décidé de lancer un mouvement de grève le 7 mai dernier. Une grève du zèle, en quelque sorte, prise sur le temps de pause. Pas de quoi mettre les patients en danger, et puis certains salariés ont peur de se confronter à la direction, peur pour leur poste.

"Nous n'avons pas de temps, on nous impose des glissements de tâches à répétition, les absents ne sont pas remplacés, explique Katya. "Nous ne pouvons pas faire nos ateliers, ni accueillir nos patients correctement, on a vraiment l'impression de faire du gardiennage et pas du thérapeutique. Et nos salaires sont parmi les plus bas dans la profession".

Selon Stéphanie, les négociations avec la direction n'ont absolument rien donné : "La réponse de la direction n'est absolument pas adaptée à nos demandes. Elle propose un "welcome bonus" de 500 € pour les gens qui viendraient travailler ici, mais rien pour nous. Pour les salaires, elle nous renvoie au deuxième volet du Ségur sauf que pour le privé, c'est en janvier et que ce n'est toujours pas le groupe Ramsay qui met la main à la poche !"

Une nouvelle réunion de négociation s'est tenue ce 20 mai. Mme Nadine Potier, directrice de l'établissement, reconnait que des postes ne sont pas pourvus, mais l'entretien est de courte durée : "On essaie de trouver des solutions concrètes dans un contexte national de pénurie de soignants, mais c'est très compliqué."

Afin d'être mieux protégés dans ce mouvement, plusieurs salariés ont décidé de s'affilier dès aujourd'hui à un syndicat. Les inquiétudes demeurent, sur le sens du métier, sur le devenir des patients. "Plusieurs patients n'ont pas souhaité poursuivre leur séjour, affirme Stéphanie. Ils sont sortis contre l'avis médical".

Et la situation sanitaire n'incite guère à l'optimisme : "En psychiatrie, on a une apparition très inquiétante de troubles chez les plus âgés et chez les plus jeunes, explique Katya. Les jeunes me semblent vraiment en danger, et si on n'est pas là pour les aider quand ils en ont besoin, je ne vois pas comment on va s'en sortir. le COVID, c'est une chose, mais ce qui viendra après risque d'être pire."

 

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