La situation ne semble pas apaisée à Joué-lès-Tours. 3 voitures ont été brûlées le 20 octobre dans le quartier de la Rabière identifié comme un "quartier de Reconquête Républicaine". Si les habitants sont résignés, pour les policiers, c'est le signe qu'ils ont retrouvé une visibilité.
La préfète d'Indre-et-Loire, Corinne Orzechowski, l'avait annoncé en juillet : 15 policiers seront là en renfort en septembre, ils vont être spécifiquement affectés pour la sécurisation des quartiers de reconquête républicaine (QRR) du Sanitas à Tours, de la Rabaterie à Saint-Pierre-des-Corps et de la Rabière à Joué-les-Tours. Ces policiers volontaires seront organisés au sein d’une brigade spécialisée de terrain.
Ces renforts sont bien arrivés et sont opérationnels nous a confirmé la préfecture d'Indre-et-Loire au téléphone. Sauf que des 15 policiers prévus, c'est plutôt 12 policiers et 1 chef qui sont présents, ils sont divisés en deux brigades (de 6 policiers) spécialisées de terrain (BST), corrige Frédéric Legoff, secrétaire départementale UNSA Police. Malgré tout, le Syndicaliste ne peut pas nier qu'il y a "clairement un impact". "Il y a plus de visibilité des collègues dans ces quartiers en difficulté, ils font plus de constatations d'infractions et de délits nous explique-t-il. Pourtant des voitures ont brûlé en fin de semaine dernière dans le quartier de la Rabière à Joué-lès-Tours. Comment expliquer cette nouvelle nuit de violence ?
Il s'agit d'une réaction allergique des jeunes du quartier face à la présence des policiers. Comme pour nous rappeler qu'ils sont encore là", avance Monsieur Legoff.
Malgré les renforts, les conditions de travail restent difficiles pour les policiers
Les policiers déployés sur la commune de Joué-lès-Tours nous avaient confié leur désarroi au printemps 2019, se disant "au bout du rouleau". Si le renfort des 12 policiers est apprécié depuis septembre, pour autant, la situation reste tendue pour les policiers tourangeaux selon Frédéric Legoff. "Le renfort qu'on a reçu en septembre, bien que ce soit une bonne chose, il y a une face cachée. Déjà, on n'a pas eu la totalité de l'effectif souhaité. Et pour faire tenir cette BST, on a pioché dans les effectifs de la police secours. Avec les départs en retraite, mes collègues qui sont répartis en trois divisions, ils sont passés, de 15 collègues dans une division à 12 collègues (3x15 ils sont passés à 3x12). Donc cela rend les choses difficiles pour eux.
Ils ont l'impression d'être abandonnés, même si la présence de la BST fait du bien."Ils ont un week-end sur 6 de libre !
Une politique pénale plus ferme
En avril 2019, après plusieurs nuits de violences (voitures brûlées, caillassage des forces de l'ordre, tram saccagé), Frédéric Augis, maire LR de Joué les Tours, appelait à plus de fermeté de la part de la justice. Il semblerait qu'il a été entendu. Depuis l'arrivée du nouveau procureur de la République, la politique pénale qu'il a mise en place c'est-à-dire une "tolérance 0" est vraiment appréciée par les policiers de Tours. "M. Dulin, le nouveau procureur de Tours est arrivé au mois d'avril et je peux vous assurer qu'on a constaté beaucoup plus de fermeté du côté de la justice. Nous on quantifie en terme de nombre de défèrements. C'est-à-dire à l'issu d'une garde à vue, les personnes sont présentées ou pas devant un juge, explique Frédric Legoff.
Par rapport à l'année dernière, le nombre de défèrements devant un magistrat a triplé voir quadruplé, à titre d'exemple.
Cela ne veut pas dire qu'avant c'était du laxisme mais les procédures judiciaires et les décisions judiciaires vont plus vites. Unanimement, à la police nationale de Tours, on est très content de cette façon de faire."
Les habitants à Joué-lès-Tours résignés
Du côté des habitants, dans le quartier de la Rabière, après la nuit de violence de la semaine dernières et les voitures brûlées, les riverains sont plutôt résignés. Ils témoignent à visage caché par peur des représailles (VOIR vidéo ci-dessous).
Sollicitée sur les incidents, la mairie de Joué-les-Tours nous a répondu : "nous ne faisons pour le moment pas de commentaires".