L'US Monnaie affronte ce samedi 30 novembre Lorient, équipe de Ligue 2, lors du 8e tour de Coupe de France. Les joueurs, le staff et les bénévoles veulent profiter de l'évènement et pourquoi pas "rêver".
L'US Monnaie est à l'aube de son plus grand défi : affronter les Merlus de Lorient, vainqueurs de la Coupe de France en 2002 et actuels 3e de Ligue 2, des professionnels. Face à eux donc des amateurs, chauffeurs, ingénieurs, commerciaux, ouvriers dans la vie qui seront sur le devant de la scène ce samedi 30 novembre à Amboise. Ce sera le cas pour Romain, le capitaine, et ses coéquipiers Christopher, Edouardo... Tous sont des joueurs amateurs de l'US Monnaie en Indre-et-Loire, une équipe passée en quelques années de l'échelon départemental (3e division départementale) au niveau régional (1ère division régionale). Ce samedi 30 novembre, il y aura encore 4 divisions d'écart entre l'US Monnaie et le FC Lorient, autant dire une montagne.
Malgré l'enjeu, malgré la pluie qui s'abat sur le stade Pierre de Courbetin ce soir-là, les bénévoles, les joueurs et les membres du staff ont tous le sourire et caressent intérieurement l'idée d'un exploit. La Coupe de France de football, l'occasion de sortir d'un championnat ordinaire. En battant le FC Fief-Gest (équipe de division départementale 2) au précédent tour, les Monédiens savaient à l'avance qu'ils joueraient les Merlus orangés. Ils n'ont pas failli en dominant le club du Maine-et-Loire, 3 buts à 1.
Pour l'entraîneur, Alexis Vioux, le beau parcours de l'US Monnaie n'est pas dû au hasard : Au-delà d'avoir des joueurs de foot, on a surtout des bonnes personnes :
Des mecs qui sont là et qui bossent, qui sont des amis et qui se respectent
Alexis Vioux, entraîneur de l'US Monnaie
Il y a encore deux ans, Alexis Vioux, entraînait des équipes de jeunes à Saint-Cyr sur Loire. Ce trentenaire à la barbe bien fournie, façon Benoît Paire, surenchérit : "Ils ont créé un collectif qui s'entend bien et c'est ce qui fait la force de cette équipe-là. Elle pourrait avoir besoin de cette solidarité pour embêter le FC Lorient".
Les journalistes qui ont défilé toute la semaine au nord de Tours ne l'ont pas effrayé, serein et particulièrement à l'aise dans l'exercice de l'interview : "On profite, on est sérieux, on est appliqué, on a envie de bien faire. Maintenant, on veut savourer et en profiter toute la semaine. On veut exister dans ce match-là".
On ne prépare pas un match pour perdre donc forcément on va jouer en y mettant toute notre force dans la bataille. Et pourquoi pas faire un exploit devant nos 3500 spectateurs.
Alexis Vioux, entaîneur de l'US Monnaie
Pour celui qui a vu sa carrière brisée à la suite d'une double rupture des croisés du genou droit, l'occasion est trop belle de marquer l'histoire du football local. Alexis Vioux dégage une détermination manifeste : "On va essayer de gérer au maximum la profondeur, l'aspect le plus important. Après on a déjà des idées sur comment jouer le jeu de transition mais il faudra un petit grain de folie pour pouvoir se créer des occasions et pourquoi pas marquer un but ou plusieurs" dit-il, sourire en coin.
Lors de la séance de jeudi soir, pas un bruit plus haut que l'autre sauf la voix de l'entraîneur. Au milieu, avec les chasubles bleues, Edouardo ratisse sa zone. Le numéro 6 qui travaille dans le bâtiment. Deux heures auparavant, il était sur les toits à Sorigny et assurait l'étanchéité d'un nouveau logement. "On travaille pour passer, on a hâte d'avoir cette adrénaline Et quand on lui demande, quelles sont les chances de l'US Monnaie face à cette équipe professionnelle vainqueur de la Coupe de France 2002. Il répond sans crainte du tac au tac :
Je pars confiant, c'est du 50-50 ! On veut rendre fière le club et les bénévoles qui effectuent un travail remarquable depuis le début de l'année. On vit quelque chose d'exceptionnel, c'est le match d'une vie.
Edouardo Lima, milieu de terrain de l'US Monnaie
Sur le banc, Romain Leblois, figure du club a joué à tous les niveaux avec l'US Monnaie : de la départementale 3 à la régionale 1. Il regarde la séance après avoir ressenti une gêne à la cuisse mais il refuse l'interview : "Je ne suis pas le seul, nous sommes une équipe. Vous pouvez aller voir d'autres joueurs de l'effectif", dit-il avec sourire et gentillesse. Reste quelques minutes : à la pointe de l'attaque, Christopher Lancien a toujours la tête haute, celle des joueurs qui savent lire le jeu avec un dixième d'avance sur les autres. Positionné en 9 et demi, il est souvent dos au jeu et cherche ses partenaires sur les ailes avant de se projeter dans la surface. Cet ingénieur qui travaille à Châtellerault dans la Vienne chez Safran, profite de l'épopée US Monnaie 2024 espérant que cela se poursuive en 2025 :
On aime jouer ensemble, on aime se retrouver. On peut gagner si le scénario tourne en notre faveur. L'important est de suivre le plan du coach, de rester solidaire et d'y mettre un peu de folie".
Christopher Lancien
La séance se termine dans quelques minutes. Les bénévoles qui étaient en réunion au club-house ne sont plus là. Ils s'étaient donné rendez-vous une nouvelle fois pour parler de l'organisation du match, une vingtaine autour d'une table avec derrière des coupes, des écharpes bleues et jaunes. Ils ont aussi leur propre défi : préparer et cuisiner des frites maisons pour le public, des centaines de kilos. Pour cela, ils se lèveront à 2 heures du matin pour éplucher les pommes de terre locales. C'est la première fois qu'ils atteignent le 8e tour de la Coupe de France, alors il n'est pas question de proposer du surgelé dans la barquette. Sur le terrain, dans les vestiaires ou au club-house, l'US Monnaie un club où l'esprit Coupe retentit en majuscule.
